Pourquoi avoir fait le choix de prendre le contre-pied des nouveaux courants de pensée ?
Aujourd'hui, chaque jour qui passe voit l'écologisme progresser sur l'échiquier politique et dans les médias. On entend par écologisme la récupération politique de la science de l'environnement. Il est plus que jamais vital de s'opposer à cette idéologie pour trois raisons que nous expliquons dans "Greta a tué Einstein". La première est qu'elle a contribué à dénigrer la vision prométhéenne de la science et de la technologie en s'en prenant à ses totems. La seconde est que la transition écologique qu'on nous vend est moins fondée sur des arguments scientifiques que sur du marketing vert (notamment au travers d'un label que nous avons appelé made in Nature) et du coup nous vend de fausses solutions. La dernière est la plus dangereuse : c'est la dystopie verte dans laquelle l'écologisme piloterait chacun de nos faits et gestes et déterminerait toutes les étapes de notre vie de la naissance à la mort en passant par la vieillesse, faisant de chacune de nos existence une variable du tableur Excel des catastro-scientistes.
N'avez-vous pas peur d'une volée de bois vert par les écologistes ?
C’est aux scientifiques de montrer que leurs découvertes, leurs innovations sont compatibles avec un environnement meilleur et n’ont absolument rien de contre-nature. Or certains ne cessent de dénigrer cette capacité… on voit pourtant les conséquences néfastes d’une mauvaise politique scientifique. Récemment, la Ministre de l’environnement Barbara Pompili a parlé de possibles black-out cet hiver. Les défenseurs de la filières nucléaires ont rappelé justement que les politiques avaient voulu sans raison la fermeture de Fessenheim et qu’a contrario on donnait de plus en plus d’importance aux ENR qui ne nous donnent pas d’autonomie… bel exemple qui montre le danger de laisser le pouvoir à l’écologisme.
On entend souvent parler d'effondrement, de « collapsologie », ces mots font peur, mais la menace est-elle réelle ?
L'écologie est-elle devenue nécessairement punitive ?
Prenons par exemple le sujet des OGM. Les anti-OGM ont voulu faire interdire les plantes génétiquement modifiées car ils percevaient, à travers cette innovation scientifique qui avait recours à la transgenèse, une transgression de la barrière des espèces. C'est un biais dû à une vision idéologique. Aujourd'hui, une nouvelle technologie baptisée "Crispr-Cas9" permet de modifier le vivant sans avoir nécessairement recours à la transgenèse. Emmanuelle Charpentier a reçu le prix Nobel pour ses travaux à ce sujet.
On pourrait donc penser que l'opposition idéologique aux OGM n'a plus lieu d'être. Hélas, rien n'y fait et les opposants continuent de s'opposer et de vouloir interdire la technologie. La France, en continuant de vouloir faire interdire une technologie alors que celle-ci apporte de nouvelles solutions, mérite, elle, le prix Nobel d'idéologie .
La Convention Citoyenne d'Emanuel Macron est-elle une avancée ou bien est-elle un nivellement par le bas ?
Ainsi, il est beaucoup plus facile de monter un collectif anti-onde qui s'en prend aux antennes relais mais pas aux téléphones mobiles. On veut que l'antenne relais soit dans le jardin du voisin, mais on veut aussi un smartphone qui a un plus grand écran que le sien. Tout ceci montre à quel point il est essentiel d'ouvrir le débat sur tous ces sujets. On ne peut faire cela sans investir dans l'information et la vulgarisation. Mais le plus important reste d'encourager le débat contradictoire.
Or, de nombreux scientifiques se sont plaints de ne pas avoir été invités pour défendre leur point de vue lors de la Convention citoyenne. Il semblerait même que les ONG écologistes aient été essentiellement représentées. De ce fait, par exemple, la solution du nucléaire a été totalement laissée de côté, alors qu'elle est la meilleure solution pour disposer d'une énergie totalement décarbonée, tel qu'il est souhaitable. On aurait pu inviter également des représentants des biotechnologies ou encore de l'agriculture intelligente. Et tous auraient pu démontrer que leurs innovations allaient dans le bon sens et n'étaient pas contraires au respect de l'environnement tout en servant les intérêts de l'humanité. Les citoyens n'ont été confrontés qu'aux points de vues de ceux qui s'opposent à ces solutions. Comment peuvent-ils se faire une idée et débattre convenablement ?
Pour répondre à votre question, je pense qu'il n'était pas tout à fait inutile de faire descendre la science de son piédestal et de lui demander de rendre des comptes sur ce qu'elle fait, notamment sur cette affirmation péremptoire qui est que « l'homme est maitre et possesseur de la nature ». Mais, hélas, il semble que l'on ait manqué tellement d'étapes et que l'on se dirige à contre-sens d'une véritable évolution. De ce fait, nous n'avons réussi qu'à niveler le débat par le bas. C'est bien dommage.