L’avis est préliminaire mais déjà offensif. « La Commission européenne a informé Apple qu'elle estime, à titre préliminaire, que l'entreprise a faussé la concurrence sur le marché de la diffusion de musique en continu en abusant de sa position dominante en ce qui concerne la distribution d'applications de diffusion de musique en continu via sa boutique, l'App Store. La Commission voit un problème dans l'obligation d'utiliser le propre mécanisme d'achat intégré d'Apple, imposée aux développeurs pour distribuer leur application de diffusion de musique en continu via l'App Store. Elle est également préoccupée par le fait qu'Apple applique aux développeurs certaines restrictions les empêchant d'informer les utilisateurs d'iPhones et d'iPads d'autres possibilités d'achat, moins coûteuses », avance le communiqué.
C’est un nouveau front que la Commission ouvre contre les géants du numérique sur cette épineuse question des abus de position dominante. Le sujet est complexe car ces mastodontes du numérique ont dans chaque domaine qu’ils touchent automatiquement plusieurs longueurs d’avance. Et sont à plusieurs niveaux sous-traitants et concurrents. Une position de juge et partie qui n’est pas sans poser de nombreuses questions concernant la libre concurrence. Une situation qui se vérifie dans le domaine particulier de la musique.
« Les boutiques d'applications jouent un rôle central dans l'économie numérique d'aujourd'hui. Nous pouvons maintenant faire nos courses, prendre connaissance de l'actualité, écouter de la musique ou regarder des films par l'intermédiaire d'applications au lieu de passer par des sites web. Nous estimons, à première vue, que, via l'App Store, Apple agit comme un contrôleur d'accès pour les utilisateurs d'iPhones et d'iPads. Avec Apple Music, l'entreprise est aussi en concurrence avec des fournisseurs de musique en continu. En fixant des règles strictes concernant l'App Store qui désavantagent les services de diffusion de musique en continu concurrents, Apple prive les utilisateurs de choix meilleur marché et fausse la concurrence. Elle le fait en prélevant des commissions élevées sur chaque transaction effectuée dans l'App Store pour ses concurrents et en empêchant ces derniers d'informer leurs clients de l'existence d'autres possibilités d'abonnement », estime la vice-présidente de la Commission chargée de la concurrence, Margrethe Vestager.