Fleur d'Edo - Estampe par Kitagawa Utamaro (1800)
Le Japon est une société conservatrice à plus d’un titre. La place des femmes au travail, sujet sensible dans de nombreux pays, semble faire relativement consensus au sein des élites et des décideurs japonais. Pour les hommes, la place de la femme japonaise est avant tout au foyer familial. Mais c’est aussi le cas d’une bonne partie des Japonaises elles-mêmes. Entre obsession de l’innovation et fierté de l’héritage culturel, le Japon passerait presque pour un pays schizophrène.
Mais l’organisation japonaise du travail est en proie à un profond bouleversement : non seulement le pays connaît des difficultés économiques majeures, comme l’a expliqué Christine Lagarde en octobre 2012, et la femme pourrait participer au redressement économique, mais surtout, les projections démographiques sont absolument alarmantes. Ainsi, le pourcentage de population active dans la population totale ne cesse de décliner, et devrait passer sous le seuil des 59 % d’ici à 2030.
La dette publique de la troisième puissance économique mondiale a atteint après la catastrophe de Fukushima plus de 200 % de son produit intérieur brut (PIB). Une mobilisation massive des femmes permettrait, outre le fait de dynamiser de manière décisive une croissance mise à mal par la crise financière (les projections idéales de Goldman Sachs prévoient dans le cas d’une meilleure intégration des femmes dans le monde du travail un bon de près de 15 % du PIB), d’augmenter de 8 millions d’individus la population active.
Là encore, devant le refus du Japon de faire appel à une immigration massive visant à garantir une réserve de main d’œuvre suffisante, comme en Europe ou en Amérique du Nord, tant les questions, d’identité et de nationalisme sont sensible, les femmes vont être la cible d’une série de mesures issues des négociations entre partenaires sociaux et gouvernement. Le souhait du premier ministre conservateur Shinzo Abe est de combler au maximum le retard pris par le Japon vis-à-vis de la moyenne des pays de l’OCDE.
Et le retard est plus que conséquent : le dernier rapport sur les inégalités entre les sexes produit par le Forum Economique Mondial (FEM) place le Japon au 101e rang sur 135 pays répertoriés. Dans le détail du classement, on constate même qu’il occupe la 110e place en termes d’implication des femmes dans la vie politique, et la 81e en ce qui concerne l’éducation.
En outre, le Japon va devoir redoubler d’effort, surtout du point de vue des mentalités : si les lois allant dans le sens d’une politique nataliste et de la protection salariale se sont multipliées depuis 1985 et la première loi sur l’égalité hommes-femmes, il manque une véritable volonté d’agir à une société dans laquelle 7 femmes sur 10 cessent de travailler après leur premier enfant.
Alors, le défi serait-il trop difficile à relever pour Shinzo Abe ? Car il s’agît tout de même de parvenir à faire cesser la chute démographique tout en encourageant les femmes à poursuivre une activité professionnelle, ce qui ne semble pas être une mince affaire. Si ce plan est appliqué avec succès, peut-être le regard de la société japonaise sur la place de la femme en sera-t-il profondément bouleversé. Et alors le pas du toyotisme et de la robotique aura-t-il atteint un nouveau degré de modernité.
Le travail des femmes au Japon, simple variable d’ajustement de la croissance, ou véritable changement de société ? Du point de vue économique, cependant, ce projet est tout simplement vital. Si, effectivement, ce n’est pas un changement de mentalité ayant entraîné des revendications particulières de la part des Nippones qui modifiera leur place dans une société conservatrice, les difficultés économiques et démographiques s’en chargeront pour elles.
Le Japon n’a peut-être pas connu Louise Michel, mais on peut affirmer que les mesures entreprises, aussi dictées soient-elles par l’impératif de croissance, sont relativement ambitieuses, en particulier lorsque l’on regarde d’où part l’archipel. L’optimisme est-il de rigueur quant à l’application de cette nouvelle politique, en rupture totale avec la conception antérieure de la division sexuelle du travail ? Sans doute, oui. On peut en revanche être plus sceptiques quant à la volonté des Japonais de faciliter véritablement l’accès aux postes à responsabilités aux femmes, en entreprise comme en politique, tout en tentant d’enrayer une crise démographique sans précédent.
Mais l’organisation japonaise du travail est en proie à un profond bouleversement : non seulement le pays connaît des difficultés économiques majeures, comme l’a expliqué Christine Lagarde en octobre 2012, et la femme pourrait participer au redressement économique, mais surtout, les projections démographiques sont absolument alarmantes. Ainsi, le pourcentage de population active dans la population totale ne cesse de décliner, et devrait passer sous le seuil des 59 % d’ici à 2030.
La dette publique de la troisième puissance économique mondiale a atteint après la catastrophe de Fukushima plus de 200 % de son produit intérieur brut (PIB). Une mobilisation massive des femmes permettrait, outre le fait de dynamiser de manière décisive une croissance mise à mal par la crise financière (les projections idéales de Goldman Sachs prévoient dans le cas d’une meilleure intégration des femmes dans le monde du travail un bon de près de 15 % du PIB), d’augmenter de 8 millions d’individus la population active.
Là encore, devant le refus du Japon de faire appel à une immigration massive visant à garantir une réserve de main d’œuvre suffisante, comme en Europe ou en Amérique du Nord, tant les questions, d’identité et de nationalisme sont sensible, les femmes vont être la cible d’une série de mesures issues des négociations entre partenaires sociaux et gouvernement. Le souhait du premier ministre conservateur Shinzo Abe est de combler au maximum le retard pris par le Japon vis-à-vis de la moyenne des pays de l’OCDE.
Et le retard est plus que conséquent : le dernier rapport sur les inégalités entre les sexes produit par le Forum Economique Mondial (FEM) place le Japon au 101e rang sur 135 pays répertoriés. Dans le détail du classement, on constate même qu’il occupe la 110e place en termes d’implication des femmes dans la vie politique, et la 81e en ce qui concerne l’éducation.
En outre, le Japon va devoir redoubler d’effort, surtout du point de vue des mentalités : si les lois allant dans le sens d’une politique nataliste et de la protection salariale se sont multipliées depuis 1985 et la première loi sur l’égalité hommes-femmes, il manque une véritable volonté d’agir à une société dans laquelle 7 femmes sur 10 cessent de travailler après leur premier enfant.
Alors, le défi serait-il trop difficile à relever pour Shinzo Abe ? Car il s’agît tout de même de parvenir à faire cesser la chute démographique tout en encourageant les femmes à poursuivre une activité professionnelle, ce qui ne semble pas être une mince affaire. Si ce plan est appliqué avec succès, peut-être le regard de la société japonaise sur la place de la femme en sera-t-il profondément bouleversé. Et alors le pas du toyotisme et de la robotique aura-t-il atteint un nouveau degré de modernité.
Le travail des femmes au Japon, simple variable d’ajustement de la croissance, ou véritable changement de société ? Du point de vue économique, cependant, ce projet est tout simplement vital. Si, effectivement, ce n’est pas un changement de mentalité ayant entraîné des revendications particulières de la part des Nippones qui modifiera leur place dans une société conservatrice, les difficultés économiques et démographiques s’en chargeront pour elles.
Le Japon n’a peut-être pas connu Louise Michel, mais on peut affirmer que les mesures entreprises, aussi dictées soient-elles par l’impératif de croissance, sont relativement ambitieuses, en particulier lorsque l’on regarde d’où part l’archipel. L’optimisme est-il de rigueur quant à l’application de cette nouvelle politique, en rupture totale avec la conception antérieure de la division sexuelle du travail ? Sans doute, oui. On peut en revanche être plus sceptiques quant à la volonté des Japonais de faciliter véritablement l’accès aux postes à responsabilités aux femmes, en entreprise comme en politique, tout en tentant d’enrayer une crise démographique sans précédent.