L’article de Fanny Darbus et Matthieu Hély a de quoi interpeller. Face aux nouveaux habits éthiques que le capitalisme semble revêtir, les universitaires dépeignent une réalité sensiblement différente. Ces derniers reviennent sur les nouveaux « mantras » de l’ESS, qui repose sur l’idée de non-lucrativité et la mission d’intérêt collectif. « Travailler mieux ou autrement » ou « réconcilier le travail et le capital », c’est ce que (ré) clament les associations, entreprises mutualistes ou coopératives. Jusqu’à devenir de simples slogans ?
L'ESS peut mieux faire
Il faut dire que les conflits sociaux se sont multipliés dans le secteur de l’ESS comme le précisent les auteurs de l’article. Ils font ainsi référence à la grève des téléconseillers de la Mutuelle générale de l’éducation nationale (MGEN) en 2009 ainsi qu’à celle suivie par l’association Aide à domicile en milieu rural du Finistère (ADMR29). Ainsi « à quelques exceptions près, les conditions de travail et d’emploi dans l’ESS n’ont rien d’exemplaire. Quelle que soit la catégorie socioprofessionnelle, le salaire d’un travailleur du secteur est inférieur à ceux du privé. C’est particulièrement vrai dans le milieu associatif, principal employeur de l’ESS avec 78 % de ses salariés, soit un million huit cent mille personnes : le salaire y est inférieur de 17 % à celui observé dans le secteur marchand » précisent Fanny Darbus et Matthieu Hély sur la base des chiffres fournis par l’Insee. Et dans la pratique, le fonctionnement est loin d’assurer une protection suffisante, et ce en dépit des chartes et règlements intérieurs.
« Les contrats précaires et la faiblesse des rémunérations brouillent la frontière entre salariat et bénévolat, instaurant un flou dans la relation entre travailleur aidant et usager aidé » expliquent les maîtres de conférences en sociologie. « Le consentement au travail pas ou peu rémunéré au nom d’un engagement militant s’explique par la conviction de faire vivre une « autre économie » ajoutent ces derniers. Or, le secteur de l’ESS est de plus en plus influencé par les pratiques managériales du secteur privé et attirent de nombreux candidats issus des écoles de commerce. On peut espérer que les lignes bougent petit à petit, à l’instar du premier syndicat des travailleurs du monde associatif ASSO, dont la communauté ne cesse de grandir.
« Les contrats précaires et la faiblesse des rémunérations brouillent la frontière entre salariat et bénévolat, instaurant un flou dans la relation entre travailleur aidant et usager aidé » expliquent les maîtres de conférences en sociologie. « Le consentement au travail pas ou peu rémunéré au nom d’un engagement militant s’explique par la conviction de faire vivre une « autre économie » ajoutent ces derniers. Or, le secteur de l’ESS est de plus en plus influencé par les pratiques managériales du secteur privé et attirent de nombreux candidats issus des écoles de commerce. On peut espérer que les lignes bougent petit à petit, à l’instar du premier syndicat des travailleurs du monde associatif ASSO, dont la communauté ne cesse de grandir.