Transition énergétique : Aquind confirme la réalisation d’une interconnexion électrique d’ici 2022

10/07/2020


240 km de câbles relieront les systèmes électriques français et britanniques d’ici 2022 pour favoriser la transition énergétique des deux côtés de la Manche.



Image Needpix
Entre la France, qui dispose de capacités nucléaire, éolienne et solaire, et le Royaume-Uni, leader mondial en matière d’éolien en mer, les complémentarités sont nombreuses.

Pour les exploiter et contribuer à faire croître la part des énergies décarbonées dans le mix énergétique européen, 240 km de câbles, dont 182 km de liaison sous la Manche, relieront les réseaux des deux pays d’ici 2022. Ce projet d’interconnexion, porté par la société Aquind, disposera à son terme d’une capacité de 2 000 mégawatts, permettant de subvenir aux besoins de 3 à 5 millions de foyers. Il permettra de mieux intégrer les énergies renouvelables et ainsi d’éviter l’émission de 1 à 3,7 millions de tonnes de CO2 durant toute sa durée de vie.
 
Faciliter la transition énergétique en France
 
Ce projet d’interconnexion franco-britannique est d’autant plus stratégique de ce côté de la Manche que celui-ci pourrait aider la France à mieux remplir ses objectifs en matière de réduction d’émissions de gaz à effet de serre.

Dans le cadre des accords de Paris, l’Hexagone s’est en effet engagé à respecter de nombreux engagements climatiques, dont la réduction de 40% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 ainsi que la neutralité carbone d’ici 2050. Pour y parvenir, des investissements importants doivent être réalisés pour doter le pays d’un réseau électrique performant qui ait la capacité d’intégrer les sources d’énergies renouvelables, y compris à l’étranger.
 
Ce principe rend particulièrement intéressant le raccordement des réseaux français et britanniques. Le Royaume-Uni dispose en effet d’un tiers de la capacité éolienne mondiale. De plus, l’infrastructure constituera un point d’entrée vers le marché nordique, produisant plus de 50 GW d’énergie hydroélectrique. Outre l’importation d’énergie verte dans l’Hexagone, la nouvelle interconnexion vise à rendre plus fluide la circulation d’énergie, à sécuriser l’approvisionnement et à créer des débouchés pour l’éolien et le solaire.
 
Maximiser la complémentarité des réseaux électriques transfrontaliers
 
Comme le souligne Simon Ludlam, associé chez Etchea Energy, qui s’est particulièrement penché sur le projet du point de vue de ses caractéristiques environnementales, les interconnexions électriques, à l’instar de celle que vise à réaliser Aquind, jouent un rôle particulièrement stratégique pour réussir la transition énergétique.

Elles le sont d’autant plus que « les flux d’énergie les plus importants se font entre les grandes économies qui représentent la plus grande demande d’énergie verte pour l’avenir ». En parallèle de l’augmentation de la production d’énergie verte dans chaque pays, les interconnexions contribuent en effet à maximiser la complémentarité des réseaux électriques transfrontaliers.
 
Le projet de mutualisation des productions d’électricité entre les deux pays s’intègre pleinement dans la feuille de route de RTE (Réseau de transport d’électricité) qui prévoit, dans son plan décennal, la construction d’une nouvelle capacité d’interconnexion de 10 GW. Plus encore, il apparaît comme en phase avec les ambitions européennes, qui ont fait des interconnexions une condition sine qua non du développement des énergies renouvelables sur le sol européen. Preuve en est, les 15 autres projets d’interconnexion en cours de développement entre la France et ses pays limitrophes.
 
Si Simon Ludlam suggère aux décideurs publics de se saisir davantage de la question de la transition énergétique, il insiste surtout sur le fait qu’ils doivent agir comme des catalyseurs d’investissements privés en affirmant que le secteur privé apporte, selon lui, "des compétences et des approches novatrices".