« Science et Vie » tensions avec les journalistes d’un mensuel emblématique

Sébastien Arnaud
30/03/2021


Sur fond de tensions avec leur actionnaire, neuf journalistes de Science et Vie ont annoncé leur démission. Ils dénoncent la stratégie de Reworld Media, repreneur du titre en 2019, et déplore la disparition d’expertise scientifique de la rédaction.



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Mensuel emblématique de la vulgarisation scientifique, Science et Vie est en crise. Neuf journalistes viennent d’annoncer leur démission sur fond de désaccord avec l’actionnaire, Reworld Media. Depuis la reprise du titre par ce dernier mi 2019, les points de frictions se sont multipliés. « Partis début mars, les cinq titulaires ne sont « pas remplacés », a précisé la SDJ dans un communiqué, déplorant « l'absence totale d'expertise scientifique » au sein de la rédaction survivante de huit titulaires (maquettiste, iconographes, etc.), dont un « dernier » rédacteur spécialisé, « nommé rédacteur en chef adjoint ». Le travail de veille et la « quasi-totalité de la rédaction des articles » sont donc confiées aux pigistes, sans « équipe rédactionnelle interne » pour assurer la « cohésion éditoriale », estime la SDJ, qui représente aussi Science et vie junior, non impacté. En outre, «la conception et la réalisation des hors-séries ont été entièrement externalisées et confiées à l'agence Com'Press». Contacté par l'AFP, Reworld n'a pas souhaité commenter » rapporte l’agence de presse.
 
Voyant les effectifs de journalistes baisser tandis que la place des contenus sponsorisés fait débat depuis des mois, la démission est l’aboutissement d’un bras de fer intense. « Cette vague de départs était envisagée depuis l'automne par des journalistes inquiets pour l'indépendance et la qualité de leur titre, menacée selon eux par Reworld, un groupe régulièrement accusé d'entretenir la confusion entre espaces publicitaires et contenus éditoriaux, en externalisant leur production. Parmi leurs griefs : le manque d'effectifs - une vingtaine de journalistes travaillaient sur le titre avant son rachat par Reworld, selon la SDJ - mais aussi la gestion du site internet par des « chargés de contenus » non-journalistes. Ou encore la nomination d'une directrice de la rédaction et d'un rédacteur en chef sans expertise scientifique... » explique Le Figaro.
 
Après une grève de trois jours et une motion de défiance contre la direction, cette démission sème un peu plus le trouble pour les lecteurs du mensuel dont la diffusion est estimée à 180 000 exemplaires par numéros l’an dernier.