Londres veut faire des économies d’énergie grâce à son métro

Paolo Garoscio
08/11/2024


Le projet de chauffage bas-carbone à Londres est une initiative ambitieuse qui pourrait redéfinir la manière dont la capitale britannique gère ses besoins énergétiques. Ce plan, annoncé le 6 novembre 2024, se concentre sur l'utilisation innovante de la chaleur excédentaire provenant du métro londonien, du fleuve Thames et des réseaux d'égouts pour chauffer des bâtiments emblématiques tels que le Palais de Westminster et la National Gallery.



Un réseau de chaleur pour réduire l’énergie consommée par les bâtiments

Le nouveau projet de la capitale britannique s'inscrit dans une stratégie plus large visant à réduire la dépendance aux combustibles fossiles, une source majeure d'émissions de gaz à effet de serre au Royaume-Uni. En effet, le chauffage des bâtiments représente environ 30 % des émissions totales de carbone du pays. Le projet prévoit l'installation d'un réseau complexe de tuyaux souterrains capable de capter et de transporter cette chaleur résiduelle vers les bâtiments, permettant ainsi de fournir de l'eau chaude et du chauffage de manière plus durable. Pour Londres, qui cherche à atteindre ses objectifs climatiques tout en modernisant ses infrastructures, ce projet symbolise un pas décisif vers un avenir plus vert.

Le développement de ce projet, estimé à un coût total d’un milliard de livres (approximativement 1,15 milliard d'euros), sera assuré par le partenariat South Westminster Area Network (SWAN), un consortium composé de Hemiko et Vital Energi, des experts du secteur énergétique. La mise en œuvre débutera en 2026, avec une première phase d’investissement de 100 millions de livres au cours des trois premières années, visant à jeter les bases du réseau. Ce dernier s'étendra progressivement pour couvrir la majeure partie de Westminster, intégrant des sites historiques sans altérer leur apparence extérieure, ce qui est essentiel pour des bâtiments protégés ou inscrits au patrimoine mondial.

Les réseaux de chaleurs sont sous-exploités au Royaume-Uni

L’utilisation de la chaleur excédentaire n’est pas nouvelle en Europe, mais elle reste peu exploitée au Royaume-Uni, où seulement 3 % des besoins en chauffage sont actuellement couverts par des réseaux de chaleur. Cependant, selon les recommandations du Comité sur le changement climatique, ces réseaux devraient couvrir jusqu’à 20 % des besoins de chauffage d’ici 2050 pour atteindre une économie zéro carbone. En capturant la chaleur produite par les infrastructures urbaines comme le métro, ce système réduit la dépendance aux sources énergétiques polluantes et optimise des ressources énergétiques souvent négligées.

Le ministre de l'Énergie et de la Protection des consommateurs, Miatta Fahnbulleh, a salué ce projet en soulignant qu'il représente une avancée significative pour le pays. Adam Hug, leader du conseil de Westminster, a mis en avant l’importance de cette transition pour réduire la consommation de gaz, qui contribue fortement à la pollution de l'air et au réchauffement climatique. Il a exprimé sa conviction que ce projet est une composante essentielle de la stratégie de neutralité carbone de Westminster.