On se souvient de ce drôle de vent de panique qui s’est répandu il y a seulement quelques semaines. Le confinement, l’arrêt de l’activité économique ont fait craindre à une bonne partie des Français qu’ils n’auraient pas de quoi manger. Qu’ils n’auraient plus de papier toilette aussi. Un moment d’absurdité collective qui a en tout cas souligné l’extrême dépendance que nous subissons vis-à-vis de chaines d’approvisionnement que nous ne comprenons pas. Et même si nous les comprenions, la dépendance à des produits importés et produits très loin ajoutait même à l’inquiétude puisque les frontières se sont fermées et le secteur du transport a été bousculé.
Avec du recul, peu de personnes reconnaissent les impressions qu’ils ont eu face à cette étourdissante vulnérabilité. C’est pourtant sur ce sentiment qu’il faudrait s’appuyer pour faire émerger une alimentation plus durable. « Les systèmes alimentaires sont essentiels à l'activité économique car ils fournissent l'énergie dont nous avons besoin pour vivre et travailler. Cependant, ceux-ci ont longtemps été ignorés par les macro-économistes, qui estimaient que l'industrie agroalimentaire mondiale, désormais fortement mécanisée, subventionnée et concentrée, offre tout ce dont nous avons besoin en matière d'alimentation » estiment des experts du FMI et du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE). Dans un article mis en avant par cet organisme de l’ONU, souligne l’urgence de faire un bilan sur le système alimentaire tant que la crise du Covid-19 est fraiche dans nos mémoires.
« Dans de nombreux pays, par exemple, il est devenu impossible de récolter ou d'emballer des denrées alimentaires car les travailleurs étaient bloqués aux frontières ou tombaient malades. Ailleurs, les stocks se sont accumulés et les avalanches de nourriture ont été perdues en raison de la fermeture des restaurants et des bars. Dans les pays en développement, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture et le Programme alimentaire mondial prévoient qu'une "pandémie de la faim" et la multiplication par deux du nombre de personnes souffrant de la faim pourraient bientôt éclipser le coronavirus, si aucune mesure n'est prise » écrivent les experts. Mieux conserver, produire plus près et lutte contre le gaspillage restent des objectifs raisonnables et pourtant tellement stratégiques.