Industrie et mercure : la Communauté internationale amorce un processus de régulation

Arthur Fournier
22/01/2013


À l’origine d’une pollution environnementale croissante, le mercure est dans la ligne de mire de la communauté internationale depuis plusieurs années. Ce métal largement utilisé dans l’industrie est un neurotoxique et un reprotoxique très puissants. Afin de tenter de faire diminuer les rejets de cette substance, une Convention internationale a vu le jour début 2013.



Le 19 janvier 2013 à Genève a été adoptée une Convention internationale sur l’usage du mercure. D’après le ministère suisse des Affaires étrangères, 140 pays ont approuvé ce texte dont l’application est prévue jusqu’en 2020. L’objectif général de cette convention est simple : réduire l’usage d’une substance nocive aujourd’hui massivement employée dans l’industrie.
 
L’origine de cette Convention remonte au Forum ministériel mondial sur l’environnement de 2009. C’est à cette occasion qu’une centaine de pays se sont décidés à renforcer les règles internationales concernant les produits toxiques. La conception de la Convention sur le mercure de 2013 a ainsi été décidée à cette époque également. Les États devront toutefois attendre octobre 2013 pour en devenir signataire.
 
La limitation de l’usage et des rejets de mercure constitue un enjeu de taille pour la santé et l’environnement. Le mercure est déversé dans l’environnement par de nombreuses industries et se propage en effet facilement dans l’air, et l’eau. Dans un rapport publié en 2002 et intitulé Évaluation mondiale du mercure, le PNUE mettait en évidence une augmentation tendancielle de la concentration de mercure dans l'environnement. Il affecte ainsi aujourd’hui l’ensemble de la chaîne alimentaire et bien sûr l’homme qui se trouve à son sommet.
 
Le 9 janvier 2013, le PNUE dévoilait les résultats d’une seconde étude venant confirmer la croissance du problème de la pollution par le mercure. Le PNUE mettait cette fois également en avant une pollution particulièrement forte chez les pays en développement. Dans ces pays où la production d’énergie par combustion de charbon et l’orpaillage sont des activités fréquentes, les rejets de mercure sont monnaie courante et tendent en effet à augmenter.
 
La Convention de 2013 s’impose donc comme l’effort de la communauté internationale pour maîtriser cette problématique. Ce texte prévoit notamment l’interdiction à terme de l’usage du mercure dans de nombreux biens de consommation courante tels que certains produits cosmétiques, lampes ou encore composants électroniques. La Convention encourage également le recours à des solutions industrielles de substitution au mercure ainsi qu’un développement des dispositifs de stockage et de recyclage des déchets mercurés.
 
Malgré ces mesures volontaristes, on ne peut que remarquer, comme l’ont fait les représentants de plusieurs ONG, la timidité des mesures prises à l’encontre de l’utilisation du mercure par certaines activités qui en une utilisation importante, et notamment les mines d’or artisanales et les centrales électriques au charbon incriminées par le PNUE. Échappe également à la convention, l’utilisation du mercure comme conservateur pour certains vaccins. On notera enfin que le texte déclare la disparition progressive de ce métal de la composition des amalgames dentaires, mais ne fait en revanche mention d’aucune date butoir à cet effet.
 
Ainsi, l’initiative des pays pour endiguer la pollution au mercure constitue un sursaut nécessaire et bienvenu. Il s’agit en effet d’une problématique urgente et d’un risque environnemental et humain qui doit être endigué. Mais si l’adoption de cette Convention a été saluée, il convient toutefois de ne pas s’appesantir : le texte de 2013 n’est en aucun cas une mesure définitive, ni même suffisante pour limiter l’usage industriel du mercure au niveau du strict nécessaire.