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PIB = NRJ = Co2 : COP26, l’équation impossible

Sébastien BOLLE
27/10/2021



Nous y sommes ! La Conférence des parties, la COP 26 ouvre ses portes à Glasgow pour 13 jours.



Photo : © Ariane FAUCHILLE
Photo : © Ariane FAUCHILLE
C’est donc la 26e fois que les 197 nations signataires de la convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques se pencheront sur l’avenir de l’humanité avec cette année encore un seul objectif : ne pas dépasser les +2 °C et encore mieux +1,5 °C de hausse globale des températures de notre planète.
Après la COP25 de Madrid considérée comme un échec (1), les représentants des États vont jouer de la calculatrice pour résoudre cette formule de Jean Marc Jancovici affichée comme simple, pragmatique et physique : PIB = NRJ = Co2

Le célèbre ingénieur français, co-acteur de The Shift Project et de Carbone4, nous explique depuis plusieurs décennies dans ses conférences que les lois de la physique, sur lesquelles Sapiens n’a aucune prise de changement, nous apportent actuellement une totale corrélation entre l’énergie insérée dans un modèle économique, le Produit Intérieur Brut, et un type de déchet (parmi d’autres) se nommant le Dioxyde de Carbone, Co2 de son petit nom scientifique (2).

Augmenter le premier, si possible le deuxième, en neutralisant le troisième, voilà le défi du président de séance Alok Sharma, dans cette conférence sur le climat. Malgré un casting bien taillé, puisqu’il est le ministre chargé des Entreprises, de l’Énergie et de la « Croissance propre » dans le gouvernement de Boris Johnson, la résolution de l’équation semble bien rude.
 
197 profs de mathématique et quelques litres de café

Ce serait le point de départ idéal pour résoudre cette formule lancée au siècle dernier, avec des paramètres ajustés en ce début de nouveau millénaire. L’énergie mondiale va baisser, se contracter, pour reprendre les termes du créateur de cette équation, c’est de la physique.

En effet, le pic d’extraction du charbon est arrivé dans les années 50, celui du gaz fin 2000 et celui du pétrole conventionnel en 2006 (3). Il reste des réserves d’énergie fossile, mais la capacité de croissance d’extraction est bel et bien derrière nous. Les parties prenantes de Glasgow vont donc devoir trouver la quadrature d’un cercle : il va falloir se projeter dans un monde avec moins d’énergie et où le modèle n’engendre pas de recul à long terme du PIB.

Qu’on le veuille ou non, l’actualité énergétique du moment nous rappelle bien que la résolution du sujet n’est pas pour la fin du siècle, mais bien pour maintenant.
L’économie post-covid entraîne une demande acharnée d’énergie mondiale pour subvenir aux besoins matériels et de services ; cette dernière générant des tensions sur le principal indicateur, le prix du baril. Nous voyons bien dans l’hexagone les tensions créées par la hausse des prix à la pompe avec un baril à 60 $. Que penser alors des prévisions des experts visualisant un baril à 200 $ fin 2022 (4) ?
 
Et si nous nous étions trompés de médicament?

Dans ce défi économique mettant sur la table l’offre, la demande et le pouvoir d’achat, il y a une grande absente : la sobriété, terme évoqué par les experts en climat, les associations imaginant un futur soutenable qui permettrait de subvenir aux besoins du présent tout en assurant aux générations futures le pouvoir d’en faire autant (5).
À l’opposé d’une réponse active d’aide budgétaire court-termisme d’un chèque énergie (par exemple), on pourrait se projeter sans tabou dans un modèle simplement sobre en énergie.

Tel est le fil conducteur du dernier rapport de France stratégie, une institution d’études et perspectives rattachée au cabinet du Premier ministre : « la soutenabilité des ressources passe par la sobriété ». (6)

Faire « mieux avec moins » tel pourrait être à la fois l’objectif et le médicament de notre civilisation, qui sera de toute façon rattrapée par Dame Nature sonnant le glas d’une expansion sans contrôle, ne serait-ce que par les gaz à effet de serre.
Pour ne pas dépasser les +2 °C, il nous faut laisser dans le sol 50 % des réserves de pétrole d’ici 2030, soit réduire de 5 % par an notre consommation pendant 10 ans… Cela ne vous rappelle rien ? Les 17 Objectifs du Développement Durable (ODD) de l’ONU, avec l’aide des rapports du GIEC(7) préconisent de réduire de 50 % nos gaz à effet de serre afin de respecter l’agenda 2030.

Une preuve de plus de l’exactitude de la formule évoquée, PIB=NRJ=Co2. Maintenant que nous avons compris cette équation et dessiné quelques pistes, il ne nous reste plus qu’à tous devenir acteurs de ce changement de monde avec les ODD et la RSE comme armes de transformation positive !

Il nous reste 3200 jours (8), tout est encore possible !
 
  1. https://www.wedemain.fr/dechiffrer/cop26-conference-climat-date-lieu-participants/
  2. https://fr.slideshare.net/JoelleLeconte/jancovici-du-business-sans-nergie-et-sans-climat-escp-06092021
  3. https://www.youtube.com/watch?v=jeazzkUNV_c&t=864s&ab_channel=FranceInter
  4. https://francais.rt.com/economie/91811-traders-parient-sur-baril-200-dollars-ici-fin-2022
  5. https://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/development-agenda/
  6. https://www.strategie.gouv.fr/actualites/ressources-soutenabilite-passe-sobriete
  7. Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat
  8. https://www.agenda-2030.fr/