Les dessous de la fascination pour le management « Silicon Valley »

Sébastien Arnaud
20/04/2017


Interviewé par Le Monde, Fabien Blanchot, enseignant chercheur à Paris Dauphine, remet en question la fascination des jeunes génération pour le management des « GAFA » ( Google, Apple, Facebook, Amazon). Pour lui c’est une forme de « néopaternalisme matériel » et une vision du confort professionnel simpliste.



ILD
C’est un modèle que les jeunes générations adulent. Salles de repos, horaires flexibles, salles de sport, autonomie : autant de critères mis en avant par beaucoup pour défendre le management des poids lourds de la « Silicon Valley », en tête desquels on trouve ceux que l’on appelle les  « GAFA » (Google Apple Facebook Amazon). Une fascination qui se manifeste par la volonté de reproduire le modèle dans les startups notamment.

Dans une interview donnée au journal « Le Monde », Fabien Blanchot, enseignant-chercheur à l’université Paris Dauphine remet en question ce mode de fonctionnement très à la mode. Pour lui, il s’agit d’une forme de « néopaternalisme matériel » : « on vous apporte un certain nombre de services concrets du domaine des loisirs ou de la vie pratique. Pour le meilleur et pour le pire, car c’est aussi une immixtion de l’entreprise dans la vie privée du salarié. Un rapport de dépendance est créé entre le collaborateur et l’entreprise, le tout dans l’intérêt de l’entreprise. Cela fait partie des leviers d’attraction et de fidélisation » commence-t-il. Par ailleurs, « les cerveaux et les cœurs redeviennent la préoccupation centrale de ces entreprises. Certains des GAFA [Google-Apple-Facebook-Amazon] ont mis en avant la devise « Employee first, customer second » [le salarié d’abord, le client après] et la théorie de la symétrie des attentions, c’est-à-dire l’idée que l’on ne peut pas créer de la satisfaction chez les clients si l’on n’en crée pas chez les salariés. »

Un point de vue original qui mérite d’être pris en compte. Sous ses airs d’anticonformisme ce nouveau management est en effet devenu dominant dans les milieux professionnels de l’innovation et des nouvelles technologies. Alors qu’il pourrait beaucoup apporter aux secteurs industriels et traditionnels notamment, un recul critique s’impose alors que de nouvelles formes de maladies professionnelles (burnout ou dépressions notamment) prennent des ampleurs inquiétantes.

 Lire ici en intégralité l’interview de Fabien Blanchot sur le site du « Monde »