Les algocarburants, biocarburants de nouvelle génération

Arthur Fournier
29/01/2013


Les biocarburants ont longtemps été présentés comme un échec pour de multiples raisons. Leur concurrence avec les cultures alimentaires et leur rentabilité toute relative ont en effet remis très tôt en question leur capacité à remplacer durablement les énergies fossiles. Le progrès technique aidant, les biocarburants pourraient toutefois gagner leur lettre de noblesse. Et ils utiliseraient pour cela les algues.



L’histoire des biocarburants pourrait être présentée par les plus pessimistes comme une longue suite d’échecs. La première génération de ces carburants dits renouvelables a eu tôt fait d’illustrer sa concurrence aux cultures vivrières. Tout au plus a-t-elle démontré la possibilité de faire rouler une voiture à l’aide de bioéthanol. Les biocarburants de seconde génération sont parvenus à élargir le panel de végétaux utilisés pour leur production. Mais se posait toujours la question des rendements et de la concurrence avec les cultures alimentaires.
 
À cet égard, les biocarburants de troisième génération proposent aujourd’hui des réponses prometteuses. Ces carburants fabriqués à partir d’algues, ou algocarburants, sont en fait composés des lipides contenus dans les plantes aquatiques. Ils sont plus faciles à produire et plus rentables. À tel point que certains imaginent déjà leur arrivée à la pompe d’ici 2020.
 
Les algues présentent des atouts considérables dans le cadre de la production de combustible. Leur culture est tout d’abord très économique : pour pousser, une algue n’a besoin que d’eau, de soleil et de gaz carbonique. Elle n’entre ainsi d’aucune façon en concurrence avec l’agriculture vivrière dont elle n’utilise pas les sols ni les ressources.
 
De plus, les algues peuvent accumuler jusqu’à 50 % de leur poids en graisse. Or c’est bien la graisse de ces plantes qui est utile à la production de biocarburant. Cette propriété en fait un végétal dont le rendement est exceptionnel, près de 30 fois supérieur à celui du colza par exemple. Malgré leur caractère prometteur, les algocarburants demeurent chers à produire et cela demeure un frein à leur démocratisation.
 
L’extraction des graisses végétales est un processus long et couteux qu’il est aujourd’hui nécessaire d’améliorer pour rendre les algocarburants véritablement simples à produire. Il revient donc désormais aux chercheurs de perfectionner le processus. Partout dans le monde, des pays investissent ainsi afin de trouver de nouveaux processus d’extraction. En France par exemple, c’est le projet Shamash qui fait référence. Cette entreprise scientifique pourvue de 2,8 millions d’euros est déjà l’auteur de 3 brevets concernant la production de biocarburants à partir de microalgues.
 
Les algocarburants semblent donc arriver dans nos contrées lentement mais surement. L’industrie aéronautique semble d’ailleurs s’en être fait le meilleur avocat. Des vols tests ont en effet été réalisés à travers toute la planète depuis 2009. Continental Airlines, Japan Airlines, mais aussi le constructeur EADS ont organisé des essais fructueux de biocarburant sur leurs avions. L’expérience la plus parlante semble ainsi avoir été réalisée par Airbus le 8 juin 2010, quand la compagnie a fait voler au-dessus de Berlin un avion uniquement propulsé par un algocarburant. L’avènement d’un carburant vert semble ainsi n’avoir jamais été aussi près !