Profil d'un nouveau monstre économique : les promoteurs zombies

Arthur Fournier
28/06/2012


Avec un secteur immobilier qui s'est littéralement effondré, l'avenir de l'Espagne est aujourd'hui entre les mains de promoteurs immobiliers zombies. La croissance de ces dernières années a en effet été portée par ce secteur, mais l'éclatement de la bulle immobilière a précipité plus de la moitié des promoteurs dans un gouffre financier, y entrainant par la même occasion les banques.



L'Espagne, au-delà des apparences

Voulant absolument se passer de l'aide de l'Europe, l'Espagne avait pris les mesures nécessaires au redressement de son économie. Son plan d'austérité avait d'ailleurs été accompagné d'une obligation pour ses banques à recapitaliser en fonds propres. Une recapitalisation qui était censée les protéger du risque de faillite, mais cela n'a pas suffi. La troisième banque du pays, Bankia se trouve en effet aujourd’hui dans le besoin. Pas moins de 23,5 milliards manquent dans la caisse de cette dernière pour éviter la faillite, et seulement 4,5 milliards ont pu être trouvés à ce jour. Les discours politiques se trouvent ainsi décrédibilisés, et toutes les tentatives et plans de relances inefficaces. Et pour cause, beaucoup de banques, tout comme Bankia, sont dépendantes du secteur de l'immobilier. Bankia est quant à elle, la banque la plus exposée à une économie espagnole en récession. Une aide européenne semble être la seule alternative.

Le rôle des promoteurs zombies

Selon une récente étude, les promoteurs zombies ne seraient pas moins de 30.000 en Espagne, ce qui représente plus de la moitié des entreprises du secteur. Ces promoteurs ayant acquis quantité de terrains et immeubles qui n'ont aujourd'hui qu'une piètre valeur n'ont plus les moyens d'honorer leurs créances auprès des établissements bancaires. Le problème vient du fait que ces promoteurs en perte sont si nombreux que les banques préfèrent continuer à les soutenir en leur accordant d'autres prêts, plutôt que de les laisser courir à la faillite, risquant ainsi leur propre déconfiture. En effet, seuls les actifs boursiers soutiennent encore les banques espagnoles qui ne veulent en aucun cas créer la panique sur les marchés financiers. Ces dernières se retrouvent ainsi piégées entre les faveurs des marchés boursiers et l’économie réelle. Les banques ne peuvent ainsi s'en remettre qu'à une hypothétique reprise de croissance du secteur immobilier. Or, plusieurs études démontrent qu'une reprise à court et moyen terme n'est tout simplement pas envisageable.

Les banques espagnoles sur la corde raide

Comme Bankia, la majorité des banques espagnoles dépendent du secteur immobilier, et le manque de transparence de ces dernières laisse penser qu'elles se retrouveront pour bon nombre d'entre elles, dans la même situation que Bankia. L'International Institute for Finance a récemment fait une étude démontrant que les provisions ordonnées par les instances gouvernementales espagnoles ne pourront pas couvrir l'éclatement de la bulle immobilière. Cet éclatement pourrait en effet engendrer des pertes avoisinant les 250 milliards de dollars alors que les provisions constituées par les banques sont estimées à ce jour, à 110 milliards seulement. Ajouté à cela le fait que la récession entrainera les entreprises d'autres secteurs et les ménages dans une situation d'insolvabilité, l’aide européenne semble l’unique solution. Faute de quoi, c’est l’État espagnol lui-même qui pourrait devenir un état Zombie.