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Chaque moment de l’existence est une négociation et un affrontement avec le risque et l’incertitude. Dans notre monde où il n’y a que du désordre et de l’imprédictible, si l’on veut être acteur de sa vie et vivre debout, il va falloir dialoguer avec l’Incertitude et fonder sa pensée sur l’absence de fondement. Incertain empirique, incertain théorique, incertain cognitif, car nos catégories mentales ne peuvent réussir à saisir des réalités inconcevables comme l’origine du monde…
L’effondrement des certitudes liées à l’idée de progrès garanti, l’effondrement des certitudes liées à l’idée que les sciences et techniques ne soient que bénéfiques nous mène à l’Incertitude fondamentale du monde qu’il va falloir réapprivoiser.
L’humanité a toujours vécu dans et avec l’incertitude.
Du temps de nos ancêtres chasseurs-cueilleurs, la chasse était quelque chose d’aléatoire.
Du temps des sociétés historiques, les guerres nécessitaient une stratégie.
Le monde politique est un monde d’incertitude.
On a voulu croire en une machine économique guidée par des lois… Et les prévisions économiques, malgré une grande sophistication d’outils mathématiques, ont révélé leurs limites, justement, parce que trop sophistiquées, parce que trop fermées sur elles-mêmes.
L’Histoire, notre histoire, nos histoires, tous nos paysages organisationnels quels qu’ils soient (professionnel, personnels, etc.) doivent être conçus comme un cocktail d’ordre, et de désordre, de puissance et d’impuissance. L’organisation de l’Incertitude (1), telle est notre ultime gageure.
Dans notre monde, dont le cadre est le changement permanent, où toutes nos trajectoires et nos points de repères ont éclaté. Dans ce changement permanent dont la vitesse est exponentielle, irrégulière, surstimulatrice et déstabilisatrice, il va falloir intégrer le concept de bifurcation chère aux physiciens et celui de complexité.
Grâce au modèle qu’est la structure dissipative, issu de la thermodynamique non-linéaire, Prigogine, Belge d’origine russe, physicien et prix Nobel de chimie nous apporte des éléments de compréhension du changement et des turbulences y afférents. Il nous démontre comment avec certitude un système incertain, c’est-à-dire vivant hors de l’équilibre, va se comporter.
Ainsi dans toute trajectoire, il y a stabilité, perturbation, turbulences, bifurcation.
Nous nous en expliquons. Dans toute trajectoire, il y a une période de stabilité, même très courte, puis cette période de stabilité va être perturbée par ce que les physiciens appellent le chaos déterministe. Un petit élément, un petit paramètre, parfois minuscule va se modifier sans forcément que cela soit perceptible et qui va faire en sorte que les trajectoires ultérieures vont être incommensurablement différentes. Ainsi, la vitesse d’un paramètre va prééminer sur les autres paramètres. Ce chaos déterministe est en quelque sorte un générateur aléatoire dont les propriétés sont la sensibilité aux conditions initiales et l’apparition imprévisible de séquences apparemment périodique : cette propriété d’accroissement exponentiel des écarts réconcilie les notions de déterminisme et d’imprédictibilité.
Ou illustré dans la non moins célèbre maxime de Lorrenz ou effet papillon
« le battement d’ailes d’un papillon au Brésil peut-il provoquer une tornade au Texas ? »
Dès lors, le chaos est cet art de former du complexe à partir du simple. Il est la période au cours de laquelle deux trajectoires s’écartent exponentiellement avec le temps. Il est à la fois la non-distinction ainsi que la source de l’ordre et du désordre.
Cette complexité, c’est également l’enchevêtrement des causes et des conséquences. La méthode cartésienne qui dit : divisons les problèmes et traitons les uns à uns, a révélé ses limites. La complexité répond : on ne peut traiter les choses partie à partie. La connaissance des parties ne prend sens que si on la lie à la connaissance d’un tout qui, en tant que tout mérite d’être étudié en soi.
Ainsi le chaos va nous donner des modifications de trajectoire ou bifurcation enrichissant notre vision du monde et des choses.
Cette bifurcation, c’est ce moment où la modification d’un paramètre d’un système va modifier tout le système. Face à celle-ci, ou je la convertis en ressource et opportunité de gestion ou je me voile la face ou j’essaie de me trouver un passé définitivement révolu.
Notre monde n’est pas déterminations, stabilités, répétitions, cycles. Il est tout en même temps perturbations, turbulences, surgissements, cloisonnements, renouveau, ouverture, fermeture…
Pour « Vivre debout », pour être acteur de sa vie par rapport à toute perturbation, il est indispensable, aujourd’hui d’intégrer la non-linéarité dans tous nos actes de gestion puisque nous devons gérer des systèmes complexes, vivants, instables, hors de l’équilibre, dont la flèche du temps impose une évolution aléatoire, imprévisible et irréversible.
Telle est l’aventure que je vous propose dans la Société de l’Incertitude [2]
Ann Defrenne-Parent
Publié chez L'Harmattan : LE MANAGEMENT DE L'INCERTITUDE
L’effondrement des certitudes liées à l’idée de progrès garanti, l’effondrement des certitudes liées à l’idée que les sciences et techniques ne soient que bénéfiques nous mène à l’Incertitude fondamentale du monde qu’il va falloir réapprivoiser.
L’humanité a toujours vécu dans et avec l’incertitude.
Du temps de nos ancêtres chasseurs-cueilleurs, la chasse était quelque chose d’aléatoire.
Du temps des sociétés historiques, les guerres nécessitaient une stratégie.
Le monde politique est un monde d’incertitude.
On a voulu croire en une machine économique guidée par des lois… Et les prévisions économiques, malgré une grande sophistication d’outils mathématiques, ont révélé leurs limites, justement, parce que trop sophistiquées, parce que trop fermées sur elles-mêmes.
L’Histoire, notre histoire, nos histoires, tous nos paysages organisationnels quels qu’ils soient (professionnel, personnels, etc.) doivent être conçus comme un cocktail d’ordre, et de désordre, de puissance et d’impuissance. L’organisation de l’Incertitude (1), telle est notre ultime gageure.
Dans notre monde, dont le cadre est le changement permanent, où toutes nos trajectoires et nos points de repères ont éclaté. Dans ce changement permanent dont la vitesse est exponentielle, irrégulière, surstimulatrice et déstabilisatrice, il va falloir intégrer le concept de bifurcation chère aux physiciens et celui de complexité.
Grâce au modèle qu’est la structure dissipative, issu de la thermodynamique non-linéaire, Prigogine, Belge d’origine russe, physicien et prix Nobel de chimie nous apporte des éléments de compréhension du changement et des turbulences y afférents. Il nous démontre comment avec certitude un système incertain, c’est-à-dire vivant hors de l’équilibre, va se comporter.
Ainsi dans toute trajectoire, il y a stabilité, perturbation, turbulences, bifurcation.
Nous nous en expliquons. Dans toute trajectoire, il y a une période de stabilité, même très courte, puis cette période de stabilité va être perturbée par ce que les physiciens appellent le chaos déterministe. Un petit élément, un petit paramètre, parfois minuscule va se modifier sans forcément que cela soit perceptible et qui va faire en sorte que les trajectoires ultérieures vont être incommensurablement différentes. Ainsi, la vitesse d’un paramètre va prééminer sur les autres paramètres. Ce chaos déterministe est en quelque sorte un générateur aléatoire dont les propriétés sont la sensibilité aux conditions initiales et l’apparition imprévisible de séquences apparemment périodique : cette propriété d’accroissement exponentiel des écarts réconcilie les notions de déterminisme et d’imprédictibilité.
Ou illustré dans la non moins célèbre maxime de Lorrenz ou effet papillon
« le battement d’ailes d’un papillon au Brésil peut-il provoquer une tornade au Texas ? »
Dès lors, le chaos est cet art de former du complexe à partir du simple. Il est la période au cours de laquelle deux trajectoires s’écartent exponentiellement avec le temps. Il est à la fois la non-distinction ainsi que la source de l’ordre et du désordre.
Cette complexité, c’est également l’enchevêtrement des causes et des conséquences. La méthode cartésienne qui dit : divisons les problèmes et traitons les uns à uns, a révélé ses limites. La complexité répond : on ne peut traiter les choses partie à partie. La connaissance des parties ne prend sens que si on la lie à la connaissance d’un tout qui, en tant que tout mérite d’être étudié en soi.
Ainsi le chaos va nous donner des modifications de trajectoire ou bifurcation enrichissant notre vision du monde et des choses.
Cette bifurcation, c’est ce moment où la modification d’un paramètre d’un système va modifier tout le système. Face à celle-ci, ou je la convertis en ressource et opportunité de gestion ou je me voile la face ou j’essaie de me trouver un passé définitivement révolu.
Notre monde n’est pas déterminations, stabilités, répétitions, cycles. Il est tout en même temps perturbations, turbulences, surgissements, cloisonnements, renouveau, ouverture, fermeture…
Pour « Vivre debout », pour être acteur de sa vie par rapport à toute perturbation, il est indispensable, aujourd’hui d’intégrer la non-linéarité dans tous nos actes de gestion puisque nous devons gérer des systèmes complexes, vivants, instables, hors de l’équilibre, dont la flèche du temps impose une évolution aléatoire, imprévisible et irréversible.
Telle est l’aventure que je vous propose dans la Société de l’Incertitude [2]
Ann Defrenne-Parent
Publié chez L'Harmattan : LE MANAGEMENT DE L'INCERTITUDE
[1] L’Incertitude, selon le Prof. Jacques Defrenne et le Dr Chantal Delvaux, c’est l’état dont les constituants coagissants et concomittants sont : premièrement l’ordre et le désordre, la puissance et l’impuissance, de nécessité réciproque ; deuxièmement la perturbation du processus identificatoire traditionnel ; troisièmement la trajectoire imprévisible, aléatoire, irréversible, à la dynamique et à la complexité accrues, caractéristiques de l’évolution de tout système vivant éloigné de l’équilibre, à partir d’un point de bifurcation, atteint inéluctablement après une turbulence, originaire d’une perturbation.
[2] Société qui acte la dissolution progressive et définitive de la société patriarcale et qui dévoile l’omniprésence, tout aussi définitive, de l’Incertitude.
[2] Société qui acte la dissolution progressive et définitive de la société patriarcale et qui dévoile l’omniprésence, tout aussi définitive, de l’Incertitude.