Notre rapport au temps mérite un livre et non un chapitre. Notre temps de travail, de loisirs, de courses, de culture, de retraite, etc., a tellement changé depuis 70 ans et changera encore qu’il mérite d’y consacrer… du temps. Par exemple, temps et carbone ne font pas bon ménage, par exemple temps et sollicitations d’activités n’ont jamais été aussi riches.
Le nouveau calendrier de vie inconscient
Il y a 20 ans, en janvier 2004, Jacques Marseille (1945-2010), directeur de l’Institut d’histoire économique et sociale (IHES, Sorbonne) publie chez Plon « La Guerre des deux France ». La quatrième de couverture commence ainsi : « Les Français sont experts dans la déploration et l’autoflagellation. Depuis trente ans [1973/74], ils sont persuadés que leur pays est en berne. ». Jean Fourastié avait nommé en 1979 la période 1946-1973 Les Trente Glorieuses. Jacques Marseille détaille pour 1973-2003 par le menu les nouvelles « Trente Glorieuses », les métamorphoses de la France, et les trois « piteuses » où il dénonce ce pays qui prend du poids.
Vingt ans après, rien n’a changé. En avril 2023 Agnès Verdier-Molinié - et bien d’autres économistes comme elle - publie aux Éditions de l’Observatoire « Où va notre argent ? » qui dénonce la gabegie d’état. Profiter de son temps, l’inactivité au sens du non-travail, a un coût.
Le premier chapitre du livre de Jacques Marseille s’intitule « le nouveau calendrier de la vie ». « Séverine – pour lui donner un nom – est née en 1980, mesure 8 centimètres de plus que sa mère, fait des études supérieures comme 25 % des jeunes filles de son âge, débutera dans la vie active vers 25 ans, prendra sa retraite vers 65 ans jusque 88 ans ». Et la phrase qui m’avait le plus intéressé est « en moyenne, son temps de travail, limité à 35 heures par semaine, aura représenté environ 7 % du temps de sa vie. ». 7 % !!! Ce doit être du temps de vie total, sommeil compris qui est en général compris comme le tiers de notre temps de vie, donc environ 10,7 % de sa vie hors sommeil. Puis, « en une génération, elle aura gagné 145 000 heures de vie supplémentaires et 15 000 heures de travail en moins, 160 000 heures d’inactivité en plus, un peu plus de 17 ans d’inactivité gagnés, 20 % du temps de sa vie. ».
La maman de Séverine, Nadine, née en 1950, a commencé à travailler à 18 ans et prend sa retraite en 2010 jusque 2021, à 71 ans, ayant survécu à sa première année de vie. Son temps de travail est de 12 % de son temps de vie (environ 18,2 % de sa vie hors sommeil). 12 % soit environ 50 % de plus que sa fille.
Il me reste à écrire l’histoire de la fille de Sandrine, Emma, née en 2010. Elle a une chance sur deux d’être centenaire. Sandrine a eu 23 années de retraite. Emma pourrait en avoir 35. Cher lecteur, je vous laisse imaginer combien son temps de travail aura représenté de son temps de vie… hors sommeil.
Quand bien même le travail nous identifie tout au long de la vie que l’on soit actif ou retraité, le temps de travail est de plus en plus court versus une vie de plus en plus longue, de plus en plus pleine.
Le nouveau calendrier de vie inconscient
Il y a 20 ans, en janvier 2004, Jacques Marseille (1945-2010), directeur de l’Institut d’histoire économique et sociale (IHES, Sorbonne) publie chez Plon « La Guerre des deux France ». La quatrième de couverture commence ainsi : « Les Français sont experts dans la déploration et l’autoflagellation. Depuis trente ans [1973/74], ils sont persuadés que leur pays est en berne. ». Jean Fourastié avait nommé en 1979 la période 1946-1973 Les Trente Glorieuses. Jacques Marseille détaille pour 1973-2003 par le menu les nouvelles « Trente Glorieuses », les métamorphoses de la France, et les trois « piteuses » où il dénonce ce pays qui prend du poids.
Vingt ans après, rien n’a changé. En avril 2023 Agnès Verdier-Molinié - et bien d’autres économistes comme elle - publie aux Éditions de l’Observatoire « Où va notre argent ? » qui dénonce la gabegie d’état. Profiter de son temps, l’inactivité au sens du non-travail, a un coût.
Le premier chapitre du livre de Jacques Marseille s’intitule « le nouveau calendrier de la vie ». « Séverine – pour lui donner un nom – est née en 1980, mesure 8 centimètres de plus que sa mère, fait des études supérieures comme 25 % des jeunes filles de son âge, débutera dans la vie active vers 25 ans, prendra sa retraite vers 65 ans jusque 88 ans ». Et la phrase qui m’avait le plus intéressé est « en moyenne, son temps de travail, limité à 35 heures par semaine, aura représenté environ 7 % du temps de sa vie. ». 7 % !!! Ce doit être du temps de vie total, sommeil compris qui est en général compris comme le tiers de notre temps de vie, donc environ 10,7 % de sa vie hors sommeil. Puis, « en une génération, elle aura gagné 145 000 heures de vie supplémentaires et 15 000 heures de travail en moins, 160 000 heures d’inactivité en plus, un peu plus de 17 ans d’inactivité gagnés, 20 % du temps de sa vie. ».
La maman de Séverine, Nadine, née en 1950, a commencé à travailler à 18 ans et prend sa retraite en 2010 jusque 2021, à 71 ans, ayant survécu à sa première année de vie. Son temps de travail est de 12 % de son temps de vie (environ 18,2 % de sa vie hors sommeil). 12 % soit environ 50 % de plus que sa fille.
Il me reste à écrire l’histoire de la fille de Sandrine, Emma, née en 2010. Elle a une chance sur deux d’être centenaire. Sandrine a eu 23 années de retraite. Emma pourrait en avoir 35. Cher lecteur, je vous laisse imaginer combien son temps de travail aura représenté de son temps de vie… hors sommeil.
Quand bien même le travail nous identifie tout au long de la vie que l’on soit actif ou retraité, le temps de travail est de plus en plus court versus une vie de plus en plus longue, de plus en plus pleine.
Je repars en plongée …
Philippe Cahen
Prospectiviste
Dernier livre, juin 2023 : « Le chaos de la prospective et comment s’en sortir », éd. Kawa
Philippe Cahen
Prospectiviste
Dernier livre, juin 2023 : « Le chaos de la prospective et comment s’en sortir », éd. Kawa