Image d'illustration Roxana96/Pixabay
Le chiffre a de quoi surprendre, voire de quoi choquer, en ces temps où l’on parle tant d’écologie et de respect de l’environnement : selon une enquête Ipsos réalisée en 2020 pour la Fondation VINCI Autoroutes, près d’un Français sur trois reconnaît jeter des déchets par la fenêtre de sa voiture sur la route des vacances. De fait, ce ne sont pas moins de 25 tonnes de déchets sauvages en tous genres qui sont ramassés chaque jour le long des autoroutes françaises. Et ce triste constat ne s’applique pas qu’aux autoroutes. Ainsi, la direction interdépartementale des routes Nord-Ouest (Dirno), qui gère les routes nationales et autoroutes non-concédées de la région, a constaté que le nombre de déchets sur le bord des routes normandes a triplé entre 2011 et 2021. Rien qu’en 2019, les agents de la Dirno en ont ramassé 1500 tonnes. Bouteilles en plastiques et canettes vides, boîtes en carton, papiers, mouchoirs, gobelets et couverts jetables, mégots de cigarettes et, depuis l’an dernier, masques chirurgicaux… la liste des détritus récoltés au bord des routes est sans fin, comme autant de marques d’incivilités de la part des automobilistes. Heureusement, de nombreuses initiatives, des pouvoirs publics comme des citoyens ou d’entreprises privées voient le jour pour essayer de changer les mentalités ou, quand cela n’est pas possible, de recycler au mieux ces déchets.
La prévention d’abord
Parmi les acteurs en première ligne pour sensibiliser les automobilistes au problème que représentent ces tonnes de déchets négligemment jetés par la fenêtre de leurs véhicules par les automobilistes figurent les pouvoirs publics. Ainsi, dans plusieurs départements français, des panneaux invitant les conducteurs à ne pas se débarrasser de leurs détritus lorsqu’ils sont au volant ont été installés. C’est le cas notamment dans les Vosges, où le conseil départemental a mis en place une vingtaine de panneaux « Stop aux routes poubelles ». Des initiatives similaires ont été prises dans le Finistère, où le conseil départemental a installé soixante panneaux sur le bord des routes, ou encore dans le Gard.
Mais ces panneaux ne suffisent pas toujours à convaincre les automobilistes. C’est pourquoi des citoyens et des entreprises privées prennent des dispositions pour limiter au maximum le jet des déchets sur le bord des routes. Ainsi, Ruben Longin, un lycéen de 16 ans, a créé GreenR, une application pour ramasser les canettes, les bouteilles, les masques ou autres détritus qui trainent au bord de la route. Cette application propose deux choix, « Je déclare » ou « Je nettoie ». « S’il y a trop de déchets pour les ramasser, ou que l’on n’a pas le temps ou le matériel nécessaire, on peut déclarer en quelques clics la zone et les utilisateurs à proximité sont alertés. La deuxième fonctionnalité permet de venir nettoyer et de voir l’itinéraire pour se rendre au spot de déchets le plus proche », explique le jeune homme .
Mais ces panneaux ne suffisent pas toujours à convaincre les automobilistes. C’est pourquoi des citoyens et des entreprises privées prennent des dispositions pour limiter au maximum le jet des déchets sur le bord des routes. Ainsi, Ruben Longin, un lycéen de 16 ans, a créé GreenR, une application pour ramasser les canettes, les bouteilles, les masques ou autres détritus qui trainent au bord de la route. Cette application propose deux choix, « Je déclare » ou « Je nettoie ». « S’il y a trop de déchets pour les ramasser, ou que l’on n’a pas le temps ou le matériel nécessaire, on peut déclarer en quelques clics la zone et les utilisateurs à proximité sont alertés. La deuxième fonctionnalité permet de venir nettoyer et de voir l’itinéraire pour se rendre au spot de déchets le plus proche », explique le jeune homme .
Autre initiative privée qui devrait inciter les automobilistes à ne plus se débarrasser de leur paquet de cigarette ou de leur emballage de fast-food en le jetant par la fenêtre de leur véhicule, celle de Salvador Fernandez. Cet inventeur originaire de Sedan a conçu la première poubelle de voiture . Baptisée Car’bin , elle est destinée à être installée dans le coffre, d’une part pour éviter la propagation d’odeurs désagréables à l’intérieur de l’habitacle, et d’autre part pour éviter qu’en cas d’accident, elle ne se transforme en projectile dangereux pour la sécurité des occupants du véhicule. Pour l’instant, Car’bin n’est encore qu’à l’état de prototype, mais cet ingénieux système a déjà tapé dans l’œil de la fondation Solar Impulse qui l’a sélectionné parmi les 1000 solutions efficaces, propres et rentables qu’elle encourage dans le cadre de son programme de soutien aux créations et aux initiatives qui ont un impact positif sur l’environnement et la qualité de vie. Il n’y a plus qu’à souhaiter que cette invention voie effectivement le jour et qu’elle dissuadera fortement de le faire les 82% de Français qui justifient le fait de jeter leurs déchets par la fenêtre par le manque de poubelles à proximité.
Chez VINCI Autoroutes aussi, on a misé sur les poubelles pour faire en sorte que les usagers des autoroutes ne puissent pas invoquer un manque de poubelles pour se débarrasser de leurs détritus en les abandonnant sur le bord de la route. « 100% des aires d'autoroute sont équipées de poubelles et de dispositifs de tri sélectif », explique Bernadette Moreau, déléguée générale de la Fondation VINCI Autoroutes. Bac jaune pour le plastique, le métal et le carton, bac vert pour le verre, et bac noir pour les déchets alimentaires ou non recyclables, les automobilistes n’ont aucune excuse pour ne pas jeter leurs détritus dans la poubelle adéquate plutôt que de s’en débarrasser par la fenêtre lors de leur trajet. Au passage, c’est aussi une façon de les inciter à continuer à trier leurs déchets car, selon l’étude Ipsos, si 92% des Français déclarent le faire régulièrement dans la vie de tous les jours, ils ne sont plus que 72% à conserver cette bonne habitude sur les aires d’autoroutes. Ainsi, VINCI Autoroutes, qui valorisait déjà 49% des déchets produits par ses clients sur son réseau en matière ou en énergie en 2020, se fixe l’objectif ambitieux de 100% de déchets valorisés en 2030.
L’indispensable recyclage
Malgré les campagnes de sensibilisation et les dispositifs mis en place pour enrayer le phénomène, il n’en reste pas moins que de nombreux automobilistes persistent dans leurs mauvaises habitudes et continuent de jeter leurs déchets par la fenêtre de leur voiture. Heureusement, entre les nombreuses associations qui organisent des campagnes de ramassage de déchets au bord des routes et les agents autoroutiers qui prennent des risques pour les collecter, les canettes vides, emballages et autres mégots de cigarettes ne polluent pas indéfiniment. Reste un problème de taille à régler : que faire de ces tonnes de déchets ? Si pour le carton, le métal et le verre, le recyclage n’est pas une nouveauté, en revanche, certaines matières sont plus difficiles à valoriser, tels que les mégots de cigarettes par exemple.
Des innovations sont à regarder de près comme celle menée par Bastien Lucas, un jeune breton qui a créé MéGO !, la première entreprise de recyclage des mégots de cigarette au monde ! Lorsque l’on sait qu’un seul mégot met 15 ans à se dégrader, qu’il pollue jusqu’à 500 litres d’eau et que les deux tiers des mégots finissent dans la nature, dans les égouts ou sur le bord des routes, on mesure à quel point cette entreprise, qui traite entre 40 et 50 millions de mégots chaque année, réalise un travail indispensable. Concrètement, MéGO ! collecte les mégots avant de les broyer, puis de les passer dans quatre bains successifs. Les substances nocives sont filtrées et incinérées tandis que la matière brute est séchée, chauffée puis compressée afin d’obtenir une matière solide. Baptisé PlastiGO ! ce plastique composé à 100% d’acétate de cellulose provenant des mégots de cigarette peut être employé dans la fabrication, entre autres, de tables, de chaises, de poubelles de rues, de porte-crayons ou encore de… cendriers.
Depuis l’année dernière, un nouvel accessoire a rejoint les mégots, les bouteilles en plastique et autres déchets au bord des routes. Cet accessoire, c’est le masque jetable bien sûr. Devenu indispensable au quotidien, le masque est très souvent abandonné sur la voie publique ou au bord des routes. Pour remédier à cette pollution nouvelle due à l’incivilité de certains, Plaxtil, une petite entreprise implantée à Châtellerault, dans la Vienne, s’est lancé dès juin 2020 le défi de les recycler. Pour cela, la jeune société a d’abord installé une cinquantaine de points de collectes à Châtellerault même, avant de généraliser cettedémarche et de l’étendre à d’autres villes de France, comme à Paris - ou à Talence. Une fois récupérés, les masques sont d’abord mis en quarantaine pendant au moins quatre jours avant d’être broyés puis désinfectés lors d’un passage de trente secondes dans un tunnel d'ultraviolets très puissants qui élimine tout virus ou tout germe en moins de cinq secondes. Les billes de plastiques ainsi obtenues peuvent être réutilisées pour fabriquer des visières, des accessoires anti-Covid pour éviter de toucher poignées, digicodes et interrupteurs, ou encore des règles et des équerres pour les écoliers. « Même la barrette métallique est récupérée pour être réutilisée », précise Olivier Civil, cofondateur de Plaxtil. Une belle initiative qui contribue, elle aussi, à endiguer la pollution engendrée par les incivilités de certains automobilistes.