Près de 400 plages battent Pavillon Bleu

Roxane Lauley
23/02/2015


Créé par l'office français de la Fondation pour l’Éducation à l'Environnement en Europe (of-FEEE) en 1985, le Pavillon Bleu valorise chaque année les communes et les ports de plaisance, qui mènent de façon permanente une politique de recherche et d'application durable en faveur d'un environnement de qualité. Rencontre avec Pascale Crouzier, la coordinatrice nationale du programme qui a atteint l’an passé son palmarès record avec 150 communes (389 plages) et 94 ports de plaisance labellisés.



Chaque année vous récompensez des communes ou des ports de plaisance grâce au label « Pavillon bleu ». Comment se déroule la procédure de labellisation ? Quel contrôle opérez-vous ?

Il s’agit d’une démarche volontaire. Les communes et les ports intéressés par le label Pavillon Bleu déposent un dossier de candidature. Ce dossier s’articule autour de différents thèmes comme l’éducation à l’’environnement ou la gestion de l’eau, des déchets. Un jury national, composé d’experts externes, étudie la candidature des villes et ports. Ces experts émettent un premier avis, favorable ou non. Si ce premier filtre est passé, la candidature est ensuite portée à la coordination internationale du Pavillon Bleu, qui est basée à Copenhague. Nous sommes une association dont l’action dépasse les seules frontières françaises. Notre engagement s’étend dans le monde entier. Le label Pavillon Bleu est donc attribué par un jury international. En 2014, nous comptons 48 pays d’Europe, d’Afrique mais également d’Amérique et d’Océanie distingués par le label. Notre mission implique également un contrôle du label. Par exemple, nous effectuons une première visite avant que se prononce le premier jury. De plus, chaque année nous visitons tous les sites labellisés lors de la saison estivale.

Vous êtes architecte d’une stratégie de développement durable. Comment percevez-vous l’évolution de l’éco-responsabilité des villes et des ports de plaisance?

Nous observons en effet une hausse des dépôts de candidatures. Ceci tient d’une prise de conscience environnementale. Il existe par ailleurs un véritable « effet boule de neige ». Lorsqu’une commune obtient le label Pavillon Bleu, il n’est pas rare que les communes avoisinantes enclenchent également la démarche. Cette émulation contribue à l’amélioration de la qualité de notre environnement. Nous proposons un cadre à cette prise de conscience, tant auprès des villes que des acteurs privés qui nous sollicitent. Certes il existe une différence d’approche entre les collectivités et les ports, mais nous proposons des solutions adaptées afin de les accompagner dans leur démarche éco-responsable. Notre mission est celle d’une sensibilisation accrue de l’ensemble des acteurs. Pour cela nous fournissons des outils pratiques car notre action est également pédagogique et éducative.

Un sondage de l'institut LH2 montre que 65% des français connaissent le Pavillon Bleu et 78% d'entre eux ont envie de passer des vacances dans un lieu Pavillon Bleu. Le critère environnement peut-il être un argument économique, notamment en matière de tourisme ?

L’argument économique est un argument majeur pour les communes. Il faut être conscient que la démarche éco-responsable a un coût pour les communes qui désirent s’y investir. Mais nous ne subordonnons pas la labellisation Pavillon Bleu à des critères financiers ou à l’engagement de nouveaux frais pour de nouvelles infrastructures. Le label consiste à valoriser les actions de la commune ou du port qui se porte candidat. Il y a là une démarche « gagnant-gagnant », où tout le monde s’y retrouve. C’est important. Mais le label Pavillon Bleu n’est pas là pour « faire joli ». Il témoigne d’un réel engagement écologique et de l’adoption des normes environnementales. Les touristes, les citoyens y sont sensibles et sont de plus en plus demandeurs d’un tel engagement.  C’est de ce terrain fertile que se nourrit notre action de sensibilisation.

Vous fêtez vos 30 ans. Quelles ont été les actions les plus marquantes ?

Notre engagement depuis 30 ans nous a permis de développer un guide des bonnes pratiques qui est enrichi chaque année de l’expérience des lauréats. Nous avons véritablement construit un réseau actif entre les lauréats et les candidats. Il existe une communauté Pavillon Bleu qui fait vivre ses idées et permet de les propager. Concrètement, les points forts de notre action ces dernières années tient, entre autres, de la mise aux normes des zones de carénage, qui permettent l’entretien et la réparation des bateaux. Notre collaboration avec les ports a conduit à faire de ces zones autrefois polluées, des aires propres. Autre exemple, celui des pompes de récupération pour l’entretien des eaux usées et qui constitue un gros travail. Nous sommes vraiment contents de ces évolutions. De plus, le label depuis sa création en 1985 a su évoluer pour intégrer de nouveaux paramètres et s’adapter au fur et à mesure que la société avance. Grâce à ce bout de chemin, le Pavillon Bleu flotte sur 4000 sites dans le monde. Et nous n’allons pas nous arrêter là.