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Pourtant, ces énergies auxquelles est lié notre avenir sont épuisables et en voie d’épuisement. Il est donc indispensable de repenser notre monde énergétique pour passer d’un modèle fondé sur la domination des énergies fossiles à une gamme énergétique plus variée et durable, ce qu’on appelle la transition énergétique. La France n’échappe pas à ce phénomène.
Bien que conscientes de cette nécessité, nos sociétés actuelles peinent à mettre en œuvre cette transition qui recouvre divers intérêts, politiques, économiques, écologiques et sociétaux. Forte dépendance aux énergies fossiles, géographie inégale des réserves de gaz et de pétrole et coûts engendrés, sont autant de raisons qui expliquent les difficultés rencontrées.
Le mix énergétique, aussi appelé bouquet énergétique, correspond à la proportion des différentes sources d’énergie dans la production d’énergie. Au niveau mondial, les énergies fossiles [1] sont largement dominantes, ce qui explique les inquiétudes de spécialistes compte tenu de leur épuisement futur. En effet, le stock est estimé à 50 ans pour le pétrole, à 60 ans pour le gaz et l’uranium [2] et à 150 ans pour le charbon [3]. Le mix énergétique doit donc évoluer pour pallier ce risque en laissant une plus grande place aux autres sources d’énergie telles que les énergies renouvelables ou les énergies non conventionnelles. Mais dans quelle proportion ? Différentes solutions s’offrent à nous et elles comportent toutes des inconvénients non négligeables : le risque nucléaire, l’absence de rentabilité suffisante, la pollution, les contraintes d’exploitation etc.
Aujourd’hui, le mix énergétique électrique français est dominé par l’énergie nucléaire qui représente plus de 78,4 % de la production électrique, soit plus de 450 TWh [4]. Ce choix de production nucléaire s’inscrit dans une stratégie à long terme d’indépendance qui a commencé dès 1945 avec la création du Commissariat à l’énergie atomique par le Général de Gaulle, suivie de la construction de la première centrale en 1963 à Chinon. Le pays en compte aujourd’hui 19 qui rassemblent 58 réacteurs [5]. Mais cette priorité est remise en cause, notamment après l’incident nucléaire de Fukushima le 11 mars 2011, au nom de la sûreté et de la sécurité des populations et de l’environnement. Difficile alors de justifier et de convaincre l’opinion que les intérêts géopolitiques priment sur ces arguments.
Les dangers du nucléaire sont une réalité. Mais la question de savoir s’il faut se débarrasser de cet atout reste au cœur des débats. Outre-Rhin, l’Allemagne s’est engagée dans la voie de la transition énergétique, à savoir se détacher définitivement de l’énergie nucléaire à l’horizon des années 2020. Ce pari allemand nous place en mauvais élève de l’environnement, bien que nos situations énergétiques et stratégiques soient différentes. D’abord, l’indépendance électrique de la France est quasi exclusivement liée à nos centrales, ce qui rend une sortie totale du nucléaire beaucoup plus difficile car elle nous mettrait en position d’importateur d’électricité alors qu’en 2010, notre taux d’indépendance en matière d’énergie primaire [6] s’élevait à 102,3 %. L’impact de la sortie rapide du nucléaire est donc plus important sur notre stratégie d’indépendance énergétique et ne peut probablement pas se faire dans les mêmes délais et aux mêmes conditions qu’un pays moins producteur de cette électricité. Les allemands en sont moins dépendants tout en étant plus en avance dans le domaine des énergies renouvelables.
De ce mix découle de nombreuses conséquences mais il dépend en amont de multiples facteurs. En effet, il varie selon le pays concerné, la stratégie d’indépendance énergétique envisagée, l’intégration régionale du pays, la disponibilité de ses ressources ou encore ses besoins en énergie. Pourquoi se lancer dans une production des énergies renouvelables ou du gaz de schiste si la France n’en possède pas les capacités suffisantes pour constituer une alternative solide et pérenne ? Le nucléaire est montré du doigt, tout comme les énergies fossiles. Pourtant le monde ne semble pas pouvoir s’en passer dans l’immédiat et les énergies renouvelables ne sont pas une solution prête à l’emploi à court terme. En effet, elles ne sont pas encore matures et nécessitent des subventions de l’État, pour leur assurer un développement constant : la part des énergies renouvelables dans la consommation finale d’énergie en Europe entre 2005 et 2009 a augmenté de 8,6 % à 11 % [7]. En France, la loi Grenelle 1 [8] a fixé à 23 % la part d’énergie renouvelable dans la consommation finale d’ici 2020 conformément aux objectifs de la directive européenne de 2009. Notre indicateur national est passé de 9,7 % à 12,9 % entre 2005 et 2009 [9]. Nos résultats sont supérieurs aux chiffres européens.
Mais pour qu’une généralisation soit possible il faut qu’elles soient rentables, ou au moins plus rentables que les énergies fossiles, et adaptées aux besoins, ce qui passe par l’éducation des population à l’énergie mais aussi une pénétration de nouvelles habitudes au sein des industries consommatrices de pétrole, de gaz ou de charbon.
Il ne s’agit pas de vouloir généraliser une solution miracle unique. Aucune source d’énergie alternative ne peut remplir les exigences de l’ensemble de l’offre. La clé réside peut-être dans le concept de « un besoin-une énergie ». Il faut par exemple distinguer les besoins de l’habitat individuel qui peuvent être comblés par l’énergie solaire, adaptée à des besoins locaux, des besoins industriels importants et peu compatibles avec une source d’énergie plus aléatoire. En effet, une autre variable est à prendre en compte dans la composition de notre mix énergétique, le climat. Le dérèglement climatique incite à se demander dans quelle mesure nous pouvons compter sur le vent ou l'ensoleillement comme moteurs de notre énergie globale, dans une vision à long terme de généralisation des énergies renouvelables.
La production doit donc non seulement être répartie entre les différentes sources d’énergies mais aussi entre les différents besoins. Cela mènera alors à une répartition des énergies en fonction des besoins et non des quotas ou des prix des pays exportateurs. L’objectif est de briser ce cercle vicieux de dépendance vis-à-vis des énergies fossiles. L’idée est d’être à l’origine de la production et ne pas subir les politiques des pays de l’OPEP, car si nous sommes indépendants en matière d’électricité primaire, notre taux d’indépendance pour le charbon est de 1 %, de 2,2 % pour le pétrole et enfin de 1,5 % pour le gaz. Il y a donc urgence quand on réalise que nous sommes poussés vers la sortie du nucléaire et que nous dépendons autant des pays exportateurs de pétrole et de gaz.
Par ailleurs, il est primordial de savoir à quel temps se conjugue cette crise. Car il s’agit bien là de crise énergétique, écologique mais aussi humaine que nous traversons. Cette évolution énergétique doit être négociée non seulement dans un objectif de pérennité de nos sociétés mais également dans une vision stratégique d’indépendance de la France. Il est primordial de gérer des impératifs de court terme comme la consommation et la production annuelle de la France mais de lourds moyens seront nécessaires, notamment en matière de recherche et développement, afin de s’inscrire dans une stratégique à long terme.
Bien que conscientes de cette nécessité, nos sociétés actuelles peinent à mettre en œuvre cette transition qui recouvre divers intérêts, politiques, économiques, écologiques et sociétaux. Forte dépendance aux énergies fossiles, géographie inégale des réserves de gaz et de pétrole et coûts engendrés, sont autant de raisons qui expliquent les difficultés rencontrées.
Le mix énergétique, aussi appelé bouquet énergétique, correspond à la proportion des différentes sources d’énergie dans la production d’énergie. Au niveau mondial, les énergies fossiles [1] sont largement dominantes, ce qui explique les inquiétudes de spécialistes compte tenu de leur épuisement futur. En effet, le stock est estimé à 50 ans pour le pétrole, à 60 ans pour le gaz et l’uranium [2] et à 150 ans pour le charbon [3]. Le mix énergétique doit donc évoluer pour pallier ce risque en laissant une plus grande place aux autres sources d’énergie telles que les énergies renouvelables ou les énergies non conventionnelles. Mais dans quelle proportion ? Différentes solutions s’offrent à nous et elles comportent toutes des inconvénients non négligeables : le risque nucléaire, l’absence de rentabilité suffisante, la pollution, les contraintes d’exploitation etc.
Aujourd’hui, le mix énergétique électrique français est dominé par l’énergie nucléaire qui représente plus de 78,4 % de la production électrique, soit plus de 450 TWh [4]. Ce choix de production nucléaire s’inscrit dans une stratégie à long terme d’indépendance qui a commencé dès 1945 avec la création du Commissariat à l’énergie atomique par le Général de Gaulle, suivie de la construction de la première centrale en 1963 à Chinon. Le pays en compte aujourd’hui 19 qui rassemblent 58 réacteurs [5]. Mais cette priorité est remise en cause, notamment après l’incident nucléaire de Fukushima le 11 mars 2011, au nom de la sûreté et de la sécurité des populations et de l’environnement. Difficile alors de justifier et de convaincre l’opinion que les intérêts géopolitiques priment sur ces arguments.
Les dangers du nucléaire sont une réalité. Mais la question de savoir s’il faut se débarrasser de cet atout reste au cœur des débats. Outre-Rhin, l’Allemagne s’est engagée dans la voie de la transition énergétique, à savoir se détacher définitivement de l’énergie nucléaire à l’horizon des années 2020. Ce pari allemand nous place en mauvais élève de l’environnement, bien que nos situations énergétiques et stratégiques soient différentes. D’abord, l’indépendance électrique de la France est quasi exclusivement liée à nos centrales, ce qui rend une sortie totale du nucléaire beaucoup plus difficile car elle nous mettrait en position d’importateur d’électricité alors qu’en 2010, notre taux d’indépendance en matière d’énergie primaire [6] s’élevait à 102,3 %. L’impact de la sortie rapide du nucléaire est donc plus important sur notre stratégie d’indépendance énergétique et ne peut probablement pas se faire dans les mêmes délais et aux mêmes conditions qu’un pays moins producteur de cette électricité. Les allemands en sont moins dépendants tout en étant plus en avance dans le domaine des énergies renouvelables.
De ce mix découle de nombreuses conséquences mais il dépend en amont de multiples facteurs. En effet, il varie selon le pays concerné, la stratégie d’indépendance énergétique envisagée, l’intégration régionale du pays, la disponibilité de ses ressources ou encore ses besoins en énergie. Pourquoi se lancer dans une production des énergies renouvelables ou du gaz de schiste si la France n’en possède pas les capacités suffisantes pour constituer une alternative solide et pérenne ? Le nucléaire est montré du doigt, tout comme les énergies fossiles. Pourtant le monde ne semble pas pouvoir s’en passer dans l’immédiat et les énergies renouvelables ne sont pas une solution prête à l’emploi à court terme. En effet, elles ne sont pas encore matures et nécessitent des subventions de l’État, pour leur assurer un développement constant : la part des énergies renouvelables dans la consommation finale d’énergie en Europe entre 2005 et 2009 a augmenté de 8,6 % à 11 % [7]. En France, la loi Grenelle 1 [8] a fixé à 23 % la part d’énergie renouvelable dans la consommation finale d’ici 2020 conformément aux objectifs de la directive européenne de 2009. Notre indicateur national est passé de 9,7 % à 12,9 % entre 2005 et 2009 [9]. Nos résultats sont supérieurs aux chiffres européens.
Mais pour qu’une généralisation soit possible il faut qu’elles soient rentables, ou au moins plus rentables que les énergies fossiles, et adaptées aux besoins, ce qui passe par l’éducation des population à l’énergie mais aussi une pénétration de nouvelles habitudes au sein des industries consommatrices de pétrole, de gaz ou de charbon.
Il ne s’agit pas de vouloir généraliser une solution miracle unique. Aucune source d’énergie alternative ne peut remplir les exigences de l’ensemble de l’offre. La clé réside peut-être dans le concept de « un besoin-une énergie ». Il faut par exemple distinguer les besoins de l’habitat individuel qui peuvent être comblés par l’énergie solaire, adaptée à des besoins locaux, des besoins industriels importants et peu compatibles avec une source d’énergie plus aléatoire. En effet, une autre variable est à prendre en compte dans la composition de notre mix énergétique, le climat. Le dérèglement climatique incite à se demander dans quelle mesure nous pouvons compter sur le vent ou l'ensoleillement comme moteurs de notre énergie globale, dans une vision à long terme de généralisation des énergies renouvelables.
La production doit donc non seulement être répartie entre les différentes sources d’énergies mais aussi entre les différents besoins. Cela mènera alors à une répartition des énergies en fonction des besoins et non des quotas ou des prix des pays exportateurs. L’objectif est de briser ce cercle vicieux de dépendance vis-à-vis des énergies fossiles. L’idée est d’être à l’origine de la production et ne pas subir les politiques des pays de l’OPEP, car si nous sommes indépendants en matière d’électricité primaire, notre taux d’indépendance pour le charbon est de 1 %, de 2,2 % pour le pétrole et enfin de 1,5 % pour le gaz. Il y a donc urgence quand on réalise que nous sommes poussés vers la sortie du nucléaire et que nous dépendons autant des pays exportateurs de pétrole et de gaz.
Par ailleurs, il est primordial de savoir à quel temps se conjugue cette crise. Car il s’agit bien là de crise énergétique, écologique mais aussi humaine que nous traversons. Cette évolution énergétique doit être négociée non seulement dans un objectif de pérennité de nos sociétés mais également dans une vision stratégique d’indépendance de la France. Il est primordial de gérer des impératifs de court terme comme la consommation et la production annuelle de la France mais de lourds moyens seront nécessaires, notamment en matière de recherche et développement, afin de s’inscrire dans une stratégique à long terme.
[1] Énergies fossiles comprennent : gaz, pétrole et charbon
[2] Essentiellement utilisée pour la production d’énergie nucléaire
[3] Source : www.cea.fr
[4] Source : www.asn.fr (1 TWh = 1Milliard de kWh)
[5] Source : www.asn.fr
[6] Énergie primaire selon l’INSEE : nucléaire, hydraulique, éolien et photovoltaïque. Source : www.insee.fr
[8] Loi Grenelle 1 promulguée le 3 août 2009 suivie de la loi Grenelle 2 promulguée le 12 juillet 2010
A propos de l'auteur
Etudiante au Magistère Juriste d'Affaires de l'Université Panthéon-Assas, puis en Mastère Spécialisé en Management des Risques Internationaux à HEC, Blandine Gény se destine à exercer la profession d'avocat. Actuellement à l'Ecole de Formation du Barreau de Paris, elle termine sa formation en tant qu'avocat stagiaire en financement de projets au sein du cabinet Clifford Chance, après avoir effectué un stage bras droit auprès du Deputy Chairman du marché Lloyd's of London en 2011, ainsi qu'une expérience de six mois en fiscalité des entreprises au sein du cabinet Arsene Taxand.