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La baisse inquiétante de l'absorption de carbone par les forêts en 2023

Paolo Garoscio
23/10/2024



Le rôle essentiel des forêts dans la capture du dioxyde de carbone (CO2), un des principaux gaz à effet de serre, semble se fragiliser dangereusement. En 2023, les forêts, qui absorbent habituellement 20% des émissions humaines de CO2, ont vu leur capacité drastiquement réduite. Les experts tirent la sonnette d'alarme, alors que cette baisse pourrait avoir des implications majeures pour la lutte contre le réchauffement climatique.



Les facteurs responsables de la diminution de l'absorption de carbone

Les forêts, tout comme les sols, constituent ce qu'on appelle des puits de carbone. Ces écosystèmes absorbent plus de CO2 qu'ils n'en émettent, aidant à réguler la quantité de gaz à effet de serre dans l'atmosphère. En 2023, cependant, cette capacité s’est vue considérablement réduite. Les incendies de forêts et les sécheresses, exacerbés par le réchauffement climatique, sont pointés du doigt comme les principales causes de cette défaillance.

Des incendies sans précédent ont ravagé des zones clés comme le Canada et la Sibérie, tandis que l’Amazonie a subi une sécheresse sévère de six mois, transformant temporairement le "poumon de la Terre" en émetteur net de carbone. En Europe, des sécheresses récurrentes affaiblissent les forêts depuis des années, menaçant de faire des forêts françaises des émettrices de CO2, à l’instar de l'Allemagne. Selon Philippe Ciais, chercheur au LSCE de Paris-Saclay et co-auteur de l’étude interrogé par La Croix, ce sont surtout les jeunes arbres qui absorbent le CO2, tandis que les arbres morts en émettent, accélérant ainsi le phénomène.
 

Conséquences pour les entreprises et la responsabilité sociétale

Cette situation représente un enjeu majeur pour les entreprises, particulièrement celles qui s'engagent dans des démarches de responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Les stratégies visant à compenser les émissions de CO2 par des projets de reforestation ou d'amélioration de la capacité d'absorption des forêts pourraient se voir compromises. Les experts alertent sur le fait que la répétition de ces phénomènes pourrait entraîner une augmentation drastique du CO2 dans l'atmosphère. Les émissions humaines ont augmenté de 1,1% en 2023, selon le Global Carbon Project, accentuant l'urgence de repenser les mécanismes de réduction et de compensation carbone.

Si cette tendance venait à se maintenir, elle pourrait fortement limiter l'efficacité des puits de carbone, amenant les climatologues à redouter des scénarios de réchauffement climatique parmi les plus pessimistes. Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) évoque une augmentation de 2,5 °C à 5,5 °C d'ici 2050, un niveau qui pourrait être atteint plus rapidement si les écosystèmes terrestres ne parviennent plus à absorber le carbone.

Les entreprises doivent dès lors redoubler d’efforts pour limiter leur empreinte écologique. Une révision de leurs engagements en matière de pollution, intégrant plus largement des actions de réduction directe des émissions plutôt que de se reposer sur des solutions compensatoires dont l’efficacité se trouve aujourd’hui menacée, pourrait bien être nécessaire.

 






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