Depuis son élection, Emmanuel Macron a fixé un objectif à la France: devenir une startup nation leader de « l’hyperinnovation. » Cet horizon 2.0, notre pays pourra l’atteindre en mobilisant les énergies croisées de ses chercheurs et de ses entrepreneurs, en développant l’écosystème de la création, en investissant massivement dans l’innovation avec le soutien d’un Etat adapté au XXIème siècle, c’est-à-dire « numérique, innovant et inclusif » selon les termes du chef de l’Etat.
Cette « nouvelle frontière » à conquérir, celle l’e-économie, suscite un enthousiasme légitime et bouillonnant. Elle est aussi éminemment et -par nature- mouvante et donc frustrante ; le volcan de l’innovation est en activité permanente et ses coulées modifient chaque jour la géographie de nos certitudes. L’avenir d’une startup nation dépend donc de sa capacité à anticiper car la guerre économique contemporaine est plus que jamais une guerre de mouvement. Il dépend aussi de son aptitude à bousculer les certitudes, à identifier –pour mieux l’accompagner- l’innovation là où on ne l’attend pas forcément. Il est essentiel, pour réussir le pari consistant à devenir LA startup nation, de prendre conscience que l’esprit startup n’est pas le monopole des géants du numériques ou des inventeurs, aussi géniaux soient-ils, qui développent l’application révolutionnaire de demain ou l’objet connecté qui modifiera en profondeur notre vie quotidienne.
La « vieille » économie connaît aussi sa révolution technologique et numérique. Le secteur de l’artisanat est à ce titre emblématique des croisements fertiles entre tradition et innovation. Et plus spécialement, au sein de ce secteur, s’il est un domaine où la technologie et les gestes séculaires, non seulement cohabitent, mais produisent véritablement des miracles de créativité, c’est bien celui des métiers d’art.
Les artisans d’art exécutent une succession de gestes en vue de façonner la matière (le bois, le verre, la pierre etc) et produire des articles à haute valeur ajoutée. Aujourd’hui, ils développent de nouvelles techniques de conception, revisitent les outils et les articles d’hier, utilisent des matières nouvelles parfois « intelligentes. » Il suffit de se rendre en Lorraine, à Limoges, à Millau, au Puy-en-Velay et dans bien d’autres berceaux historiques de nos savoir-faire pour être émerveillés par la capacité des verriers, des porcelainiers, des gantiers ou des dentelliers à renouveler leurs savoir-faire.
Ce renouvellement passe par l’utilisation d’applications qui dégagent pour l’artisan un champ des possibles considérable en termes de créativité. Qu’il s’agisse d’impression 3D, de rétroconception, de modelage numérique, tous les domaines des métiers d’art fourmillent d’innovations.
Dans le domaine du verre, il est désormais possible, à partir de micro billes de verre fondues par laser à 1400°C d’imprimer des objets aux formes complexes. Dans le domaine du métal, et en particulier de l’orfèvrerie, les prototypes façonnés à la main à partir de plastiline (pâte à modeler) sont numérisés et transmis à une machine de stéréolithographie en vue de leur impression, avant que le savoir-faire traditionnel du fondeur prenne le relais. Dans le domaine de la mode, la découpe laser, l’impression numérique sur textile, la broderie lumineuse sont en plein essor. Le travail de la pierre n’est pas en reste, ni celui de la céramique, ni celui du cuir. Tous les savoir-faire sont concernés et les artisans ont bien compris l’intérêt des nouvelles technologies : gain de temps dans la réalisation des prototypes, possibilité de travailler avec des designers du monde entier, développement facilité des interactions entre les matières.
L’utilisation des nouvelles technologies pour concevoir l’article permet en effet d’utiliser plus facilement de nouveaux matériaux. En combinant la fibre textile aux technologies nanotechnologies ou biotechnologies, les textiles intelligents réussissent aujourd’hui à stocker et transmettre des informations, c’est-à-dire à interagir avec le corps humain pour enregistrer les performances, le rythme cardiaque ou l’énergie consommée. La mode crée ainsi des liens avec la médecine, comme elle en crée d’ailleurs aussi avec l’architecture. Les travaux d’une étudiante de l’école d’arts appliqués Duperré, Audrey Spreyer, qui a imaginé en 2016, sur la base de ses travaux relatifs au textile, une architecture vivante au moyen de champignons capables d’éliminer les toxines, méritent d’être salués.
Si les métiers d’art sont des métiers d’avenir pour les jeunes et les adultes en reconversion–et ils sont nombreux- qui se lancent dans une seconde vie professionnelle en tant qu’artisans, ils sont aussi des métiers de l’avenir. Les savoir-faire et les connaissances de ces métiers manuels, intimement reliés à notre patrimoine et qui portent une partie de notre identité, sont sources de croissance pour l’économie dans son ensemble. Il est donc essentiel qu’ils soient considérés à leur juste place aux côtés des autres pépites de la French Tech.
Franck STAUB, secrétaire général de la confédération française des métiers d’art (CFMA) et administrateur de l’institut national des métiers d’art (INMA)
Cette « nouvelle frontière » à conquérir, celle l’e-économie, suscite un enthousiasme légitime et bouillonnant. Elle est aussi éminemment et -par nature- mouvante et donc frustrante ; le volcan de l’innovation est en activité permanente et ses coulées modifient chaque jour la géographie de nos certitudes. L’avenir d’une startup nation dépend donc de sa capacité à anticiper car la guerre économique contemporaine est plus que jamais une guerre de mouvement. Il dépend aussi de son aptitude à bousculer les certitudes, à identifier –pour mieux l’accompagner- l’innovation là où on ne l’attend pas forcément. Il est essentiel, pour réussir le pari consistant à devenir LA startup nation, de prendre conscience que l’esprit startup n’est pas le monopole des géants du numériques ou des inventeurs, aussi géniaux soient-ils, qui développent l’application révolutionnaire de demain ou l’objet connecté qui modifiera en profondeur notre vie quotidienne.
La « vieille » économie connaît aussi sa révolution technologique et numérique. Le secteur de l’artisanat est à ce titre emblématique des croisements fertiles entre tradition et innovation. Et plus spécialement, au sein de ce secteur, s’il est un domaine où la technologie et les gestes séculaires, non seulement cohabitent, mais produisent véritablement des miracles de créativité, c’est bien celui des métiers d’art.
Les artisans d’art exécutent une succession de gestes en vue de façonner la matière (le bois, le verre, la pierre etc) et produire des articles à haute valeur ajoutée. Aujourd’hui, ils développent de nouvelles techniques de conception, revisitent les outils et les articles d’hier, utilisent des matières nouvelles parfois « intelligentes. » Il suffit de se rendre en Lorraine, à Limoges, à Millau, au Puy-en-Velay et dans bien d’autres berceaux historiques de nos savoir-faire pour être émerveillés par la capacité des verriers, des porcelainiers, des gantiers ou des dentelliers à renouveler leurs savoir-faire.
Ce renouvellement passe par l’utilisation d’applications qui dégagent pour l’artisan un champ des possibles considérable en termes de créativité. Qu’il s’agisse d’impression 3D, de rétroconception, de modelage numérique, tous les domaines des métiers d’art fourmillent d’innovations.
Dans le domaine du verre, il est désormais possible, à partir de micro billes de verre fondues par laser à 1400°C d’imprimer des objets aux formes complexes. Dans le domaine du métal, et en particulier de l’orfèvrerie, les prototypes façonnés à la main à partir de plastiline (pâte à modeler) sont numérisés et transmis à une machine de stéréolithographie en vue de leur impression, avant que le savoir-faire traditionnel du fondeur prenne le relais. Dans le domaine de la mode, la découpe laser, l’impression numérique sur textile, la broderie lumineuse sont en plein essor. Le travail de la pierre n’est pas en reste, ni celui de la céramique, ni celui du cuir. Tous les savoir-faire sont concernés et les artisans ont bien compris l’intérêt des nouvelles technologies : gain de temps dans la réalisation des prototypes, possibilité de travailler avec des designers du monde entier, développement facilité des interactions entre les matières.
L’utilisation des nouvelles technologies pour concevoir l’article permet en effet d’utiliser plus facilement de nouveaux matériaux. En combinant la fibre textile aux technologies nanotechnologies ou biotechnologies, les textiles intelligents réussissent aujourd’hui à stocker et transmettre des informations, c’est-à-dire à interagir avec le corps humain pour enregistrer les performances, le rythme cardiaque ou l’énergie consommée. La mode crée ainsi des liens avec la médecine, comme elle en crée d’ailleurs aussi avec l’architecture. Les travaux d’une étudiante de l’école d’arts appliqués Duperré, Audrey Spreyer, qui a imaginé en 2016, sur la base de ses travaux relatifs au textile, une architecture vivante au moyen de champignons capables d’éliminer les toxines, méritent d’être salués.
Si les métiers d’art sont des métiers d’avenir pour les jeunes et les adultes en reconversion–et ils sont nombreux- qui se lancent dans une seconde vie professionnelle en tant qu’artisans, ils sont aussi des métiers de l’avenir. Les savoir-faire et les connaissances de ces métiers manuels, intimement reliés à notre patrimoine et qui portent une partie de notre identité, sont sources de croissance pour l’économie dans son ensemble. Il est donc essentiel qu’ils soient considérés à leur juste place aux côtés des autres pépites de la French Tech.
Franck STAUB, secrétaire général de la confédération française des métiers d’art (CFMA) et administrateur de l’institut national des métiers d’art (INMA)