Le modèle rationaliste
W. Richard Scott
La perspective rationaliste se traduit par des objectifs prédéterminés et la mise en œuvre d’actions conçues et agencées, de façon à obtenir la plus grande efficience. Les systèmes rationnels sont considérés comme des logiques organisationnelles qui sont consciemment façonnées et moulées pour atteindre un objectif prédéfini (Scott, 2003). Selon cette conception, l’organisation est abordée de façon rationnelle et normative, à l’instar d’une « machine » qu’il faut agencer rationnellement, conformément à des règles préétablies, présentées comme des solutions fiables et reproductibles. Cette vision mécanique de l’organisation conduit à l’établissement d’un ordre impersonnel, où les comportements et relations entre acteurs sont voués à l’accomplissement de tâches, à l’exclusion de toute considération politique ou sociale (absence d’interactions). Le système devient une force autonome qui déroule sa logique propre, à partir de règles prédéfinies.
Selon cette conception, l’organisation peut se réduire à un ensemble mécanique de rouages, assemblés en vue de répondre chacun à un objectif spécifique. L’individu s’assimile ici à un agent technique au raisonnement essentiellement économique dont la seule motivation est l’augmentation de ses gains financiers. L’individu se voit ôté toute manifestation sensorielle ou émotionnelle, ayant peu de prise sur le modèle dans il lequel évolue. Cette conception délibérée de l’organisation ne tient par conséquent pas compte des interactions entre les individus et l’organisation. Elle fait abstraction des problèmes de cultures, de pouvoir ou des motivations personnelles au profit d’un système formel autour de relations codifiées centrées sur la réalisation d’objectifs clairs et précis. Le système rationaliste privilégie donc une démarche technico-économique, où l’on retire toute disposition d’ordre affectif ou cognitif, pour devenir un instrument optimal au service de la productivité et de la rentabilité de l’entreprise (Barabel, Meier, 2015).
Selon cette conception, l’organisation peut se réduire à un ensemble mécanique de rouages, assemblés en vue de répondre chacun à un objectif spécifique. L’individu s’assimile ici à un agent technique au raisonnement essentiellement économique dont la seule motivation est l’augmentation de ses gains financiers. L’individu se voit ôté toute manifestation sensorielle ou émotionnelle, ayant peu de prise sur le modèle dans il lequel évolue. Cette conception délibérée de l’organisation ne tient par conséquent pas compte des interactions entre les individus et l’organisation. Elle fait abstraction des problèmes de cultures, de pouvoir ou des motivations personnelles au profit d’un système formel autour de relations codifiées centrées sur la réalisation d’objectifs clairs et précis. Le système rationaliste privilégie donc une démarche technico-économique, où l’on retire toute disposition d’ordre affectif ou cognitif, pour devenir un instrument optimal au service de la productivité et de la rentabilité de l’entreprise (Barabel, Meier, 2015).
La perspective naturaliste
La perspective naturaliste considère quant à elle que les organisations sont avant tout des collectivités qui s’efforcent de s’adapter et de survivre aux difficultés qu’elles rencontrent (Scott, 2003). Les organisations ne doivent donc pas être considérées comme des moyens au service de fins qui leur seraient assignées. Elles sont avant tout des fins pour elles-même. L’approche naturaliste aborde par conséquent l’organisation comme un système organique. La survie du système est considérée comme l'objectif principal, et l’adaptation comme le moyen à partir duquel l’organisation peut continuer à se développer. Alors que dans le modèle rationaliste, l’accord est systématiquement recherché (uniformisation – consensus) au service d’objectifs clairs, la perspective naturaliste privilégie la diversité, le dissensus, la libre initiative et les actions coopératives en laissant une large part aux phénomènes émergents. L’organisation se présente donc comme un système dynamique entre plusieurs acteurs, dans lequel les interactions socioculturelles et le développement des compétences contribuent au fonctionnement de l’organisation. L’organisation est donc ici le résultat de rapports entre des relations diverses et des intérêts multiples, qui en font un système plus riche que le modèle rationaliste, mais également plus complexe ("where there exists an informal structure and goal complexity") compte tenu des dynamiques à l’œuvre au sein de l’organisation.
Modèle ouvert versus fermé
Une distinction peut aussi être faite entre « modèle fermé » et « modèle ouvert », en mettant ici au centre de l’analyse, l’action et l’incidence du milieu environnant sur le développement des organisations. En effet, alors que le modèle fermé mettra en avant la cohérence et la conformité au système en place (stabilité, uniformité, cohérence interne), le système ouvert insiste sur l’influence de l’environnement. Les buts sont négociés de façon continue entre des groupes aux intérêts divergents. Selon cette acceptation de l'organisation, l’entreprise est ici conçue, étudiée et analysée dans une vision globale, où l’organisation et son milieu sont engagés dans une forme de co-création (co-production), où chacun contribue à produire avec l’autre.
Les modèles naturalistes ouverts
Certains travaux (Gomes et Gomes, 2007) mettent en avant un lien entre les modèles ouvert et naturaliste. L’intérêt d’une approche combinatoire est de montrer que les organisations résultent à la fois de caractéristiques sociales, culturelles et environnementales (Oliver, 1991). La perspective d’un système naturaliste ouvert tend en effet à considérer que les organisations sont avant tout des collectivités humaines qui s’efforcent de s’adapter et de survivre, en fonction de la nature des intérêts concernés et de l’évolution de l’environnement, en prenant également en compte le contexte économique, politique et institutionnel. Selon cette perspective, il s’agit donc de systèmes actifs qui construisent leur propre devenir, en essayant de faire face aux menaces externes et de saisir au mieux les opportunités qui s’offrent à elles, en ayant si besoin recours à l’extérieur (réseau d’alliances, coopérations, partenariats). Dans ce système, contrairement à l'approche rationaliste, l’exploration prime sur l’exploitation (Koenig, Meier, 2001): la perspective naturaliste ouverte invite à considérer l'organisation comme le siège de flux (internes et externes) et de transformations permanentes. Un tel système, en misant sur la diversité des points de vue, l’ouverture et l’adaptation externe, tend ainsi à favoriser l’apprentissage collectif et l’innovation.
Conclusion
Les travaux de R.W. Scott enrichissent par conséquent notre lecture des organisations, en mettant en exergue les différentes sources à l’origine du fonctionnement des entreprises, selon la nature du rapport entre les acteurs à l’intérieur et à l’extérieur de l’organisation (Scott, 2014). Ils mettent également en lumière les limites du modèle rationaliste. En effet, le développement des activités et la recherche d’efficacité s'accommodent mal de principes purement rationnels. Ils doivent bien souvent composer avec la réalité des organisations et les jeux politiques et institutionnels (Meier et al., 2018).
Pour aller plus loin
Scott, R. W., Organizations - rational, natural and open system perspectives. Upper Saddle River, NJ: Pearson Prentice Hall, 2003.
Scott, W. R., Institutions and organizations. Sage Publications, 4 th Edition, 2014.
Scott, W. R., Institutions and organizations. Sage Publications, 4 th Edition, 2014.
Meier O. et al., "Les choix stratégiques dans le cadre de contrats extractifs internationaux", Management international, Vol. 22, 2018, p.42-55.
Meier O., "L'apport des sciences sociales dans le champ de la gestion", Cahier DRM, 2016.
Meier O. et al., "Dynamiques à l'oeuvre dans les choix extractifs internationaux", 6ème Conférence Atlas-Afmi, Nice, 2016.
Meier O., "L’articulation Droit -Gestion - Sociologie", Séminaire FMSH, 2015.
Meier O., Barabel M., Manageor, Editions Dunod, 3ème éd., 2015.
Meier O., Koenig G. "Acquisitions de symbiose: les inconvénients d'une approche rationaliste", M@n@gement, vol. 4, 2001, p.23-45.
Meier O., "L'apport des sciences sociales dans le champ de la gestion", Cahier DRM, 2016.
Meier O. et al., "Dynamiques à l'oeuvre dans les choix extractifs internationaux", 6ème Conférence Atlas-Afmi, Nice, 2016.
Meier O., "L’articulation Droit -Gestion - Sociologie", Séminaire FMSH, 2015.
Meier O., Barabel M., Manageor, Editions Dunod, 3ème éd., 2015.
Meier O., Koenig G. "Acquisitions de symbiose: les inconvénients d'une approche rationaliste", M@n@gement, vol. 4, 2001, p.23-45.