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Daiichi Sankyo, une posture ambitieuse de RSE pharmaceutique

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21/04/2015





La première responsabilité sociale d’un laboratoire n’est-elle pas la sécurité du médicament ?

Si, bien sûr, mais je profite de votre question pour souligner un antagonisme fort entre les attentes sociétales et les exigences réglementaires. D’un côté, on attend des laboratoires qu’ils découvrent et mettent sur le marché des traitements innovants. De l’autre, on leur impose – ce qui est parfaitement légitime – une forte maîtrise du risque. Nous sommes soumis à des exigences de performance thérapeutique maximale à risque zéro. A nous, malgré cela, de trouver le point d’équilibre entre le service médical rendu pour le plus grand nombre, tout en sensibilisant professionnels de santé et patients sur les effets indésirables qui peuvent survenir généralement chez un faible nombre de patients. 

Vous présidez la filiale d’un grand groupe japonais. Or l’éthique japonaise est réputée pour intégrer une "totalité culturelle", étant ainsi indissociable du mode de vie nippon. Pour vous qui travaillez avec le siège nippon, comment la RSE se décline-t-elle au Japon ?

L’héritage culturel multiséculaire constitue le fondement de l’éthique japonaise, dans une société par essence très unitaire. C’est là un aspect fondamental de la culture japonaise : au Japon, l’opinion publique est la norme. Ne pas tenir compte des exigences sociétales est donc purement inconcevable pour une entreprise japonaise. C’est peut-être ce qui explique, par ailleurs, que des formes précoces de responsabilité sociale apparurent spontanément au sein des entreprises japonaises, à l’ère Meiji, vers la fin du XIXème siècle. La RSE est, au Japon, une évidence. Elle n’a donc pas forcément fait l’objet d’efforts de formalisation aussi poussés qu’en Europe. Mais cela n’empêche pas les entreprises japonaises d’observer le respect de standards internationaux, tels que la norme ISO 26000.

A l’inverse, la France reste fidèle à son image de village gaulois. Comment la tradition éthique japonaise se dilue-t-elle dans le quotidien d’une filiale française ?

Il me semble que les exigences morales japonaises se conjuguent assez bien au pays des Lumières. Je pense notamment que nous avons en commun l’attention portée au management de la qualité, mais aussi le sens du dialogue avec les parties prenantes. A cette différence près qu’en France, le dialogue est toujours un peu plus animé qu’au Japon ! Il est vrai, par ailleurs, que travailler au sein d’un groupe japonais suppose un grand sens de l’intégrité, des responsabilités, du respect et de l’engagement. En contrepartie, on bénéficie d’une autonomie vraiment appréciable. 

Si vous deviez "génériquer" la RSE pharmaceutique en quelques axes ?

A mon sens, il existe plusieurs priorités stratégiques en matière de RSE pharmaceutique auxquelles nous devrons apporter des réponses coordonnées au sein de la filière du médicament. Celles qui me viennent spontanément à l’esprit sont les suivantes :
  • poursuivre nos efforts d’information et de pédagogie auprès des patients et des aidants pour améliorer l’observance (3), et donc l’impact thérapeutique des traitements ;
  • accompagner une dynamique de démocratisation de l’accès aux médicaments ;
  • sécuriser les approvisionnements et lutter efficacement contre le risque de rupture de stocks ;
  • enfin, nous devrons mieux comprendre les enjeux socio-économiques des pathologies et proposer des voies d’accompagnement des aidants familiaux.  
Pour terminer - nécessité faisant loi !- je pense que nous prendrons une part de plus en plus active à la lutte anti-contrefaçon dans les années à venir, car la contrefaçon fait encourir un risque majeur pour la santé publique.

(1) Lévy J.-J., Garnier C., La chaîne des médicaments : perspectives pluridisciplinaires, Presses de l’Université du Québec, 2007
(2) Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé
(3) L’observance est le respect par le patient des prescriptions adressées par le médecin 


 

(Source : Daiichi Sankyo Europe)
(Source : Daiichi Sankyo Europe)
Franck Telmon est depuis le 6 septembre 2010 le President de Daiichi Sankyo France, Il succède à ce poste à Christian Deleuze, qui a rejoint la présidence de Genzyme France.

Franck Telmon, est docteur en pharmacie et titulaire d'un master en marketing. Il a exercé au sein des laboratoires Rhône-Poulenc Specia, puis Servier et Takeda France avant de rejoindre Eli Lilly France en 1997. Après avoir assumé successivement les fonctions de directeur régional puis de directeur national des ventes, il poursuit son parcours en devenant manager de la business unit ostéoporose, et enfin, en 2007, directeur de la business unit diabète et ostéoporose.

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