Dix-huit mois de réflexion
C’est à la rentrée 2009 que la commission a présenté les résultats de son rapport au chef de l’Etat, en présence des Ministres de l’Economie (Christine Lagarde) et de l’Ecologie (Jean-Louis Borloo). Revoir en profondeur les modes de calcul de la croissance économique : voilà comment on pourrait résumer la nouvelle ligne directrice suggérée par notre équipe d’économistes de choc. Il n’est pas question pour eux d’inventer de nouveaux indicateurs : la plupart de ceux qu’ils examinent existent déjà (mesure de la santé des individus, de leurs habitudes de consommation, de leur revenu et de leur patrimoine…). Ce qu’il faut changer, par contre, c’est la méthode. L’équipe de Stiglitz souligne en effet, en préambule de son rapport, qu’il serait aujourd’hui plus judicieux de raisonner en terme de Produit Intérieur Net (afin de tenir compte de la dépréciation des moyens de production), ou plus encore, en terme de revenu net des ménages.
Des implications concrètes pour la mesure de la richesse
Remettre l’humain au cœur des considérations économiques : voici en substance le message qu’adresse la commission aux prévisionnistes du monde entier. Et non sans un brin d’humour, de souligner que sans avoir connaissance de la situation réelle des ménages, le dirigeant est un peu « comme un pilote sans boussole »… C’est notamment de qualité de vie dont il est ici question. La démonstration est enfantine, mais terriblement imparable : « les embouteillages peuvent accroître le PIB puisqu'ils entraînent une augmentation de la consommation d'essence, mais pas le bien-être » !
Mesurer aussi le progrès social : les principales recommandations du rapport
Mesurer le PIB
La première préconisation de la commission suggère que « pour évaluer le bien-être matériel, il faut analyser les revenus et la consommation plutôt que la production». Mais mesurer le progrès social serait insignifiant si l’on ne tenait pas compte des disparités individuelles. C’est pourquoi il serait bon de «renforcer l'analyse du point de vue des ménages»… Par conséquent, l’option la plus pertinente serait d’abandonner les mesures qui évaluent la situation des individus en fonction d’une moyenne nationale, au profit de mesures par catégories de population : l’inflation, par exemple, n’a pas le même impact sur le budget des populations défavorisées que sur celui des classes de ménages les plus aisés. Et dans une optique à moyen/long terme, il conviendrait également de tenir compte du patrimoine des ménages : un ménage qui consacre l’ensemble de son revenu annuel à la consommation satisfait des besoins immédiats, mais renonce en contrepartie à son bien-être futur. La commission propose même de retenir «la façon dont les gens dépensent leur temps» : par exemple, le temps libre consacré aux loisirs, qui est un facteur de redistribution de revenus, etc.
Intégrer la qualité de vie dans notre approche de la richesse
«Des efforts substantiels doivent être accomplis pour développer des instruments de mesure solides et fiables en matière de connexion sociale, d'environnement politique ou encore d'insécurité, qui servent à calculer la satisfaction». Ainsi, la richesse n’est plus seulement matérielle, elle fait aussi référence à la qualité de l’environnement sociétal et au niveau d’éducation de chacun, dont est garant l’Etat. De la même manière, le bien-être renvoie à la condition sanitaire d’une population. Dès lors, il est possible d’imaginer la construction d’indicateurs relatifs à la mortalité et à la morbidité, selon la taille, le poids, et les conditions de santé des travailleurs.
La première préconisation de la commission suggère que « pour évaluer le bien-être matériel, il faut analyser les revenus et la consommation plutôt que la production». Mais mesurer le progrès social serait insignifiant si l’on ne tenait pas compte des disparités individuelles. C’est pourquoi il serait bon de «renforcer l'analyse du point de vue des ménages»… Par conséquent, l’option la plus pertinente serait d’abandonner les mesures qui évaluent la situation des individus en fonction d’une moyenne nationale, au profit de mesures par catégories de population : l’inflation, par exemple, n’a pas le même impact sur le budget des populations défavorisées que sur celui des classes de ménages les plus aisés. Et dans une optique à moyen/long terme, il conviendrait également de tenir compte du patrimoine des ménages : un ménage qui consacre l’ensemble de son revenu annuel à la consommation satisfait des besoins immédiats, mais renonce en contrepartie à son bien-être futur. La commission propose même de retenir «la façon dont les gens dépensent leur temps» : par exemple, le temps libre consacré aux loisirs, qui est un facteur de redistribution de revenus, etc.
Intégrer la qualité de vie dans notre approche de la richesse
«Des efforts substantiels doivent être accomplis pour développer des instruments de mesure solides et fiables en matière de connexion sociale, d'environnement politique ou encore d'insécurité, qui servent à calculer la satisfaction». Ainsi, la richesse n’est plus seulement matérielle, elle fait aussi référence à la qualité de l’environnement sociétal et au niveau d’éducation de chacun, dont est garant l’Etat. De la même manière, le bien-être renvoie à la condition sanitaire d’une population. Dès lors, il est possible d’imaginer la construction d’indicateurs relatifs à la mortalité et à la morbidité, selon la taille, le poids, et les conditions de santé des travailleurs.
(Graphique: OCDE / Le Figaro)
Evaluer (enfin) les facteurs de développement durable
«Il est nécessaire de disposer d'un indicateur clair des accroissements de la concentration des gaz à effet de serre». Indicateurs monétaires ou pas ? Probablement les statisticiens devront-ils se pencher sérieusement sur l’élaboration d’instruments de mesure physiques d'usage des ressources, de seuils de soutenabilité, ou d'émissions... Ces instruments en sont encore, pour l’heure, au stade expérimental dans les laboratoires de recherche en économie du monde entier. En effet, leur utilisation aboutit souvent à démontrer que les Etats-Unis et la Chine affichent des performances remarquables en matière de développement durable !
Un signe encourageant, toutefois : la mise en pratique des recommandations du rapport Stiglitz ne devrait pas se faire attendre très longtemps dans notre pays. L’INSEE a déclaré à travers un communiqué suivant sa parution, que le document deviendra une référence de la statistique en France.
Evaluer (enfin) les facteurs de développement durable
«Il est nécessaire de disposer d'un indicateur clair des accroissements de la concentration des gaz à effet de serre». Indicateurs monétaires ou pas ? Probablement les statisticiens devront-ils se pencher sérieusement sur l’élaboration d’instruments de mesure physiques d'usage des ressources, de seuils de soutenabilité, ou d'émissions... Ces instruments en sont encore, pour l’heure, au stade expérimental dans les laboratoires de recherche en économie du monde entier. En effet, leur utilisation aboutit souvent à démontrer que les Etats-Unis et la Chine affichent des performances remarquables en matière de développement durable !
Un signe encourageant, toutefois : la mise en pratique des recommandations du rapport Stiglitz ne devrait pas se faire attendre très longtemps dans notre pays. L’INSEE a déclaré à travers un communiqué suivant sa parution, que le document deviendra une référence de la statistique en France.
Le rapport complet de la commission Stiglitz (*.pdf)
La synthèse du rapport disponible ici (16 pages, *.pdf)
La synthèse du rapport disponible ici (16 pages, *.pdf)