La politique RSE de Citelum a été l’un de vos premiers chantiers, à votre prise de fonction en 2016. Quelles en étaient alors les motivations, et à quoi ont-elles abouti concrètement ?
Citelum a été rachetée par EDF, qui a une culture historique et très forte de service public et de responsabilité sociale. Dès mon arrivée, j’ai donc signé un accord stratégique d’entreprise sur la RSE, intégrant différents volets sociaux internes et externes, autour de la formation et de l’accompagnement de nos équipes, de l’intégration, de l’égalité hommes-femmes, de la non-discrimination, etc. Nous réalisons tous les ans des enquêtes internes sur la perception des salariés, avec des indicateurs de suivi, qui débouchent sur des plans d’action pour chaque pays. Toutes nos équipes sont aussi évaluées en matière de sécurité avec des indicateurs objectifs. Nous obtenons de la sorte une évolution très positive de nos résultats qui atteignent aujourd’hui, pour toutes nos filiales dans le monde, les standards européens.
Quant à la diversité, nous avons un grand respect de l’origine des personnes et de leur culture. Nous sommes en particulier une entreprise très féminisée, les femmes représentant à la fois 33 % de notre Comité exécutif, 33 % de notre Comité de direction et plus de 50 % de notre Conseil d’administration. Je suis notamment très heureuse que des femmes prennent des responsabilités importantes au Brésil, au Chili, au Mexique ou même en Inde.
Vis-à-vis de l’externe, nous avons deux priorités : être un acteur sur les territoires sur lesquels nous sommes implantés en développant l’emploi local, et déployer dans tous les pays notre politique « éthique et conformité », avec des règles de conduite des affaires exigeantes auxquelles nous formons l’intégralité de nos équipes.
Quid du volet environnemental, que l’on imagine incontournable au sein du groupe ?
Notre métier de base consiste déjà à générer des économies d’énergie… Pour autant, nous nous efforçons de quantifier la réduction des émissions de CO2 et l’impact environnemental de nos projets. Nous travaillons aussi sur la compensation carbone de l’énergie qui n’a pu être économisée grâce aux infrastructures d’éclairage, en intégrant par exemple des énergies renouvelables.
Comment les collaborateurs de Citelum se sont-ils approprié les enjeux de RSE ?
Dans une entreprise de services à forte intensité humaine, comme la nôtre, les gens viennent travailler parce qu’ils sont fiers de ce qu’ils font. Fiers de travailler à rendre le monde plus beau et plus durable, à réaliser des économies d’énergie, à améliorer la qualité de vie des citoyens. Il est donc très facile d’expliquer et de faire partager aux salariés tous ces enjeux RSE.
De la même manière, comme nous sommes présents avec des filiales locales en Europe, en Amérique du Sud et du Nord, en Inde ou en Chine, la diversité est une évidence et une richesse. Il est donc très facile d’expliquer le pourquoi de la diversité, parce que ces notions sont au cœur de notre métier et de nos réalités. Et ce sont justement tous ces engagements RSE qui motivent le plus nos salariés.
La sécurité de vos salariés et de vos prestataires est une de vos priorités. Comment garantissez-vous celle-ci sur le terrain, en particulier du fait de votre présence à travers le monde ?
Dès mon arrivée, j’ai envoyé un courrier à tous les responsables des filiales des pays pour exiger une transparence totale sur la sécurité. Je veux que toutes les informations sur les accidents ou les problèmes de sécurité concernant nos équipes ou nos prestataires me remontent dans les 48 heures. Ensuite, nous avons mis en place notre politique « santé sécurité », structurée autour de trois axes. Le premier est de fournir à nos équipes les moyens de travailler en sécurité en mettant en place, là où cela était nécessaire, les moyens de la sécurité : nacelles, échelles télescopiques, vêtements, équipements adaptés, etc.
Le deuxième axe, ce sont les compétences. Il faut que nos équipes soient bien formées aux activités qu’elles réalisent et il nous faut entretenir ces compétences dans la durée. Cela passe aussi par les compétences des managers, qui doivent être formés aux visites de sécurité, à la détection des situations dangereuses, etc.
Enfin, le troisième axe, c’est le leadership dans la prévention, la motivation des personnes pour la sécurité, afin qu’elles soient matures, attentives, et s’interpellent mutuellement sur les risques. La rémunération des cadres dirigeants de Citelum intègre ainsi des primes sur objectifs, indexées sur des indicateurs RSE. Si leurs résultats ne sont pas bons, ils voient ainsi leur rémunération affectée.
Par ailleurs nous appliquons la même politique avec nos sous-traitants en exigeant de tous nos collaborateurs d’appliquer les mêmes règles de sécurité et de conformité. En Inde par exemple nous avons imposé l’usage de nacelles et la suppression des échelles en bambou qui étaient encore d’usage.
La transition énergétique est aujourd’hui un objectif majeur des villes avec lesquelles vous travaillez. Comment soutenez-vous leurs efforts en matière de développement durable ?
Certaines villes ont déjà des stratégies très affirmées de développement durable, qui intègrent la limitation des émissions de CO2 ainsi que des stratégies d’adaptation et de résilience. Nous intégrons alors complètement cette politique dans nos activités et dans nos offres. C’est le cas avec Copenhague, qui a l’ambition d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2025. A chaque fois que nous pouvons pousser des propositions pour aller plus loin, nous le faisons. Par exemple, dans un appel d’offres en cours, nous avons proposé une compensation carbone totale de l’énergie qui reste consommée après les économies générées par notre projet d’infrastructure d’éclairage, grâce à l’intégration de panneaux solaires.
Nous aimons accompagner ces clients déjà très engagés mais nous sommes également force de proposition pour les territoires moins sensibilisés aux enjeux environnementaux.
La transition énergétique a nécessairement un coût. Comment les villes moyennes y font-elles face ?
Aujourd’hui, les projets sur lesquels nous travaillons génèrent leur propre rentabilité. Quand vous investissez pour faire des économies d’énergie et que l’énergie est appelée à devenir de plus en plus chère, ce n’est pas un coût sur la durée.
Ce n’est pas seulement la prochaine génération qui verra les effets du changement climatique comme on le croyait jusqu’ici. La situation commence à devenir critique et il serait irresponsable de ne pas agir. Je suis convaincue que l’on ne pourra pas lutter efficacement contre le réchauffement climatique sans envoyer un message économique pertinent aux marchés… Et le signal le plus pertinent, c’est la taxation des externalités négatives et notamment l’augmentation du prix du CO2. Et si le prix du carbone évolue effectivement à la hausse, le type d’infrastructures que nous réalisons et qui permettent de réaliser des économies d’énergie seront de plus en plus rentables.
Par exemple, pour le projet « smart city » de la métropole de Dijon, qui fait la part belle à l’innovation autour de l’open data et des services aux citoyens, une grande partie de l’équilibre financier du projet est assurée par les économies d’énergie de 65 % réalisées sur l’éclairage. Le manque d’argent est donc un prétexte, davantage qu’une véritable contrainte.
Dépendre du code des marchés publics rend-il votre métier plus exigeant en matière de RSE ? La politique de RSE des soumissionnaires est-elle un facteur discriminant dans les appels d’offres ?
Cela fait partie des engagements sur lesquels nous essayons de faire la différence. Nous avons déployé notre politique « éthique et conformité » partout dans le monde et nous allons vers la certification dans ce domaine. Mais dans certains pays, cette politique forte en matière d’éthique et de compliance nous exclut de certains marchés publics qui s’écartent des standards internationaux en matière de transparence. C’est notre choix : nous préférons perdre des marchés plutôt que de déroger à notre politique. La transparence et l’éthique des affaires tendent en effet à s’imposer progressivement dans tous les pays, du fait des attentes des citoyens et de l’extraterritorialité des lois sur la corruption – c’est le cas des lois américaines mais aussi de la loi française Sapin 2.
Comment, concrètement, le développement durable transforme-t-il votre métier au profit des citadins ?
A la base, notre métier consiste à générer des économies d’énergie. Le fait d’intégrer de plus en plus le développement durable de façon extensive nous oblige aussi à nous demander comment faire mieux sur chaque projet. Par exemple, nous travaillons depuis longtemps sur la signalisation tricolore et nous expérimentons aujourd’hui des algorithmes de pilotage du trafic pour limiter la pollution.
Nous installons des infrastructures et intégrons des technologies, mais la technologie n’est pas un but en soi, c’est un moyen. Cette philosophie s’impose d’ailleurs aujourd’hui dans les projets de smart city. Il y a quelques années, ceux-ci étaient surtout technologiques. Aujourd’hui, il s’agit de plus en plus de projets sociétaux : le projet est tiré par une attente citoyenne et la technologie apporte des solutions pour répondre à cette attente.
Les activités « carbon neutral » sont une trajectoire stratégique revendiquée par Citelum. Estimez-vous qu’être une entreprise française impose une certaine exemplarité en matière de RSE et de performance écologique ?
En effet, le groupe EDF dont nous faisons partie s’est engagé à réduire ses émissions de CO2 de 50 mégatonnes à 30 en 2030 et à arriver à la neutralité carbone d’ici 2050. La lutte contre le réchauffement climatique ne se gagnera pas uniquement sur la production d’énergie, mais également par un progrès dans l’efficience énergétique, ce qui est le cœur de métier de Citelum.
Citelum a été rachetée par EDF, qui a une culture historique et très forte de service public et de responsabilité sociale. Dès mon arrivée, j’ai donc signé un accord stratégique d’entreprise sur la RSE, intégrant différents volets sociaux internes et externes, autour de la formation et de l’accompagnement de nos équipes, de l’intégration, de l’égalité hommes-femmes, de la non-discrimination, etc. Nous réalisons tous les ans des enquêtes internes sur la perception des salariés, avec des indicateurs de suivi, qui débouchent sur des plans d’action pour chaque pays. Toutes nos équipes sont aussi évaluées en matière de sécurité avec des indicateurs objectifs. Nous obtenons de la sorte une évolution très positive de nos résultats qui atteignent aujourd’hui, pour toutes nos filiales dans le monde, les standards européens.
Quant à la diversité, nous avons un grand respect de l’origine des personnes et de leur culture. Nous sommes en particulier une entreprise très féminisée, les femmes représentant à la fois 33 % de notre Comité exécutif, 33 % de notre Comité de direction et plus de 50 % de notre Conseil d’administration. Je suis notamment très heureuse que des femmes prennent des responsabilités importantes au Brésil, au Chili, au Mexique ou même en Inde.
Vis-à-vis de l’externe, nous avons deux priorités : être un acteur sur les territoires sur lesquels nous sommes implantés en développant l’emploi local, et déployer dans tous les pays notre politique « éthique et conformité », avec des règles de conduite des affaires exigeantes auxquelles nous formons l’intégralité de nos équipes.
Quid du volet environnemental, que l’on imagine incontournable au sein du groupe ?
Notre métier de base consiste déjà à générer des économies d’énergie… Pour autant, nous nous efforçons de quantifier la réduction des émissions de CO2 et l’impact environnemental de nos projets. Nous travaillons aussi sur la compensation carbone de l’énergie qui n’a pu être économisée grâce aux infrastructures d’éclairage, en intégrant par exemple des énergies renouvelables.
Comment les collaborateurs de Citelum se sont-ils approprié les enjeux de RSE ?
Dans une entreprise de services à forte intensité humaine, comme la nôtre, les gens viennent travailler parce qu’ils sont fiers de ce qu’ils font. Fiers de travailler à rendre le monde plus beau et plus durable, à réaliser des économies d’énergie, à améliorer la qualité de vie des citoyens. Il est donc très facile d’expliquer et de faire partager aux salariés tous ces enjeux RSE.
De la même manière, comme nous sommes présents avec des filiales locales en Europe, en Amérique du Sud et du Nord, en Inde ou en Chine, la diversité est une évidence et une richesse. Il est donc très facile d’expliquer le pourquoi de la diversité, parce que ces notions sont au cœur de notre métier et de nos réalités. Et ce sont justement tous ces engagements RSE qui motivent le plus nos salariés.
La sécurité de vos salariés et de vos prestataires est une de vos priorités. Comment garantissez-vous celle-ci sur le terrain, en particulier du fait de votre présence à travers le monde ?
Dès mon arrivée, j’ai envoyé un courrier à tous les responsables des filiales des pays pour exiger une transparence totale sur la sécurité. Je veux que toutes les informations sur les accidents ou les problèmes de sécurité concernant nos équipes ou nos prestataires me remontent dans les 48 heures. Ensuite, nous avons mis en place notre politique « santé sécurité », structurée autour de trois axes. Le premier est de fournir à nos équipes les moyens de travailler en sécurité en mettant en place, là où cela était nécessaire, les moyens de la sécurité : nacelles, échelles télescopiques, vêtements, équipements adaptés, etc.
Le deuxième axe, ce sont les compétences. Il faut que nos équipes soient bien formées aux activités qu’elles réalisent et il nous faut entretenir ces compétences dans la durée. Cela passe aussi par les compétences des managers, qui doivent être formés aux visites de sécurité, à la détection des situations dangereuses, etc.
Enfin, le troisième axe, c’est le leadership dans la prévention, la motivation des personnes pour la sécurité, afin qu’elles soient matures, attentives, et s’interpellent mutuellement sur les risques. La rémunération des cadres dirigeants de Citelum intègre ainsi des primes sur objectifs, indexées sur des indicateurs RSE. Si leurs résultats ne sont pas bons, ils voient ainsi leur rémunération affectée.
Par ailleurs nous appliquons la même politique avec nos sous-traitants en exigeant de tous nos collaborateurs d’appliquer les mêmes règles de sécurité et de conformité. En Inde par exemple nous avons imposé l’usage de nacelles et la suppression des échelles en bambou qui étaient encore d’usage.
La transition énergétique est aujourd’hui un objectif majeur des villes avec lesquelles vous travaillez. Comment soutenez-vous leurs efforts en matière de développement durable ?
Certaines villes ont déjà des stratégies très affirmées de développement durable, qui intègrent la limitation des émissions de CO2 ainsi que des stratégies d’adaptation et de résilience. Nous intégrons alors complètement cette politique dans nos activités et dans nos offres. C’est le cas avec Copenhague, qui a l’ambition d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2025. A chaque fois que nous pouvons pousser des propositions pour aller plus loin, nous le faisons. Par exemple, dans un appel d’offres en cours, nous avons proposé une compensation carbone totale de l’énergie qui reste consommée après les économies générées par notre projet d’infrastructure d’éclairage, grâce à l’intégration de panneaux solaires.
Nous aimons accompagner ces clients déjà très engagés mais nous sommes également force de proposition pour les territoires moins sensibilisés aux enjeux environnementaux.
La transition énergétique a nécessairement un coût. Comment les villes moyennes y font-elles face ?
Aujourd’hui, les projets sur lesquels nous travaillons génèrent leur propre rentabilité. Quand vous investissez pour faire des économies d’énergie et que l’énergie est appelée à devenir de plus en plus chère, ce n’est pas un coût sur la durée.
Ce n’est pas seulement la prochaine génération qui verra les effets du changement climatique comme on le croyait jusqu’ici. La situation commence à devenir critique et il serait irresponsable de ne pas agir. Je suis convaincue que l’on ne pourra pas lutter efficacement contre le réchauffement climatique sans envoyer un message économique pertinent aux marchés… Et le signal le plus pertinent, c’est la taxation des externalités négatives et notamment l’augmentation du prix du CO2. Et si le prix du carbone évolue effectivement à la hausse, le type d’infrastructures que nous réalisons et qui permettent de réaliser des économies d’énergie seront de plus en plus rentables.
Par exemple, pour le projet « smart city » de la métropole de Dijon, qui fait la part belle à l’innovation autour de l’open data et des services aux citoyens, une grande partie de l’équilibre financier du projet est assurée par les économies d’énergie de 65 % réalisées sur l’éclairage. Le manque d’argent est donc un prétexte, davantage qu’une véritable contrainte.
Dépendre du code des marchés publics rend-il votre métier plus exigeant en matière de RSE ? La politique de RSE des soumissionnaires est-elle un facteur discriminant dans les appels d’offres ?
Cela fait partie des engagements sur lesquels nous essayons de faire la différence. Nous avons déployé notre politique « éthique et conformité » partout dans le monde et nous allons vers la certification dans ce domaine. Mais dans certains pays, cette politique forte en matière d’éthique et de compliance nous exclut de certains marchés publics qui s’écartent des standards internationaux en matière de transparence. C’est notre choix : nous préférons perdre des marchés plutôt que de déroger à notre politique. La transparence et l’éthique des affaires tendent en effet à s’imposer progressivement dans tous les pays, du fait des attentes des citoyens et de l’extraterritorialité des lois sur la corruption – c’est le cas des lois américaines mais aussi de la loi française Sapin 2.
Comment, concrètement, le développement durable transforme-t-il votre métier au profit des citadins ?
A la base, notre métier consiste à générer des économies d’énergie. Le fait d’intégrer de plus en plus le développement durable de façon extensive nous oblige aussi à nous demander comment faire mieux sur chaque projet. Par exemple, nous travaillons depuis longtemps sur la signalisation tricolore et nous expérimentons aujourd’hui des algorithmes de pilotage du trafic pour limiter la pollution.
Nous installons des infrastructures et intégrons des technologies, mais la technologie n’est pas un but en soi, c’est un moyen. Cette philosophie s’impose d’ailleurs aujourd’hui dans les projets de smart city. Il y a quelques années, ceux-ci étaient surtout technologiques. Aujourd’hui, il s’agit de plus en plus de projets sociétaux : le projet est tiré par une attente citoyenne et la technologie apporte des solutions pour répondre à cette attente.
Les activités « carbon neutral » sont une trajectoire stratégique revendiquée par Citelum. Estimez-vous qu’être une entreprise française impose une certaine exemplarité en matière de RSE et de performance écologique ?
En effet, le groupe EDF dont nous faisons partie s’est engagé à réduire ses émissions de CO2 de 50 mégatonnes à 30 en 2030 et à arriver à la neutralité carbone d’ici 2050. La lutte contre le réchauffement climatique ne se gagnera pas uniquement sur la production d’énergie, mais également par un progrès dans l’efficience énergétique, ce qui est le cœur de métier de Citelum.