La LPO lance une offensive judiciaire contre les effets des pesticides sur les oiseaux

26/05/2021


​La Ligue pour la protection des Oiseaux (LPO) annonce avoir assigné devant Tribunal judiciaire de Lyon des producteurs, importateurs et distributeurs d’un pesticide, l’imidaclopride. L’association estime que ce néonicotinoïde est responsable du déclin de populations d’oiseaux dans les zones agricoles.



Creative Commons - Pixabay

La justice devra se prononcer sur la question épineuse de l’impact des pesticides sur le déclin des populations d’oiseaux. « Soutenue par l'expertise juridique de l'association Intérêt à Agir et celle de Me Sébastien Mabile du cabinet Seattle Avocats, La LPO a assigné le 21 mai 2021 - Journée nationale de la biodiversité - devant le Tribunal judiciaire de Lyon les principaux producteurs, importateurs et distributeurs d'imidaclopride (une substance néonicotinoïde très toxique) en France afin de faire reconnaître leur responsabilité dans le déclin des populations d'oiseaux des milieux agricoles » annonce la Ligue pour la protection des oiseaux.

 

L’association s’appuie sur les études scientifiques qui notent la chute drastique des populations d’insectes et leurs répercussions sur l’ensemble de la biodiversité ces dernière décennies. « Selon les études, les néonicotinoïdes persistants, systémiques et neurotoxiques, soit la nouvelle génération de pesticides introduits au début des années 1990, sont responsables de ces déclins. Des travaux plus récents démontrent même une corrélation spatiale et temporelle entre la commercialisation massive de l'imidaclopride, notamment aux États-Unis, aux Pays-Bas, et en France, et le déclin des oiseaux en zones rurales, établissant le lien de causalité entre les produits phytosanitaires et les dommages environnementaux.

L'imidaclopride, principalement utilisé en enrobage de semences pour diverses cultures (blés, betteraves, maïs, tournesol), est la substance néonicotinoïde la plus commercialisée en France depuis 1991. C'est à cause de ses effets dévastateurs pour les abeilles, même à des doses infinitésimales, qu'il est qualifié de « tueur d'abeilles ». Mais ses effets ne s'arrêtent pas là car son mode d'action le rend toxique pour de nombreuses autres espèces » avance le communiqué.

Outre les conséquences indirectes de la disparition des insectes nécessaires à l’alimentation des oiseaux, le pesticide au cœur de la démarche judiciaire est dangereux : « Concernant les oiseaux spécifiquement, l'imidaclopride a des effets directs dus à l'ingestion de graines enrobées de la substance toxique (6 graines suffisent à tuer instantanément une Perdrix grise), et des effets indirects liés à la disparition des invertébrés, aquatiques et terrestres, dont ils se nourrissent ».