Dans un ouvrage collectif (1) paru en 2007, des chercheurs observaient que l’industrie pharmaceutique, en matière de RSE, "fait face à une surabondance d’exigences économiques et sociales dans tous les aspects de sa gestion". Êtes-vous en phase avec ce postulat ?
C’est en effet une réalité à laquelle nous sommes confrontés : ces exigences sont à la mesure des défis qui sont les nôtres. Les entreprises pharmaceutiques sont guidées par une responsabilité majeure : celle de guérir, de prendre en charge les maux et les souffrances et d’améliorer, plus largement, la qualité de vie des patients. Notre métier est souvent synonyme d’espoir pour eux, il est donc naturel que les attentes soient immenses à notre égard. Mais c’est également un métier qui doit être préservé du mercantilisme. Car si la santé a un coût, en revanche, elle n’a pas de prix.
Dans une interview accordée au magazine Pharmaceutiques, le directeur général de l’ANSM (2), Dominique Martin, évoquait des "obligations de service public" de la part des entreprises du médicament. Comment appréciez-vous cette "assimilation" ?
La santé n’est pas un métier comme un autre. Je suis donc tout à fait d’accord avec l’idée selon laquelle les laboratoires sont investis d’une véritable mission d’intérêt général. J’irai même plus loin : à mon sens, l’industrie pharmaceutique est en France liée à ses parties prenantes – autorités de santé, patients, professionnels de santé, etc. – par un contrat social. Elle fait partie intégrante du parcours de soins du patient et participe, de ce fait, à l’équilibre et à la bonne gouvernance du système de santé français. Cela se traduit concrètement pour les entreprises pharmaceutiques, par la maîtrise du coût du médicament et la recherche de prix « justes », mais aussi par leur contribution à la pharmacovigilance ou leur implication auprès du tissu associatif par exemple. En réalité, nous cherchons à travailler de concert avec les pouvoirs publics et tous les acteurs de la chaîne de santé à l’amélioration continue du système de soins.
Et ces engagements associatifs, quels sont-ils ?
Daiichi Sankyo France soutient par exemple la Fondation pour la recherche sur l’AVC, sous l’égide de la Fondation pour la Recherche Médicale, ainsi que le Comité Français de Lutte contre l’Hypertension Artérielle dans son action de prévention et de sensibilisation du public. Nous apportons également une aide en médicaments et en matériel médical à l’association TULIPE, qui intervient sur de grandes crises sanitaires, des catastrophes naturelles ou sur le théâtre de certains conflits. Notre siège européen soutient pour sa part Baan Gerda, le projet de village d’enfants pour les orphelins atteints du sida en Thaïlande, ainsi que l’association « Little Hearts », qui vient en aide aux orphelins des pays de l’Est.
De manière générale, Daiichi Sankyo est très engagé auprès de la sphère associative et des professionnels de santé, et nous nous imposons une grande proximité avec les associations de patients et les sociétés savantes (Société Française de cardiologie et Société de néphrologie en particulier).
De manière générale, Daiichi Sankyo est très engagé auprès de la sphère associative et des professionnels de santé, et nous nous imposons une grande proximité avec les associations de patients et les sociétés savantes (Société Française de cardiologie et Société de néphrologie en particulier).
La RSE est-elle une évidence ou une contrainte pour les laboratoires pharmaceutiques ?
C’est à la fois une évidence et une opportunité. En effet, en se contraignant à formaliser leur politique de RSE, les laboratoires disposent d’un outil d’information du public quant à la réalité de leur engagement sociétal. Longtemps, on a reproché à l’industrie pharmaceutique une certaine opacité, qui s’explique en fait par un encadrement assez strict de leur communication et en tout état de cause, il faut l’admettre, par une faible propension à communiquer.
Ce nouvel effort de communication des laboratoires n’est-il pas, parfois, instrumentalisé à des fins de social washing ?
Il appartient à chaque entreprise, dans un contexte de défiance, de démontrer la matérialité et la réalité de son engagement sociétal. Le secteur pharmaceutique répond déjà à des normes éthiques très élevées mais Daiichi Sankyo France, par exemple, adhère à Transparency International pour démontrer son volontarisme en matière de compliance, de transparence et d’intégrité.
Êtes-vous partisan d’un meilleur encadrement des pratiques RSE des laboratoires, à l’instar de ce qui se développe dans le domaine de la finance par exemple ?
Le secteur est déjà très encadré, et je serais plutôt partisan de réformes qui libèrent l’esprit d’entreprise pharmaceutique. Notre première responsabilité sociale, c’est de guérir grâce à nos innovations et notre recherche. Pour cela, Daiichi Sankyo consacre près de 20% de son CA à la R&D chaque année pour imaginer et développer de nouvelles thérapeutiques. Cela suppose que nous soyons présents très en amont de la chaîne de valeur, en soutenant la recherche fondamentale dans le domaine cardiovasculaire et oncologique. Le développement d’un médicament est très long et très coûteux, il est essentiel que l’on libère l’initiative en matière de R&D en France. Sur ce sujet, le travail conjoint et en toute transparence avec les autorités est fondamental.