Suivre le réchauffement climatique jusque dans les profondeurs de l'océan

28/11/2019


Le signal du changement climatique peut désormais être traqué jusque dans les profondeurs de l'océan, jusqu'à - 4 000 m, grâce à la nouvelle génération de flotteurs autonomes profonds Deep-Arvor développés en France.



Grâce à la nouvelle génération de flotteurs autonomes profonds développés en France, le signal du changement climatique peut désormais être traqué jusque dans les profondeurs de l'océan, jusqu'à - 4 000 m, affirme l'IFREMER (L'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer) . "Les premières données acquises par ces instruments en Atlantique Nord apportent des informations inédites sur des masses d'eau profonde, leurs dynamiques de mélange et de déplacement", précise l'organisme dans un communiqué.

Autant de données "essentielles pour comprendre comment le signal climatique se diffuse dans l'océan global", souligne l'IFREMER qui explique : "obtenus par des scientifiques du Laboratoire d'océanographie physique et spatiale (LOPS - Université de Bretagne Occidentale/CNRS/IRD/Ifremer), ces résultats sont publiés dans Journal of Geophysical Research."

Car en 50 ans, "l'océan a absorbé plus de 90 % de l'excès de chaleur reçu par la Terre dû aux activités humaines, entraînant un réchauffement de l'océan global." Ainsi,
comme l'explique l'IFREMER dans son communiqué : "grâce au réseau de 4 000 flotteurs autonomes Argo qui mesurent la température et la salinité entre 0 et 2 000 m de profondeur dans l'ensemble des océans, il a été estimé que cette tranche de la colonne d'eau est actuellement plus chaude d'environ 0.8°C par rapport à 1950".

Or, d'autres mesures ponctuelles réalisées à partir des navires océanographiques "ont montré que le réchauffement pénètre dans l'océan bien au-delà de 2 000 m de profondeur."

Pour mesurer ce signal profond, la France s'est donc lancée "en 2011 dans le développement d'un flotteur Argo profond, le Deep-Arvor, capable de mesurer la température, la salinité et la concentration en oxygène dissous, jusqu'à 4 000 mètres". 

L'IFREMER souligne qu'obtenir "de telles mesures à ces grandes profondeurs est un défi technologique qu'ont relevé avec succès les équipes impliquées dans le projet Equipex « Novel Argo Ocean observing System » (NAOS) initié par l'Agence nationale de la recherche (ANR), l'Ifremer et le CNRS."
 

"Une profondeur d'environ 3000 mètres"

Source : Pexels Photos, image libre de droits
Afin de comprendre comment l'excès de chaleur pénètre et voyage dans l'océan et comment il impacte son fonctionnement, "les chercheurs du LOPS ont concentré leur effort de recherche dans l'Atlantique Nord, où les eaux chaudes venues du sud se refroidissent et plongent vers les profondeurs, contribuant ainsi à la pénétration des signaux climatiques dans l'océan profond", précise l'IFREMER, qui ajoute que "la redistribution de cette chaleur vers le reste de l'océan dépend de la circulation profonde qui est encore largement inconnue."

Entre 2015 et 2017, ils ont déployé cinq flotteurs Deep-Arvor lors de la campagne RREX : "Ils ont été mis à l'eau au sud de l'Islande dans une zone profonde de 3 600 m et truffée de reliefs sous-marins qui contraignent la trajectoire des masses d'eau profondes. Certaines, récemment en contact, avec l'atmosphère transportent ainsi la trace du climat récent."

Au niveau technique, l'IFREMER précise dans son communiqué que les flotteurs Deep-Arvor sont paramétrés "pour plonger depuis la surface jusqu'à une profondeur de dérive d'environ 3 000 mètres à laquelle ils restent 10 jours; ils plongent ensuite à 4 000 mètres avant de remonter à la surface pour transmettre par satellite les données enregistrées pendant leur immersion et leur remontée."