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Nucléaire : un scénario de transition

Paul-Henri Jacomo
30/08/2011



« Je crois qu’il faut sortir du nucléaire... sur une période de 30 ans », telle est la phrase prononcée par Martine Aubry sur le plateau du Grand Journal le 21 mars dernier. De simples mots qui, pourtant, n’ont pas tardé à susciter les débats en France. Le scénario négaWatt entre alors en jeu. Effectivement, une sortie semble possible.



Nucléaire : un scénario de transition
Une réorientation inattendue

Après la phrase lancée involontairement par Martine Aubry, face à Jean-Michel Aphatie, il n’est plus question de faire retour en arrière. Une sortie du nucléaire « sur une période de 25 à 30 ans » serait en effet réalisable, bien que la filière occupe une place particulièrement importante dans l’Hexagone. Selon Hervé Nathan, il s’agit bien d’une grande première au sein du Parti socialiste. Ce dernier étant pratiquement l’un des piliers du secteur du nucléaire en France, aux côtés du PCF et de l’UMP. L’industrie nucléaire a toujours été considérée comme une filière de première importance au sein du parti. La plupart des membres, à l’exception des quelques écologistes comme Aurélie Filipetti, ont pris part à la mise en place d’usines Areva ou de centrales EDF au niveau de leur circonscription. Une éventuelle sortie du nucléaire semble ainsi inimaginable, d’autant plus que près de 80 % de l’électricité du pays est générée par 58 réacteurs.

Le scénario négaWatt

Face aux questions d’une éventuelle sortie du nucléaire, le scénario énergétique 2006 de négaWatt refait automatiquement surface. Il s’agit d’un programme de fermeture des centrales nucléaires françaises sur une période de 30 ans, qui prévoit, en parallèle, une nette réduction des émissions de CO2. Regroupant plus de 100 experts dans le domaine, l’association négaWatt aspire à un « avenir énergétique sobre, efficace et renouvelable ». Selon le président de l’organisation, Thierry Salomon, il n’est pas question de « retour à la bougie », mais tout simplement de faire des économies progressives pour un meilleur mode de consommation en énergie. Les gaspillages sont désormais à bannir, notamment en ce qui concerne les éclairages domestiques ou publics, les panneaux publicitaires lumineux, les véhicules 4x4 en ville, ainsi que les divers équipements particulièrement gourmands en énergie. Le scénario négaWatt prévoit également un développement de l’éolien ainsi qu’une transition vers les centrales au gaz qui, avec un « programme de rénovation de l’habitat », ne s’accompagnerait pas forcément d’émission de CO2.

Un projet à risques

La fermeture progressive du nucléaire est bel et bien réalisable certes, mais les étapes à franchir ne sont pas pour autant aussi faciles. Selon Nicolas Hulot, on ne peut tout simplement pas sortir du nucléaire d’un « coup de baguette magique ». Entre réduction de la consommation en énergie, utilisation accrue du gaz et énergies renouvelables, l’objectif reste difficile à atteindre. M. Barré prévoit notamment des conséquences sociétales inévitables. À l’échelle mondiale, la sortie du nucléaire pourrait également s’accompagner d’émissions de gaz beaucoup plus importantes, selon les experts du CNRS. Des modes de consommation modifiés, mais également des pouvoirs d’achat réduits face à l’augmentation du coût de l’énergie sont également à prévoir. Il reste néanmoins qu’en termes d’emploi, le scénario négaWatt pourrait apporter des changements positifs. L’association prévoit déjà la création de plus de 100 000 emplois dans le cadre de la réhabilitation des logements.