Avance rapide, avant même de devenir l’actuel Chef d’État-major des Armées, Thierry Burkhard, alors à la tête de l’Armée de Terre prévenait du retour imminent de conflits sur le sol européen et, par la même occasion, du concept de haute intensité. La France, si elle a professionnalisé, modernisé et équipé son armée pour devenir la première ligne de défense de l’Union européenne, ne peut faire face seule à un éventuel agresseur.
Dans ces deux cas, les non-initiés à l’anticipation se trouvent donc surpris par ces évènements qui secouent l’Europe et que moins de 90 ans séparent. Et pourtant, nous avons eu le temps d’apprendre, d’analyser, identifier les points à améliorer, optimiser. Mais lisons les bons signaux.
L’espace cyber semble pâtir des mêmes maux. Et ce n’est probablement pas un hasard si l’Armée s’est également emparée du sujet.
Le cyber, mélange d’informatique et de télécoms, est une notion apparue il y a quarante ans et qui, indiscutablement, fait entièrement partie de nos vies. Qu’on le veuille ou non, qu’on le réalise ou pas.
Et, tout comme dans le monde physique, cela fait bien des années que de véritables experts alertent sur les risques liés à cet espace numérique qui semble dématérialisé, mais qui est bien connecté au matériel.
Le conflit qui agite le cœur de l’Europe aujourd’hui fait réaliser aux populations que le champ de bataille s’étend sur les réseaux sociaux et pourrait bien déborder sur des applications bien plus critiques.
Dépendance au cyberespace
En effet, la croissance du cyberespace au cours des dernières décennies nous permet de gérer la logistique internationale, réaliser des transactions financières, piloter l’agriculture grâce à des applications météorologiques connectées aux outils aux outils de semence et de culture, placer des paris sur un match de foot, jouer au poker en ligne, partager ses photos et vidéos pour rester dans la tendance, écouter ses titres préférés grâce à une radio en streaming, vérifier l’état des remboursements de ses soins… bref, le cyberespace est notre compagnon du quotidien, bien pratique.
Mais aussi un risque tant nous sommes devenus dépendants à sa chaine de valeurs.
En réaction aux ambitions belliqueuses d’un dirigeant politique, les autres dirigeants décident de geler les mouvements financiers de ses soutiens et amis. Peut-on croire un seul instant qu’aucune contre-mesure ne viendra troubler notre confort ?
Notre dépendance, voulue ou non, au monde dématérialisé est telle qu’empêcher la diffusion de la nouvelle saison d’une série en vogue ou interrompre les communications entre les distributeurs de billets et les banques va vite devenir gênant.
Et ensuite ? Si ça ne suffit pas, ou se place le curseur de l’attaque cyber qui blesse une Nation ?
Ou s’arrête l’agression de l’internet de confort et où commence l’attaque des infrastructures sensibles et stratégiques ?
Informatique dans les nuages ou juste brume numérique ?
Les exemples de plateformes de services en lignes qui cherchent à alerter sur la situation en coupant leurs services ne manquent ces derniers jours.
Plutôt discutable d’un point de vue éthique, cela a au moins le mérite d’attirer l’attention sur notre dépendance aux services liés à l’informatique dite « dans le nuage ».
Ne vous inquiétez pas de la puissance de calcul ni du volume de stockage nécessaire, le service fourni ainsi que vos données ne sont pas traités par votre ordinateur, encore moins par votre smartphone.
Mais alors où ? C’est là que l’utilisateur se retrouve dans la brume, sans contrôle ni possibilité d’influencer.
De fait, comme pour la mondialisation, aucun problème tant que cela est confortable. Et, de même que les échanges commerciaux internationaux sont progressivement devenus un moyen de pression pour faire taire les pays clients qui souhaiteraient élever la voix lorsqu’un pays fournisseur a quelque velléité expansionniste, le cyberespace est devenu un outil d’isolement des consommateurs innocents dans une zone de conflit sans que les utilisateurs impuissants de la zone confortable ne puissent s’offusquer.
Premièrement parce que les dirigeants de ces fournisseurs de services ne demandent pas leur avis aux utilisateurs (qui pourtant paient un abonnement).
Ensuite parce que le centre d’influence et de décision politique derrière le siège de ces sociétés n’est pas situé où se trouvent les consommateurs.
Et on ne parle pas encore d’incursions sur nos infrastructures de production, de transport et de livraison d’énergie ou de télécommunications.
Dans le monde de la donnée dématérialisée, nous avons confié nos données à l’extérieur par confort, perdu le contrôle par facilité, abandonné notre pouvoir d’influence économique par naïveté.
De la même manière que le cyber est désormais totalement intégré à la doctrine militaire, l’économie numérique doit, de toute urgence, intégrer les grands principes de souveraineté, à savoir de maîtrise, d’influence et de pouvoir indépendants et autonomes.
Une inversion de la mondialisation est-elle possible ?
En disant cela, on ne règle pas tous les problèmes.
En effet, on le voit bien avec les discours relatifs au recours à la relocalisation et la réindustrialisation de notre territoire : le risque inverse est de diaboliser la mondialisation (et ses bénéfices) avec pour effet un certain repli forcément néfaste pour une nation qui voudrait distribuer à l’international ses marchandises et ses services autant que ses valeurs.
Le jeu, si cela peut être qualifié ainsi, consiste à développer des services de confort autant que stratégiques en mesure de concurrencer les plateformes étrangères afin d’offrir une véritable diversité, une réelle concurrence, mais surtout un contrôle des infrastructures et des données qui placeraient la préférence nationale / européenne au niveau de l’intérêt national / européen et hors de la sphère politicienne.
Accéder à nos données de santé, à nos films préférés, à un site de mode ou de commande de repas ne peut pas être une mesure pesant dans une balance dans laquelle Français et Européens ne pèseraient, eux, rien.
Il est impératif d’offrir à la France et l’Europe un environnement dans lequel l’industrie numérique devient un bouclier autant qu’un outil, à l’instar de l’approvisionnement en matières premières ou en énergie. Ce serait enfin le signe que nous avons appris de nos erreurs et que nous n’ignorons plus les avertissements des sachants.
Dans ces deux cas, les non-initiés à l’anticipation se trouvent donc surpris par ces évènements qui secouent l’Europe et que moins de 90 ans séparent. Et pourtant, nous avons eu le temps d’apprendre, d’analyser, identifier les points à améliorer, optimiser. Mais lisons les bons signaux.
L’espace cyber semble pâtir des mêmes maux. Et ce n’est probablement pas un hasard si l’Armée s’est également emparée du sujet.
Le cyber, mélange d’informatique et de télécoms, est une notion apparue il y a quarante ans et qui, indiscutablement, fait entièrement partie de nos vies. Qu’on le veuille ou non, qu’on le réalise ou pas.
Et, tout comme dans le monde physique, cela fait bien des années que de véritables experts alertent sur les risques liés à cet espace numérique qui semble dématérialisé, mais qui est bien connecté au matériel.
Le conflit qui agite le cœur de l’Europe aujourd’hui fait réaliser aux populations que le champ de bataille s’étend sur les réseaux sociaux et pourrait bien déborder sur des applications bien plus critiques.
Dépendance au cyberespace
En effet, la croissance du cyberespace au cours des dernières décennies nous permet de gérer la logistique internationale, réaliser des transactions financières, piloter l’agriculture grâce à des applications météorologiques connectées aux outils aux outils de semence et de culture, placer des paris sur un match de foot, jouer au poker en ligne, partager ses photos et vidéos pour rester dans la tendance, écouter ses titres préférés grâce à une radio en streaming, vérifier l’état des remboursements de ses soins… bref, le cyberespace est notre compagnon du quotidien, bien pratique.
Mais aussi un risque tant nous sommes devenus dépendants à sa chaine de valeurs.
En réaction aux ambitions belliqueuses d’un dirigeant politique, les autres dirigeants décident de geler les mouvements financiers de ses soutiens et amis. Peut-on croire un seul instant qu’aucune contre-mesure ne viendra troubler notre confort ?
Notre dépendance, voulue ou non, au monde dématérialisé est telle qu’empêcher la diffusion de la nouvelle saison d’une série en vogue ou interrompre les communications entre les distributeurs de billets et les banques va vite devenir gênant.
Et ensuite ? Si ça ne suffit pas, ou se place le curseur de l’attaque cyber qui blesse une Nation ?
Ou s’arrête l’agression de l’internet de confort et où commence l’attaque des infrastructures sensibles et stratégiques ?
Informatique dans les nuages ou juste brume numérique ?
Les exemples de plateformes de services en lignes qui cherchent à alerter sur la situation en coupant leurs services ne manquent ces derniers jours.
Plutôt discutable d’un point de vue éthique, cela a au moins le mérite d’attirer l’attention sur notre dépendance aux services liés à l’informatique dite « dans le nuage ».
Ne vous inquiétez pas de la puissance de calcul ni du volume de stockage nécessaire, le service fourni ainsi que vos données ne sont pas traités par votre ordinateur, encore moins par votre smartphone.
Mais alors où ? C’est là que l’utilisateur se retrouve dans la brume, sans contrôle ni possibilité d’influencer.
De fait, comme pour la mondialisation, aucun problème tant que cela est confortable. Et, de même que les échanges commerciaux internationaux sont progressivement devenus un moyen de pression pour faire taire les pays clients qui souhaiteraient élever la voix lorsqu’un pays fournisseur a quelque velléité expansionniste, le cyberespace est devenu un outil d’isolement des consommateurs innocents dans une zone de conflit sans que les utilisateurs impuissants de la zone confortable ne puissent s’offusquer.
Premièrement parce que les dirigeants de ces fournisseurs de services ne demandent pas leur avis aux utilisateurs (qui pourtant paient un abonnement).
Ensuite parce que le centre d’influence et de décision politique derrière le siège de ces sociétés n’est pas situé où se trouvent les consommateurs.
Et on ne parle pas encore d’incursions sur nos infrastructures de production, de transport et de livraison d’énergie ou de télécommunications.
Dans le monde de la donnée dématérialisée, nous avons confié nos données à l’extérieur par confort, perdu le contrôle par facilité, abandonné notre pouvoir d’influence économique par naïveté.
De la même manière que le cyber est désormais totalement intégré à la doctrine militaire, l’économie numérique doit, de toute urgence, intégrer les grands principes de souveraineté, à savoir de maîtrise, d’influence et de pouvoir indépendants et autonomes.
Une inversion de la mondialisation est-elle possible ?
En disant cela, on ne règle pas tous les problèmes.
En effet, on le voit bien avec les discours relatifs au recours à la relocalisation et la réindustrialisation de notre territoire : le risque inverse est de diaboliser la mondialisation (et ses bénéfices) avec pour effet un certain repli forcément néfaste pour une nation qui voudrait distribuer à l’international ses marchandises et ses services autant que ses valeurs.
Le jeu, si cela peut être qualifié ainsi, consiste à développer des services de confort autant que stratégiques en mesure de concurrencer les plateformes étrangères afin d’offrir une véritable diversité, une réelle concurrence, mais surtout un contrôle des infrastructures et des données qui placeraient la préférence nationale / européenne au niveau de l’intérêt national / européen et hors de la sphère politicienne.
Accéder à nos données de santé, à nos films préférés, à un site de mode ou de commande de repas ne peut pas être une mesure pesant dans une balance dans laquelle Français et Européens ne pèseraient, eux, rien.
Il est impératif d’offrir à la France et l’Europe un environnement dans lequel l’industrie numérique devient un bouclier autant qu’un outil, à l’instar de l’approvisionnement en matières premières ou en énergie. Ce serait enfin le signe que nous avons appris de nos erreurs et que nous n’ignorons plus les avertissements des sachants.
Bertrand GUÉZEL
Managing director
Decknet
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