L’affaire Carlos Ghosn est tellement hors normes, que ses conséquences continuent à surprendre. Chose peu commune dans le monde policé des affaires, Thierry Bolloré s’est rué dans les médias pour dénoncer sa destitution à la direction du conseil d’administration de Renault. Apprenant la nouvelle il avait alors donné un entretien au journal Les Echos pour dénoncer un « coup de force inquiétant ».
La décision est pourtant assez logique de la part du nouveau PDG du constructeur Jean-Dominique Sénard. Arrivé pour succéder à l’inénarrable Carlos Ghosn, le nouveau patron a pour mission de préserver les réussites et la bonne dynamique du groupe tout en faisant oublier les frasques. Une rupture qui mettait dans les faits Thierry Bolloré, fidèle collaborateur de Carlos Ghosn, dans une situation complexe. « Rien n’est décidément banal dans cette affaire, même si « ce qui arrive aujourd’hui est sur le fond assez classique. C’est l’histoire de la mise à bas de l’entourage d’un empereur destitué, estime Lorraine Kron du Luart, du cabinet de recrutement Eric Salmon. Si quelqu’un a cassé les codes par son comportement, c’est Carlos Ghosn et non pas celui qui fut un moment son dauphin » », rapporte L’Opinion , dans un article qui rappelle quelques cas célèbres de divorces médiatiques au sein de grands groupes.
En s’écartant du cas particulier de Thierry Bolloré dont on ignore les détails, la décision de Jean-Dominique Sénard est cohérente. Dans la mesure où les dégâts réputationnels pour Renault sont importants, les actionnaires et observateurs avertis de l’entreprise ne pouvaient se satisfaire de quelques inclinaisons légères dans le management et la stratégie du groupe. En montrant la porte à Thierry Bolloré, le nouveau patron montre au contraire qu’il est capable d’avoir de la poigne lorsqu’il s’agit de faire appliquer la nouvelle méthode. De ce point de vue, le constructeur automobile en sort grandi. Près d’un an après le début de la crise Ghosn, la page est véritablement tournée.