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Le traitement des algues vertes : étude de cas

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08/01/2014



La prolifération des algues vertes est un fléau que subissent de plein fouet les côtes bretonnes. Ces algues doivent en effet être rapidement ramassées pour être traitées dans des conditions optimales de sécurité, afin de ne pas mettre en danger l’environnement et la santé des riverains. L’usine de Launay-Lantic gérée par le SMITOM, un syndicat regroupant 34 communes, a mis en œuvre depuis 2010 les solutions techniques et industrielles pour répondre à cette problématique particulière avec l'appui opérationnel du groupe CNIM.



Le cauchemar breton des algues vertes

Les ulves, plus communément appelées algues vertes, sont un type d’algues répandu, qui ne sont pas forcément dangereuses – en tout cas « à l’unité ». Ces « laitues de mer » sont même comestibles… En revanche, quand elles prolifèrent, et qu’elles se déposent en grandes quantités sur les plages, elles entament alors un processus de putréfaction qui libère un gaz particulièrement dangereux : le sulfure d’hydrogène. Celui-ci provoque de graves troubles, jusqu’à la mort, s’il est inhalé.

La Bretagne, en raison de ses eaux stagnantes et des importantes quantités de nitrates rejetées par les activités agricoles propres à la région (élevages porcins intensifs notamment), est devenue coutumière de ces « marées vertes » qui défigurent et empuantissent les rivages, et font peser de vrais risques sur la santé des hommes et des animaux. Le SMITOM, qui gérait déjà une usine de tri-compostage à Lantic, dans les Côtes-d’Armor, a lancé un 2008 une procédure destinée à élargir les capacités de traitement de cette usine au cas des algues vertes. C’est le groupe CNIM, industriel ensemblier spécialisé dans les hautes technologies et notamment dans la gestion et la valorisation des déchets, qui a été choisi en 2009 pour répondre à cet impératif environnemental.
Crédit: "Ulva Armoricana" / cc / Wikipedia
Crédit: "Ulva Armoricana" / cc / Wikipedia

La transformation d’une algue dangereuse en un résidu inoffensif

Alain Ménesguen, chercheur, explique la façon dont les algues vertes deviennent dangereuses : «  Quand ces algues se déposent en masse sur les plages, la couche supérieure sèche au soleil, elle devient alors perméable aux échanges gazeux ». Les couches inférieures sont quant à elles privées d’oxygène, et « les bactéries présentes dans l’algue libèrent alors du soufre ».  Il faut environ deux jours avant que la putréfaction ne débute, ce qui impose un ramassage quotidien et une isolation rapide des algues dans des systèmes adéquats qui permettront de les rendre inoffensives.

Les algues vertes étant constituées d’eau à 62% et de sable à 30%, il convient de les déshydrater pour détruire leur pouvoir nocif. C’est pourquoi CNIM a conçu des box spécialisés, qui ont la double particularité d’être confinés, pour empêcher les échanges avec l’extérieur, et ventilés, pour accélérer le séchage. Concrètement, une fois ramassées, les algues vertes sont mélangées à un structurant (composé du refus de criblage des déchets verts), dont la fonction est de favoriser la circulation d’air, et donc le séchage. Elles sont ensuite placées dans un box, d’une capacité de 300 tonnes. Cette dimension a été pensée pour permettre le remplissage du contenant en un jour, et ainsi éviter que le personnel n’ait à ré-intervenir sur ce même box par la suite, et qu’il prenne le risque d’être mis en contact avec des algues déjà en fermentation. 

La déshydratation s’effectue alors par ventilation à air chaud par le dessous : ainsi, pas besoin de retourner le dépôt d’algues, qui arrivera à maturation de façon homogène. L’air chaud destiné à sécher les algues est produit par un four à bois alimenté par d’autres déchets collectés à Launay-Lantic. Il faut 15 jours aux algues ainsi traitées pour être déshydratées et transformées en un résidu sableux, qui ne présente plus aucun risque pour la santé.

Supprimer les risques environnementaux liés au traitement des algues

Tout l’enjeu d’un procédé industriel efficace pour le traitement des algues vertes consiste à sécuriser leurs espaces de dépôt « naturels » (les plages), sans déplacer ailleurs le risque ou les nuisances qui leur sont liés. C’est pourquoi CNIM a travaillé à des solutions permettant d’isoler de l’environnement tous les substituts potentiellement nocifs issus du traitement des algues vertes, afin de protéger les riverains mais aussi le personnel de l’usine de déchets.

En capitalisant sur son expérience en matière de traitement des fumées issues des incinérateurs, CNIM a donc conçu un biofiltre qui permet à l’air issu des box d’algues d’être traité avant d’être rejeté dans l’atmosphère. La mauvaise odeur du biogaz produit par la fermentation des algues est de la sorte neutralisée. Les résidus, solides et liquides, font également l’objet d’un traitement particulier. Les résidus solides sont criblés, afin de récupérer le structurant, qui sera réutilisé pour traiter d’autres dépôts d’algues vertes. Enfin, les jus issus de ces opérations sont aussi réutilisés : ils sont réinjectés dans les box de compost urbains afin de les humidifier.    

Un projet pilote devenu phare

Du ramassage jusqu’au traitement, l’usine de Launay-Lantic met en œuvre, depuis plus de trois ans maintenant, un procédé industriel efficace. Il permet en effet de stabiliser les résidus d’algues vertes, tout en empêchant la formation d’hydrogène sulfuré, en éliminant les risques sanitaires à tous les stades de l’opération et en supprimant les nuisances olfactives. En outre, il s’inscrit totalement dans démarche écoresponsable globale, de l’amont (fonctionnement de la chaudière grâce au brûlage des déchets) à l’aval (réutilisation maximale des résidus dépollués).

Avec une capacité de traitement de l’ordre de 10 000 tonnes par an, cette installation participe activement aux actions curatives du plan de lutte contre les algues vertes. Et même si idéalement le volet préventif devrait à terme rendre ce type d’équipement inutile, en limitant efficacement les rejets de nitrates, force est de constater qu’aujourd’hui encore et probablement pour quelques temps, il reste absolument indispensable. En effet, la France ne fait pas figure de bonne élève aux yeux de Bruxelles pour son respect de la directive « nitrates ». Très récemment, des chercheurs ont même jugé que le plan algues vertes relatif aux programmes d'actions des principaux bassins versants n’aura que peu d’effets à court terme, et ne permettra pas de tenir les objectifs d’éradication du phénomène à moyen terme.





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