Hausse des rémunérations de plus en plus rare
Il y a de cela 25 ans, les rémunérations ont commencé à se déconnecter de la productivité. Les hausses de salaire sont de plus en plus rares et, selon les sénateurs, les négociations sont très limitées. Les chiffres indiquent en effet que seules 16% des sociétés lancent des discussions collectives sur les rémunérations, et que seulement 40% d’entre elles aboutissent. Le phénomène d’inégalité salariale se retrouve également au cœur du sujet. Entre autres dans le secteur des services, les hausses salariales sont de plus en plus individualisées. La plupart de ces augmentations n’ont d’ailleurs pas de liens précis avec les résultats. Seuls 20% des entreprises ont indiqué la productivité, notamment les apports financiers, comme raison de hausse des salaires.
Partage de la valeur ajoutée : non équitable
L’accent est également mis sur un partage inégal de la valeur ajoutée. Selon les indications de l’OCDE, la part des rémunérations a en effet baissé de 15 points en 25 ans, dans l’Union européenne. Les grandes entreprises ont cependant augmenté de 20 points la part de leur bénéfice depuis 1990, amenant les sénateurs à identifier une instabilité du partage de la valeur ajoutée. Les autres études semblent en revanche « sous-estimer la part des profits dans la valeur ajoutée ». Jean-Philippe Cotis, directeur général de l’Insee, a notamment dévoilé un diagnostic sur la stabilité du partage de la valeur ajoutée dans son rapport de 2009. Le salariat est pourtant irréfutablement affaibli. Le taux élevé de chômage, l’augmentation du nombre de femmes actives, ainsi que le monopole figurent parmi les causes évoquées.
Conditions de travail négligées
En dehors de la rémunération, le rapport montre du doigt également les conditions de travail des salariés. La sécurité de l’emploi s’éloigne de plus en plus des discussions au sein de l’entreprise, alors que les lignes sont orientées sur la motivation et l’employabilité des salariés. La gouvernance « corporate » offre désormais la plus grande partie des compétences aux investisseurs en termes de décisions directives. Les relations sociales se retrouvent alors négligées au profit des bénéfices. Les obligations de résultats et la diminution des heures de travail impliquent automatiquement plus de pression sur les salariés. Une étude réalisée par l’INRS en 2009 a pourtant dévoilé que le stress est pratiquement « payant » pour les entreprises. Il coûterait environ 3 milliards d’euros par an.
Quelles pistes d'action?
Selon Patricia Schillinger et Joël Bourdin, le monde du travail doit impérativement être remodelé pour remédier aux problèmes. Une revalorisation de l’emploi est notamment nécessaire, que ce soit du côté quantitatif que qualitatif. Les excès de concurrence doivent être sujets à une meilleure régulation et le code du travail se doit d’être plus adapté à l’environnement professionnel actuel. Les sénateurs optent également pour plus de partenariat dans le monde du travail. Selon eux, cela permettrait une meilleure synergie des actions et offrirait aux acteurs la possibilité de mieux s’identifier dans leur secteur. Dans la même foulée, un accent est mis sur la politique économique. Une restructuration des stratégies des entreprises doit entre autres être au programme afin de promouvoir le « long terme ».