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La démocratie à l’heure de « l’Europe-aquarium » et du « citoyen-poisson rouge »

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07/04/2014





Le politique et le citoyen peuvent-ils encore imaginer et inventer la société et la vie autrement, c’est-à-dire en dehors du périmètre de l’aquarium défini par les experts et l’économie néoclassique ? Peut-on encore parler de gouvernance démocratique au sein de l’UE si les populations européennes n’élisent finalement que des exécutants des décisions d’une commission non élue ? La démocratie européenne peut-elle encore prétendre à l’ambition de faire des citoyens européens les inventeurs de leur histoire via des États dirigés par des hommes et des femmes porteurs de projets de vie singuliers et innovants ? Que devient le principe un homme une voix si la voix des experts pèse plus que celle des populations censées être souveraines ?
 
Le fait que l’Europe ne se pose pas ce type de questions entraîne, ainsi que le démontre la récente municipale française, au moins trois comportements : l’abstentionnisme induit par l’« à quoi cela sert-il de voter puisque nous somme dans une Europe-aquarium » ;  le « un coup à droite, un coup à gauche » via lequel le citoyen devient le meilleur garant de la médiocrité des politiques dans la mesure où ceux-ci savent que la majorité finira par revenir vers eux de façon mécanique qu’ils aient innové ou non ; la tentative de sortir de « l’Europe-Aquarium » en votant pour les extrêmes. C’est en laissant le discours sur la possibilité de sortie de « l’Europe-aquarium » aux seuls partis extrémistes que l’Europe peut basculer dans l’horreur lors des prochaines européennes car elle aura pendant longtemps refusé de retrouver le sens de la démocratie et de la vie en société en sortant de son enclosure mythologique.
 
Si le mythe capitalisme/démocratie désormais en crise en Occident ne peut se penser au-delà de lui-même pour que l’Europe retrouve son sens, alors seuls les extrêmes qui sapent les bordures idéologiques de « l’Europe-Aquarium » représenteraient l’espoir capable de faire du citoyen européen plus qu’un poisson rouge. L’heure est au réveil critique et à l’innovation politique, car il est toujours déjà trop tard une fois que l’irrationnel est devenu rationnel, une fois que le mythe a pris la place du sens.

A propos de l'auteur

Thierry Amougou est maître de conférence à l'Université catholique de Louvain. Docteur en sciences politiques et sociales et spécialiste de l'économie du développement, il dispense de nombreux cours à la croisée de ces deux thématiques.

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