L’Italie se lance dans le captage de CO2

Paolo Garoscio
05/09/2024


Le 3 septembre 2024, l'Italie a franchi une étape majeure dans la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre avec le lancement officiel du premier projet national de captage, transport et stockage du carbone (CSC). Ce projet, dirigé par deux géants italiens, Eni et Snam, est une première pour l’Italie dans ses efforts de décarbonation des industries à forte intensité énergétique.



Quels sont les objectifs du Projet Ravenna CCS ?

Le projet Ravenna CCS, situé dans la ville italienne de Ravenne, a pour mission de capter et de stocker le dioxyde de carbone (CO₂) issu de processus industriels. La première phase de ce projet consiste à capter environ 25 000 tonnes de CO₂ par an à partir de l'usine de traitement de gaz naturel Eni à Casalborsetti. Une fois capté, le CO₂ est transporté via des pipelines reconvertis, auparavant utilisés pour le transport de gaz naturel, jusqu'à la plateforme offshore de Porto Corsini Mare Ovest, où il est injecté dans un réservoir de gaz épuisé à une profondeur de 3 000 mètres sous terre.

Cette technologie permet de réduire de plus de 90% les émissions de CO₂ émises par la cheminée de l'usine, avec des pics de réduction atteignant 96%. Ce projet est donc essentiel pour contribuer à la neutralité carbone que l'Italie vise à atteindre d'ici 2050, conformément aux objectifs du Plan National Intégré Énergie et Climat. D'ici 2030, le projet prévoit d'atteindre une capacité de stockage de 4 millions de tonnes de CO₂ par an.

Pourquoi le CSC ?

Le captage et stockage du carbone est une technologie clé pour limiter les émissions de gaz à effet de serre provenant des industries à forte intensité énergétique. Il s'agit de capter le CO₂ directement à la source, avant qu'il ne soit rejeté dans l'atmosphère, et de le stocker sous terre de manière permanente. Le projet Ravenna CCS s'appuie sur l'expérience d'Eni en matière de réinjection et sur l'infrastructure existante, offrant ainsi une solution compétitive pour la décarbonation des secteurs difficiles à électrifier, tels que ceux de la céramique, du verre ou encore de l'acier.

Le projet Ravenna CCS est alimenté par de l'électricité provenant de sources renouvelables, évitant ainsi toute émission supplémentaire liée à l'utilisation d'énergies fossiles. Ce choix technologique, unique au monde, place l'Italie à l'avant-garde de la lutte contre les émissions industrielles de CO₂. Le projet Ravenna CCS a pour ambition de devenir le pôle italien de décarbonation pour les industries à forte intensité énergétique, non seulement au niveau national, mais également à l'échelle européenne. Des entreprises en France, au Royaume-Uni et en Grèce se montrent déjà intéressées par cette solution novatrice.