Le risque de pénuries est réel en Europe, mais ailleurs c’est la famine qui pointe. « Dans le cadre de sa visite en Pologne, où il doit participer à la trente-troisième session de la Conférence régionale pour l'Europe, le Directeur général de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), M. Qu Dongyu, s'est entretenu avec le Commissaire européen à l'agriculture, M. Janusz Wojciechowski. La réunion a principalement porté sur des questions telles que la hausse des prix des produits alimentaires, les risques liés à la disponibilité des denrées de base et la montée des prix des engrais et du carburant, autant d'éléments exacerbés par la crise en Ukraine » nous apprend un communiqué de la FAO.
La crise alimentaire est telle que la question de la sécurité alimentaire s’est invitée dans les priorités de quasiment tous les pays du monde. Pour les membres de l’Union européenne, l’enjeu est avant tout la coordination alors que les pays ne sont pas tous concernés de la même façon par la situation. Une inquiétude légitime mais qui, du point de vue des Nations-Unies, ne doit pas faire oublier les urgences dramatiques dans lesquelles se trouvent les plus gros importateurs de céréales ukrainiennes, notamment en Afrique du Nord. « Le Directeur général a attiré l'attention du Commissaire européen sur la faible réponse apportée au plan d'intervention rapide de la FAO, lancé dans le cadre de l'Appel humanitaire commun des Nations Unies pour 2022 à l'appui de l'alimentation et de l'agriculture en Ukraine, pour lequel 11 millions d'USD seulement ont été reçus à ce jour, alors que les besoins urgents sont estimés à 115,4 millions d'USD (financés à hauteur de 10 pour cent seulement) », lit-on plus loin.
Face aux besoins de l’appareil productif ukrainien, la FAO a mis en place une stratégie pour limiter les dégâts: « Le plan d'urgence, élaboré conformément aux priorités du Ministère ukrainien de l'agriculture, vise à : préserver les systèmes de production essentiels - fournir des intrants et intervenir dans le cadre du projet Cash+, à l'appui de la production de légumes, de pommes de terre et de céréales (blé et oléagineux) et de l'élevage; soutenir les chaînes d'approvisionnement agroalimentaire, les chaînes de valeur et les marchés (en collaboration avec le Gouvernement, les entreprises agroalimentaires, les producteurs et les associations), notamment en renforçant de toute urgence les capacités des laboratoires de quarantaine et des laboratoires phytosanitaires afin de permettre, en guise d'alternative, l'exportation temporaire des denrées alimentaires de base par voie maritime via la Pologne et la Roumanie; garantir la précision des analyses sur l'évolution de la situation et des besoins en matière de sécurité alimentaire, notamment grâce à la coordination du module d'action groupée en matière de sécurité alimentaire et de moyens d'existence. »