Albert Hiribarrondo
Albert Hiribarrondo, qu’est-ce qui vous a amené à vous impliquer dans le milieu associatif ?
Une certaine forme d’ennui et le besoin de faire des connaissances dans une nouvelle localité qui m’accueille pour mon premier emploi ! Car je m’ennuie, le soir, à Belleville-sur-Saône, certes « capitale » du Beaujolais… mais de 12 000 habitants. Je rejoins donc la Jeune Chambre Economique locale (une association de 30 membres bénévoles). Cette ONG propose à de jeunes responsables de moins de 40 ans de se former au leadership en réalisant des projets communautaires, pour leur ville. Dans la réalisation de projets collectifs, on se doit de « bousculer » les notables locaux, devenir le « poil à gratter des institutions », en citoyens non partisans, mais concernés par le devenir de leur ville. Les projets se succèdent : un jumelage, un carrefour artisanat /industrie, une exposition de photos anciennes retraçant l’histoire de la commune.
Lors de la première AG de 1982, je suis élu président local. Je me penche alors sérieusement sur les statuts de l’association et découvre une ONG mondiale, avec une méthodologie imprégnée de ses racines américaines, des formations à la prise de parole en public ou à la procédure parlementaire, des mandats d’un an dans chaque fonction. Je participe aux congrès nationaux, européens, mondiaux, et mesure la puissance d’une organisation exceptionnelle, créée en 1917 aux États-Unis par Henry Gissembier et en 1952 en France par Yvon Chotard, de 7 000 bénévoles dans 300 villes en France, mais aussi de 400 000 personnes dans le monde, dans 10 000 villes et 100 pays : « la première organisation mondiale de formation de jeunes citoyens responsables ».
Lors de la première AG de 1982, je suis élu président local. Je me penche alors sérieusement sur les statuts de l’association et découvre une ONG mondiale, avec une méthodologie imprégnée de ses racines américaines, des formations à la prise de parole en public ou à la procédure parlementaire, des mandats d’un an dans chaque fonction. Je participe aux congrès nationaux, européens, mondiaux, et mesure la puissance d’une organisation exceptionnelle, créée en 1917 aux États-Unis par Henry Gissembier et en 1952 en France par Yvon Chotard, de 7 000 bénévoles dans 300 villes en France, mais aussi de 400 000 personnes dans le monde, dans 10 000 villes et 100 pays : « la première organisation mondiale de formation de jeunes citoyens responsables ».
Cette ONG entend par son action « changer le monde ». Comment s’y prend-elle ?
Dès qu’un individu change ou se forme, l’Humanité n’est plus la même : offering new dimensions, even to one single person, sets mankind in motion. Pour changer le monde, on peut commencer par faire évoluer une personne, et notamment se changer soi-même.
Après mon poste de responsable local à Belleville, j’ai la chance d’être élu 3 années de suite dans les 3 équipes successives du candidat victorieux à la présidence nationale et deviens, à 30 ans seulement, président national de la Jeune Chambre Economique Française. Avec une belle équipe, couvrant le territoire, nous coordonnons plusieurs projets à des fins d’utilité sociale : création du statut Garde-malade en France, promotion de « l’ECU-monnaie des États-Unis d’Europe » (qui deviendra l’Euro), rédaction d’une « déclaration des droits et devoirs du citoyen » en anticipant le bicentenaire de la Révolution française…
Après mon poste de responsable local à Belleville, j’ai la chance d’être élu 3 années de suite dans les 3 équipes successives du candidat victorieux à la présidence nationale et deviens, à 30 ans seulement, président national de la Jeune Chambre Economique Française. Avec une belle équipe, couvrant le territoire, nous coordonnons plusieurs projets à des fins d’utilité sociale : création du statut Garde-malade en France, promotion de « l’ECU-monnaie des États-Unis d’Europe » (qui deviendra l’Euro), rédaction d’une « déclaration des droits et devoirs du citoyen » en anticipant le bicentenaire de la Révolution française…
L’étape France va conduire ensuite à l’international…
Exactement. Mon engagement associatif prend une nouvelle dimension à l’international. Soutenu par la JCEF aux élections du congrès mondial JCI de Sydney (1988), je suis élu Vice-Président JCI (VP) en charge de la moitié de l’Afrique (13 pays). Au-delà du suivi de ces 13 pays, je crée 3 organisations nationales au Bénin, Burkina Faso, Madagascar et préside la conférence continentale JCI de la zone « Afrique », organisée par la JCE Afrique du Sud.
Un an plus tard, programmé pour aller en Asie, je suis élu VP Exécutif JCI, le samedi 9 novembre 1989, jour de la chute du mur de Berlin, et affecté à… l’Europe ! Déçu de ne pas me tourner vers les terres asiatiques, je prends cette mission à cœur et contribue à créer les premières organisations JCI derrière l’ex rideau de fer : en Pologne, Estonie, Roumanie. J’espère avoir contribué à donner de nouvelles dimensions à cette région, celles de savoir analyser, décider, conduire un projet autofinancé, ou d’être responsable d’une équipe… En bref, aider quelques personnes à changer, pour avoir un impact sur cette partie du monde. Et, en illustration, Jan Krzysztof Bielecki, le fondateur de la JCE de Pologne, rompu à la procédure parlementaire, deviendra plus tard premier ministre de son pays.
C‘est devenu mon projet de vie, avec la chance de pouvoir consacrer 10 années de bénévolat, parallèlement à ma vie professionnelle, à promouvoir une vision devenue un programme, baptisé « Nouvelles Dimensions » au niveau local (JCE Belleville, 30 membres), national (JCE France, 7 000 membres), et jusqu’au dernier échelon, comme Président international de l’ONG (JCI, 400 000 membres) en 1992. Ce fut une année particulièrement dense, qui m’a permis d’encourager de nombreux projets tout autour du monde, menés à bien par la richesse des personnes présentes sur place.
Un an plus tard, programmé pour aller en Asie, je suis élu VP Exécutif JCI, le samedi 9 novembre 1989, jour de la chute du mur de Berlin, et affecté à… l’Europe ! Déçu de ne pas me tourner vers les terres asiatiques, je prends cette mission à cœur et contribue à créer les premières organisations JCI derrière l’ex rideau de fer : en Pologne, Estonie, Roumanie. J’espère avoir contribué à donner de nouvelles dimensions à cette région, celles de savoir analyser, décider, conduire un projet autofinancé, ou d’être responsable d’une équipe… En bref, aider quelques personnes à changer, pour avoir un impact sur cette partie du monde. Et, en illustration, Jan Krzysztof Bielecki, le fondateur de la JCE de Pologne, rompu à la procédure parlementaire, deviendra plus tard premier ministre de son pays.
C‘est devenu mon projet de vie, avec la chance de pouvoir consacrer 10 années de bénévolat, parallèlement à ma vie professionnelle, à promouvoir une vision devenue un programme, baptisé « Nouvelles Dimensions » au niveau local (JCE Belleville, 30 membres), national (JCE France, 7 000 membres), et jusqu’au dernier échelon, comme Président international de l’ONG (JCI, 400 000 membres) en 1992. Ce fut une année particulièrement dense, qui m’a permis d’encourager de nombreux projets tout autour du monde, menés à bien par la richesse des personnes présentes sur place.
Que retenez-vous personnellement de votre expérience internationale dans une ONG ?
Celle d’être allé au bout d’un engagement humaniste… et d’avoir chaque année, dans chaque projet, chaque poste, et avec chaque équipe constituée, beaucoup appris.
Du point de vue du leadership, j’apprends d’abord l’échec, car au terme de cette double aventure, JCI en Afrique et Europe, j’ai dû apprendre à perdre, en toute humilité, une élection : pour la première fois, je suis battu, aux élections mondiales, par un ami belge de 39 ans ! Cette leçon m’a incité à me mettre à l’écoute pour comprendre tous ceux qui ont perdu des élections dans les 10 000 JCE locales du monde entier. Cela m’a rendu meilleur, pour la suite. La défaite est la mère du succès.
Du point de vue managérial, je retiens la force de l’équipe, car on reçoit toujours plus des autres qu’on ne leur donne, dès qu’on se donne soi-même à fond, et la richesse de toute équipe diversifiée : avec 19 nationalités dans un Bureau mondial, on se représente mieux la diversité de la planète qu’en étant seul, français, à vouloir avoir raison sur tout.
J’apprends aussi à ne jamais abandonner. Même quand le but semble impossible à atteindre, comme de succéder, en Européen, à un Président international européen. Et pourtant, pour avoir digéré du mieux possible la défaite en 1990, je suis sollicité à nouveau et élu à l’unanimité fin 1991, à 36 ans, pour présider l’organisation depuis son siège de Miami, durant une année.
En tant que bénévole, j’apprends enfin à résister à la pression : avec 4h30 de sommeil en moyenne par nuit, 352 jours de déplacements sur 366 (année bissextile), 97 pays visités, 4 conférences continentales et 1 congrès de 7 jours (30 000 participants en tout), je comprends vite qu’il m’est interdit de tomber malade. Il faut tenir tous les engagements, tous les déplacements, tous les agendas, coute que coute, heure par heure, jour par jour, dans 11 tours du monde de 1 mois, du Bangladesh à Hawai, du Burkina Faso à la Corée, de la ville du Cap à Helsinki, d’Auckland à Paris.
Du point de vue du leadership, j’apprends d’abord l’échec, car au terme de cette double aventure, JCI en Afrique et Europe, j’ai dû apprendre à perdre, en toute humilité, une élection : pour la première fois, je suis battu, aux élections mondiales, par un ami belge de 39 ans ! Cette leçon m’a incité à me mettre à l’écoute pour comprendre tous ceux qui ont perdu des élections dans les 10 000 JCE locales du monde entier. Cela m’a rendu meilleur, pour la suite. La défaite est la mère du succès.
Du point de vue managérial, je retiens la force de l’équipe, car on reçoit toujours plus des autres qu’on ne leur donne, dès qu’on se donne soi-même à fond, et la richesse de toute équipe diversifiée : avec 19 nationalités dans un Bureau mondial, on se représente mieux la diversité de la planète qu’en étant seul, français, à vouloir avoir raison sur tout.
J’apprends aussi à ne jamais abandonner. Même quand le but semble impossible à atteindre, comme de succéder, en Européen, à un Président international européen. Et pourtant, pour avoir digéré du mieux possible la défaite en 1990, je suis sollicité à nouveau et élu à l’unanimité fin 1991, à 36 ans, pour présider l’organisation depuis son siège de Miami, durant une année.
En tant que bénévole, j’apprends enfin à résister à la pression : avec 4h30 de sommeil en moyenne par nuit, 352 jours de déplacements sur 366 (année bissextile), 97 pays visités, 4 conférences continentales et 1 congrès de 7 jours (30 000 participants en tout), je comprends vite qu’il m’est interdit de tomber malade. Il faut tenir tous les engagements, tous les déplacements, tous les agendas, coute que coute, heure par heure, jour par jour, dans 11 tours du monde de 1 mois, du Bangladesh à Hawai, du Burkina Faso à la Corée, de la ville du Cap à Helsinki, d’Auckland à Paris.
Quelles valeurs du leadership retenez-vous de cette année ?
Tout d’abord, l’engagement, généré par une inébranlable motivation, l’envie d’être utile, et le goût de servir. Il n’est pas de président d’une association, qui ne soit pas d’abord un simple membre, de leader sans exemplarité, d’adhésion des autres sans partager l’envie de servir ensemble une cause.
Ensuite, il faut aussi savoir écouter (to care): aux îles Fidji, le président local de l’association bousculait sans cesse le programme officiel de visite, prétextant la nécessité d’un détour pour une pause-repas… qui masquait mal son désir de m’accompagner voir son premier vice-président chez lui, car devenu handicapé, et incapable de venir à notre rencontre.
Il faut également savoir oser (to dare). Il faut se présenter devant toute élection, toute épreuve, avec les 2 options en tête : être prêt à déployer son projet en cas de victoire, mais aussi préparé à une belle alternative de vie (familiale, professionnelle, associative) en cas d’échec… Quand vous n’avez rien à craindre, que rien ne peut vous atteindre, votre sérénité vous conduira le plus souvent à la victoire.
Enfin, pour réussir pleinement, il est nécessaire de savoir partager avec une équipe (to share), et savoir transmettre à un successeur, car nul ne réussit tout seul, ni pour l’éternité. Au Népal, un président d’une organisation locale a voyagé pendant 36 heures pour venir à ma rencontre, dans une conférence, à Katmandou, avant de remonter pour 40 heures de voyage dans son village des montagnes de l’Himalaya. « Quel est le message unique que tu veux que je transmette à mes membres ? » me demande-t-il après m’avoir exposé ses projets : construction d’une école, programme de planification familiale pour un meilleur contrôle des naissances avec l’OMS, campagne de distribution de sels de réhydratation orale avec CARE … « continuez simplement à représenter mieux que personne, mieux que ton président international, la richesse du bénévolat chez toi, sur le toit du monde » ai-je répondu. La force d’une organisation, c’est au minimum celle, cumulée, du développement de chacun de ses membres. Et celle, démultipliée, de leurs réalisations communes, qui leur survivent, une fois qu’ils sont partis.
Ensuite, il faut aussi savoir écouter (to care): aux îles Fidji, le président local de l’association bousculait sans cesse le programme officiel de visite, prétextant la nécessité d’un détour pour une pause-repas… qui masquait mal son désir de m’accompagner voir son premier vice-président chez lui, car devenu handicapé, et incapable de venir à notre rencontre.
Il faut également savoir oser (to dare). Il faut se présenter devant toute élection, toute épreuve, avec les 2 options en tête : être prêt à déployer son projet en cas de victoire, mais aussi préparé à une belle alternative de vie (familiale, professionnelle, associative) en cas d’échec… Quand vous n’avez rien à craindre, que rien ne peut vous atteindre, votre sérénité vous conduira le plus souvent à la victoire.
Enfin, pour réussir pleinement, il est nécessaire de savoir partager avec une équipe (to share), et savoir transmettre à un successeur, car nul ne réussit tout seul, ni pour l’éternité. Au Népal, un président d’une organisation locale a voyagé pendant 36 heures pour venir à ma rencontre, dans une conférence, à Katmandou, avant de remonter pour 40 heures de voyage dans son village des montagnes de l’Himalaya. « Quel est le message unique que tu veux que je transmette à mes membres ? » me demande-t-il après m’avoir exposé ses projets : construction d’une école, programme de planification familiale pour un meilleur contrôle des naissances avec l’OMS, campagne de distribution de sels de réhydratation orale avec CARE … « continuez simplement à représenter mieux que personne, mieux que ton président international, la richesse du bénévolat chez toi, sur le toit du monde » ai-je répondu. La force d’une organisation, c’est au minimum celle, cumulée, du développement de chacun de ses membres. Et celle, démultipliée, de leurs réalisations communes, qui leur survivent, une fois qu’ils sont partis.