Les sociétés traditionnelles et la solidarité mécanique
Dans les sociétés traditionnelles, la solidarité est fondée sur des comportements collectifs organisés et des activités de productions localisées faiblement différenciées. Ce mode d’organisation permet aux individus de partager une histoire et des valeurs communes au sein du même territoire (village).
La solidarité provient ici du sentiment d'identification et d’appartenance à un territoire et à une même communauté de pratiques (proximité culturelle et physique, poids des traditions). La solidarité avec l'autre se fait ici naturellement (conscience collective), de façon « mécanique » pour reprendre les termes de l’auteur de la Division sociale du travail ; car à bien des égards, l’Autre nous ressemble (similitudes, peu de spécialisation, faible différenciation) et partage le même cadre de vie au sein d’une communauté établie, ancrée dans un territoire déterminé (unité de situations et d'actions).
Dès lors, dans une société individualiste soumise à un environnement désormais ouvert, comment maintenir la cohésion entre les individus et éviter la prédominance de l’identité du moi sur l’identité du nous (Elias, 1991) ? La question de la cohésion sociale dans un monde où progresse l’individualisme, hante l'esprit du fondateur de la sociologie moderne. En effet, comment des d’individus différents peuvent-ils finalement constituer une société, alors qu'ils sont divisés par la concurrence et l'intérêt personnel ?
La solidarité provient ici du sentiment d'identification et d’appartenance à un territoire et à une même communauté de pratiques (proximité culturelle et physique, poids des traditions). La solidarité avec l'autre se fait ici naturellement (conscience collective), de façon « mécanique » pour reprendre les termes de l’auteur de la Division sociale du travail ; car à bien des égards, l’Autre nous ressemble (similitudes, peu de spécialisation, faible différenciation) et partage le même cadre de vie au sein d’une communauté établie, ancrée dans un territoire déterminé (unité de situations et d'actions).
Dès lors, dans une société individualiste soumise à un environnement désormais ouvert, comment maintenir la cohésion entre les individus et éviter la prédominance de l’identité du moi sur l’identité du nous (Elias, 1991) ? La question de la cohésion sociale dans un monde où progresse l’individualisme, hante l'esprit du fondateur de la sociologie moderne. En effet, comment des d’individus différents peuvent-ils finalement constituer une société, alors qu'ils sont divisés par la concurrence et l'intérêt personnel ?
Vers une solidarité organique ?
Si les sociétés modernes tendent à faire disparaître la solidarité mécanique, E. Durkheim esquisse une autre voie possible, la « solidarité organique ». Dans ce type de solidarité, la cohésion sociale est fondée sur la différenciation et l'interdépendance des individus, obligés d’agir de concert face à la complexité de l'environnement. La société moderne impose en effet un nouveau mode de fonctionnement, en raison de la diversité et de l'hétérogénéité des situations et des populations (différenciation des tâches et des individus). Cette nouvelle division du travail, pour cause d’industrialisation et d’urbanisation (nouveaux métiers, diversité des tâches, éloignement géographique...), est donc en réalité source de solidarité sociale, dans la mesure où chacun est amené à faire appel à l'autre pour continuer à progresser. Les individus sont reliés les uns aux autres, car ils exercent des fonctions complémentaires à l’intérieur de la société Il s'agit donc ici de miser sur un individualisme éclairé, où tout être en conscience et en lucidité, doté d'une raison individuelle, s'attache aux autres pour donner du sens et de la clarté à un monde désormais instable.
A l'ère de la digitalisation et de la robotisation de l'économie, les notions de « solidarité organique » et de division sociale du travail (organisation en réseau, stratégies collaboratives, innovation conjointe) donnent à cette notion, une résonance toute particulière.
Règlements et régulations
Une telle perspective ne va naturellement pas de soi. E. Durkheim admet l'existence de formes de divisions du travail pathologiques et anormales (antagonisme entre le capital et le travail, individualisme concurrentiel, égoïsme utilitaire, opportunisme, rivalités concurrentielles, désordre économique...).
Il montre également qu'il pourrait arriver un moment, où les différences soient trop importantes pour que la société continue de fonctionner (conflits de valeurs, conflits d'intérêts, conflits d'objectifs...). Avec le dérèglement des marchés et l’affaiblissement des normes, les désirs individuels ne sont plus toujours canalisés. Dès lors, des conflits entre individus d’un même groupe peuvent éclater et nuire à l'harmonie recherchée.
Emile Durkheim suggère par conséquent un renforcement des institutions publiques et collectives (école, armée, famille, organisation ...). Il insiste sur la règle, le droit et la morale, qui doivent s’imposer aux personnes pour les rendre conformes à des buts qui désormais les dépassent. Cette réalité nécessite par conséquent un ensemble de dispositifs susceptibles d'assurer règlement et régulation. Dans la situation envisagée, les individus doivent à nouveau pouvoir être reliés dans un "tout" cohérent, structuré et organisé au service du collectif.
Il montre également qu'il pourrait arriver un moment, où les différences soient trop importantes pour que la société continue de fonctionner (conflits de valeurs, conflits d'intérêts, conflits d'objectifs...). Avec le dérèglement des marchés et l’affaiblissement des normes, les désirs individuels ne sont plus toujours canalisés. Dès lors, des conflits entre individus d’un même groupe peuvent éclater et nuire à l'harmonie recherchée.
Emile Durkheim suggère par conséquent un renforcement des institutions publiques et collectives (école, armée, famille, organisation ...). Il insiste sur la règle, le droit et la morale, qui doivent s’imposer aux personnes pour les rendre conformes à des buts qui désormais les dépassent. Cette réalité nécessite par conséquent un ensemble de dispositifs susceptibles d'assurer règlement et régulation. Dans la situation envisagée, les individus doivent à nouveau pouvoir être reliés dans un "tout" cohérent, structuré et organisé au service du collectif.
Conclusion
Les travaux de E. Durkheim apportent un éclairage intéressant sur les conséquences de l'individualisation et de l'extrême spécialisation sur le comportement des individus. A une fragmentation de la société, E. Durkheim propose la recherche de liens nouveaux, une « solidarité organique », capable de répondre à la complexité de l'environnement. Une telle vision assurément interpelle. Mais elle peut aussi nous permettre de voir différemment la façon dont les individus pourront demain agir et réagir face au développement de la digitalisation et de la robotisation, en privilégiant le lien social et l'innovation conjointe sur l’égoïsme utilitaire.
Pour aller plus loin
Durkheim E., De la division du travail social, PUF, 1893.
Durkheim E., Les Règles de la méthode sociologique, Librairie Felix Algan, 1895.
Elias N., « La transformation de l’équilibre ‘‘nous-je’’ » dans La société des individus, Librairie Arthème-Fayard, 1991.
Meier O., "Synergies et complémentarité à l’ère des réseaux sociaux", Séminaire ARGOS, 2018.
Meier O., "L'apport des sciences sociales dans le champ de la gestion", Cahier DRM, 2016. Meier O., "L’articulation Droit -Gestion - Sociologie", Séminaire FMSH, 2015.
Durkheim E., Les Règles de la méthode sociologique, Librairie Felix Algan, 1895.
Elias N., « La transformation de l’équilibre ‘‘nous-je’’ » dans La société des individus, Librairie Arthème-Fayard, 1991.
Meier O., "Synergies et complémentarité à l’ère des réseaux sociaux", Séminaire ARGOS, 2018.
Meier O., "L'apport des sciences sociales dans le champ de la gestion", Cahier DRM, 2016. Meier O., "L’articulation Droit -Gestion - Sociologie", Séminaire FMSH, 2015.