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Carrefour : de l’exploitation de travailleurs en Arabie Saoudite ?

Paolo Garoscio
22/10/2024



Le 21 octobre 2024, un rapport publié par Amnesty International a révélé des abus graves dans les magasins Carrefour en Arabie Saoudite, gérés par le franchisé Majid Al Futtaim. Cette enquête, portant sur les conditions de travail des migrants employés sur plusieurs sites du royaume, met en lumière un problème crucial pour la réputation de Carrefour : le non-respect de ses obligations en matière de responsabilité sociétale des entreprises (RSE).



Ce qui est reproché à Carrefour et sa filiale

Selon le rapport d'Amnesty, les travailleurs migrants, venus d'Inde, du Pakistan et du Népal, ont été soumis à des conditions de travail qui s'apparentent à du travail forcé. Ces migrants, avant même leur arrivée en Arabie Saoudite, devaient payer des frais de recrutement élevés à des intermédiaires dans leur pays d'origine, un montant avoisinant les 1 200 dollars.

Les conditions de travail décrites sont alarmantes : des journées de plus de 16 heures, un seul jour de repos hebdomadaire souvent annulé sans préavis, et des menaces de licenciement en cas de refus de faire des heures supplémentaires. En parallèle, ces travailleurs vivaient dans des logements insalubres, fournis par les sous-traitants responsables de leur embauche. Leurs passeports étaient souvent confisqués, les empêchant de quitter le pays ou de changer d'emploi, conformément au système de kafala en vigueur dans de nombreux pays du Golfe. Ces éléments, selon Amnesty International, constituent des formes de travail forcé, une violation majeure des droits humains.

Une atteinte aux engagements RSE de Carrefour

Carrefour, entreprise française de renommée internationale, affiche des engagements clairs en matière de responsabilité sociétale des entreprises (RSE). L’enseigne s’engage à respecter des standards éthiques dans l’ensemble de ses opérations, y compris celles de ses filiales et franchisés. Parmi ces engagements, figurent la protection des droits des travailleurs, la lutte contre le travail forcé et la promotion de conditions de travail dignes et sécurisées. De plus, en tant qu’entreprise mondiale, Carrefour est tenue, selon les principes directeurs des Nations Unies relatifs aux droits de l'homme et aux entreprises, de veiller à ce que ses franchisés, comme Majid Al Futtaim, respectent ces normes.

Carrefour a pris certaines mesures. Le groupe a annoncé une enquête interne et a ordonné un audit externe pour évaluer les pratiques de son franchisé Majid Al Futtaim. De plus, l'entreprise a promis de prendre des actions correctives, comme le contrôle des conditions de logement des travailleurs migrants et la révision des politiques concernant les heures supplémentaires et les frais de recrutement. Cependant, Amnesty International, ainsi que d’autres ONG, réclament davantage. Elles demandent une compensation financière immédiate pour les victimes, le remboursement des frais de recrutement et la régularisation des heures supplémentaires impayées.

Carrefour doit maintenant démontrer son sérieux dans la mise en œuvre de ses engagements RSE. L'entreprise doit renforcer son devoir de vigilance, notamment dans les pays à haut risque comme l'Arabie Saoudite, où les lois locales ne protègent pas suffisamment les travailleurs migrants.






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