L’idée n’est pas nouvelle mais c’est seulement le deuxième programme de ce type. « Les différentes technologies nucléaires devraient faciliter la conquête spatiale en raccourcissant considérablement les temps de trajets. Une division de l'innovation de l'armée américaine vient de passer contrat avec deux entreprises spécialisées dans la fission et la fusion nucléaire pour tester des systèmes de propulsion nucléo-thermique. Le 17 mai 2022, Ultra Safe Nuclear et Avalanche Energy, deux entreprises de la filière du nucléaire ont signé un contrat avec la Defense Innovation Unit (DIU), l'équivalent américain de l'Agence Innovation Défense. L'objectif est de développer des prototypes de véhicules spatiaux à propulsion nucléo-thermique qui seront testés en orbite en 2027 » explique la Société française de l’énergie nucléaire (SFEN).
Les deux entreprises qui développent cette technologie et qui ont été sélectionnées développent deux procédés différents. « La propulsion nucléo-thermique présente l'intérêt de doubler l'impulsion spécifique du véhicule spatial, l'équivalent de diviser par deux sa consommation en carburant pour une voiture. Cette méthode de propulsion ne se fait pas au détriment de la poussée puisqu'elle est similaire aux systèmes chimiques. La propulsion nucléo-thermique permettrait ainsi de diviser par deux la durée du trajet pour Mars, prenant actuellement six à neuf mois. Le rayonnement spatial étant de 1,85 mSv/jour, ce raccourcissement diminuerait grandement la dose équivalente reçue par les astronautes », continue le communiqué de la SFEN.
Outre cette division de l’armée américaine, d’autres entités étatsuniennes se penchent sérieusement sur la propulsion nucléo-thermique, poursuit le texte : « Tout d'abord la Nasa qui a demandé au congrès un budget de 15 millions de dollars pour 2023 afin de développer cette technologie. Ensuite la Darpa, l'équivalent américain de la Direction générale de l'armement (DGA), a annoncé le 4 mai 2022 vouloir designer et construire un prototype qui sera testé en orbite en 2026. La Nasa avait déjà travaillé sur un projet de propulsion nucléo-thermique nommé Nerva et avait réalisé des essais au sol dans la fin des années 60. Au regard de l'intérêt des États-Unis pour l'exploration martienne, tout porte à croire que cette conquête sera nucléaire. »