Les échanges sur le gaz de schiste resteront encore longtemps houleux en France, tant la technique pour l’obtenir parait sujette à caution. A grands renforts d’études, de reportages, de témoignages de victimes de l’exploitation ou d’experts mandatés par les sociétés exploitantes, pro et anti s’opposent sans fin et sans qu’un semblant d’objectivité puisse émerger du débat. Que l’on soit pour ou contre, nous serons toujours taxés de subjectivité et de parti pris par l’autre camp, quand ce ne sera pas tout simplement des accusations de corruption ou de subornation de témoins. Le gaz de schiste divise au point de ne plus pouvoir être seulement un sujet de débat. Surement parce que c’est un sujet sur lequel tout le monde a raison et tort à la fois.
Nous pouvons tenir pour quasi certain que l’exploitation du gaz de schiste, rendant disponibles de grandes quantités d’énergies fossiles à bas coût, est une aubaine pour les économies qui ont fait ce choix. L’exploitation proprement dite est certainement génératrice d’emploi, puisque cette nouvelle source ne vient pas se substituer aux anciennes mais s’y ajouter. Pour forer et exploiter des dizaines de milliers de puits, il faut nécessairement une main d’œuvre nombreuse. De l’autre côté, il ne fait pas de doutes non plus que cette exploitation, comme toute exploitation de ressources naturelles, a un impact sur l’environnement. Nul besoin d’être ingénieur chimiste pour considérer qu’injecter dans le sol des millions de mètres cube d’eau, souillée de centaines de produits chimiques, est d’une part un gaspillage dérangeant et d’autre part un motif d’inquiétude pour la pollution des sols. A ces considérations s’ajoute le problème de voir le recours aux énergies fossiles génératrices de CO2 se poursuivre encore pendant des décennies : pourquoi investir dans les énergies renouvelables si le gaz reste aussi bon marché ?
Comme dans l’immense majorité des sujets rassemblant les thématiques écologiques et économiques, la question est de savoir si la croissance vaut le prix que nous la payons, ou plutôt la dette que nous engrangeons, puisque nous n’avons pas commencé à rembourser nos arriérés environnementaux. Si d’aucuns jugeront l’alarmisme écologiste autour du gaz de schiste un peu excessif, il pourra leur être répondu que l’enthousiasme autour des bénéfices de son exploitation s’est également un peu refroidi. D’une part, certains états américains commencent à réaliser que l’impact sur l’environnement n’est peut-être pas si bénin qu’annoncé par les lobbys pétroliers, et que la mobilisation continue de quelques victimes et opposants déterminés commencent à porter ses fruits auprès de l’opinion publique. D’autre part, le miracle économique a pris des proportions un peu moins bibliques qu’espérées. Certes, il y a de l’emploi et de la croissance, mais ce n’est pas le Deus ex Machina que certains prédisaient. Les recettes sont moins mirifiques que prévues et la facture environnementale commence à grimper, ne serait-ce qu’en frais judiciaires et en émoluments d’experts pour attester de l’innocuité des procédés. Au final, le gaz de schiste pourrait ne présenter de véritable intérêt économique que dans un contexte de capitalisme sauvage : en dehors de toutes normes environnementales contraignantes, son exploitation est économiquement très intéressante. En clair, en dehors d’une démocratie. Les Etats-Unis ne pourront pas empêcher longtemps de telles normes d’encadrer la production qui, du coup, deviendra moins rentable. Mais il ne fait pas de doute que le Chine et la Russie, entre autres, sauront faire prévaloir l’intérêt supérieur de la nation pour écraser toutes velléités de protestations des écologistes. C’est dans ces pays que pourra être évalué l’impact réel de l’exploitation du gaz de schiste, une fois qu’ils se seront décidés pour un tel choix énergétique. Mais il sera alors peut-être trop tard pour réparer les dégâts.
Du coup, ce n’est peut-être pas une si mauvaise idée que ça d’attendre en France qu’une solution autre que le fracking existe, même si dans l’idéal, il vaudrait mieux apprendre à se passer des énergies fossiles. On ne trouvera pas de façon d’exploiter écologiquement les gaz de schistes, malgré les vœux pieux de certain de nos ministres, mais on trouvera peut-être une manière de rendre cette exploitation acceptable par le plus grand nombre. Ce n’est pas le cas pour l’instant, et si cela ne devait pas arriver, alors il faudrait y renoncer. Mais gardons à l’esprit que nous risquons tout de même d’être des utilisateurs de gaz de schiste, le jour où les Etats-Unis accorderont les droits d’exportation. Cette hypothèse n’est pas si irréaliste, compte tenu des accords de libre-échange, en discussion entre le Vieux et le Nouveau Continent. N’oublions pas non plus que des entreprises françaises, Total en tête, se sont lancées avec succès dans l’exploitation des gaz de schiste aux Etats-Unis. Il serait souhaitable que le gouvernement ne tombe pas par idéologie dans le piège du passager clandestin, qui claironne d’un côté refuser de salir son jardin avec cette technique, mais qui ne s’offusque pas plus que cela d’aller mettre en pratique ce qu’il dénonce chez ses voisins. Le Président français a pourtant tout à gagner à réaliser ce grand écart : ne pas compromettre l’encombrant soutien des écologistes envers sa majorité, et fournir aux Français une énergie peu chère, dans un contexte de pouvoir d’achat en berne. Nul doute que la tentation doit être grande, mais la première priorité du gouvernement devrait plutôt être de donner un peu de cohérence à ses politiques.
Nous pouvons tenir pour quasi certain que l’exploitation du gaz de schiste, rendant disponibles de grandes quantités d’énergies fossiles à bas coût, est une aubaine pour les économies qui ont fait ce choix. L’exploitation proprement dite est certainement génératrice d’emploi, puisque cette nouvelle source ne vient pas se substituer aux anciennes mais s’y ajouter. Pour forer et exploiter des dizaines de milliers de puits, il faut nécessairement une main d’œuvre nombreuse. De l’autre côté, il ne fait pas de doutes non plus que cette exploitation, comme toute exploitation de ressources naturelles, a un impact sur l’environnement. Nul besoin d’être ingénieur chimiste pour considérer qu’injecter dans le sol des millions de mètres cube d’eau, souillée de centaines de produits chimiques, est d’une part un gaspillage dérangeant et d’autre part un motif d’inquiétude pour la pollution des sols. A ces considérations s’ajoute le problème de voir le recours aux énergies fossiles génératrices de CO2 se poursuivre encore pendant des décennies : pourquoi investir dans les énergies renouvelables si le gaz reste aussi bon marché ?
Comme dans l’immense majorité des sujets rassemblant les thématiques écologiques et économiques, la question est de savoir si la croissance vaut le prix que nous la payons, ou plutôt la dette que nous engrangeons, puisque nous n’avons pas commencé à rembourser nos arriérés environnementaux. Si d’aucuns jugeront l’alarmisme écologiste autour du gaz de schiste un peu excessif, il pourra leur être répondu que l’enthousiasme autour des bénéfices de son exploitation s’est également un peu refroidi. D’une part, certains états américains commencent à réaliser que l’impact sur l’environnement n’est peut-être pas si bénin qu’annoncé par les lobbys pétroliers, et que la mobilisation continue de quelques victimes et opposants déterminés commencent à porter ses fruits auprès de l’opinion publique. D’autre part, le miracle économique a pris des proportions un peu moins bibliques qu’espérées. Certes, il y a de l’emploi et de la croissance, mais ce n’est pas le Deus ex Machina que certains prédisaient. Les recettes sont moins mirifiques que prévues et la facture environnementale commence à grimper, ne serait-ce qu’en frais judiciaires et en émoluments d’experts pour attester de l’innocuité des procédés. Au final, le gaz de schiste pourrait ne présenter de véritable intérêt économique que dans un contexte de capitalisme sauvage : en dehors de toutes normes environnementales contraignantes, son exploitation est économiquement très intéressante. En clair, en dehors d’une démocratie. Les Etats-Unis ne pourront pas empêcher longtemps de telles normes d’encadrer la production qui, du coup, deviendra moins rentable. Mais il ne fait pas de doute que le Chine et la Russie, entre autres, sauront faire prévaloir l’intérêt supérieur de la nation pour écraser toutes velléités de protestations des écologistes. C’est dans ces pays que pourra être évalué l’impact réel de l’exploitation du gaz de schiste, une fois qu’ils se seront décidés pour un tel choix énergétique. Mais il sera alors peut-être trop tard pour réparer les dégâts.
Du coup, ce n’est peut-être pas une si mauvaise idée que ça d’attendre en France qu’une solution autre que le fracking existe, même si dans l’idéal, il vaudrait mieux apprendre à se passer des énergies fossiles. On ne trouvera pas de façon d’exploiter écologiquement les gaz de schistes, malgré les vœux pieux de certain de nos ministres, mais on trouvera peut-être une manière de rendre cette exploitation acceptable par le plus grand nombre. Ce n’est pas le cas pour l’instant, et si cela ne devait pas arriver, alors il faudrait y renoncer. Mais gardons à l’esprit que nous risquons tout de même d’être des utilisateurs de gaz de schiste, le jour où les Etats-Unis accorderont les droits d’exportation. Cette hypothèse n’est pas si irréaliste, compte tenu des accords de libre-échange, en discussion entre le Vieux et le Nouveau Continent. N’oublions pas non plus que des entreprises françaises, Total en tête, se sont lancées avec succès dans l’exploitation des gaz de schiste aux Etats-Unis. Il serait souhaitable que le gouvernement ne tombe pas par idéologie dans le piège du passager clandestin, qui claironne d’un côté refuser de salir son jardin avec cette technique, mais qui ne s’offusque pas plus que cela d’aller mettre en pratique ce qu’il dénonce chez ses voisins. Le Président français a pourtant tout à gagner à réaliser ce grand écart : ne pas compromettre l’encombrant soutien des écologistes envers sa majorité, et fournir aux Français une énergie peu chère, dans un contexte de pouvoir d’achat en berne. Nul doute que la tentation doit être grande, mais la première priorité du gouvernement devrait plutôt être de donner un peu de cohérence à ses politiques.