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Le monde d’après, souhaité par tous, serait en construction. La convention citoyenne donne le « la ». Un grand nombre de dirigeants et entreprises soutient cette nouvelle gouvernance d’idées et motive le pouvoir politique à mettre en place en urgence 149 préconisations pour un lendemain meilleur (1).
Pour autant, la sonnette d’alarme avait déjà été tirée à plusieurs reprises par les plus grands spécialistes pluridisciplinaires, en particulier en 2017. A l’époque, 15 000 scientifiques mettaient les habitants de la planète en garde contre la destruction rapide du monde naturel et le danger de voir l’humanité pousser « les écosystèmes au-delà de leurs capacités à entretenir le tissu de la vie » (2). La question idoine est bien ici : pourquoi cela n’avait-il eu aucun effet sur le système ? Pourquoi devant cet inventaire détaillé de la fin d’un monde, les acteurs (politiques, dirigeants, consommateurs…) n’ont pas basculé dans un changement de paradigme inévitable et indispensable ? Pourquoi le feraient ils maintenant ?
Regarder la 6e extinction de masse dans les yeux
Pourtant, la gravité des chiffres se passe de commentaire : en 40 ans, nous avons perdu en Europe 400 millions d’oiseaux (1 milliard sur le continent Nord-Américain), 60% des animaux sauvages ont été exterminés, 80% des insectes en Europe ont disparu ainsi que 90% des poissons d’eau douce. Sur les 12 derniers mois, 100 milliards d’animaux marins ont péri. Nous sommes bien ici sur la 6e extinction de masse du vivant connue sur ce vaisseau spatial et nous en sommes les acteurs. Et pourtant, nous ne constatons que peu, voire aucun changement à la vue de l’ampleur de la situation.
Comment expliquer cet immobilisme ? Le déni ? Un optimisme farouche ? Une peur du changement ?
Sur les pistes des solutions à ce problème de prise de conscience, il y a le principe de conduite du changement en phase avec la courbe du deuil. Henri Philippe Godeau, par son expérience dans la transformation d’organisation, nous montre le parallélisme entre les 5 phases du deuil et le déclenchement d’un changement de modèle. (3)
Tout changement s’accompagne des 5 étapes, plus ou moins longues, du deuil : déni, colère, négociation, dépression et acceptation. Le déni est souvent le point de départ d’un refus de changement, encourageant ainsi la personne à rester dans sa zone de confort et de non action. Le fait d’en comprendre le chemin peut déjà guider les parties prenantes vers une transformation plus rapide, plus efficiente, afin de mettre en place des paliers parfois disruptifs pouvant ainsi ‘révolutionner’ une organisation.
Vous avez dit révolution ?
Le principe de révolution peut lui aussi expliquer cette non prise de conscience instantanée devant le défi qu’est le nôtre. Le spécialiste en neuro science et bio-mimétisme, Idriss Aberkane nous alerte sur les 3 étapes immuables communes à toutes les révolutions. Qu’elle soit d’ordre spirituel, social, politique, scientifique ou sociétal, une idée révolutionnaire passe par la succession de trois réactions de l’auditoire : premièrement cette idée est ridicule, puis elle paraît dangereuse, et enfin elle devient évidente. (4)
La sphéricité de la terre, la libération des esclaves, la découverte des microbes, le droit de vote des femmes, le mariage homosexuel ont généré, lors de leur première annonce, des réactions passant du mode ridicule, assez rapidement vers le dangereux. On peut malgré tout annoncer que le constat le plus commun officialise l’évidence de ces thématiques dans notre siècle.
Et si tout cela était génétique ?
La composition elle-même de la structure cérébrale de Sapiens pourrait expliquer ces difficultés de changement. Sébastien Bohler, docteur en neurosciences, est l’un des chercheurs spécialistes des mécanismes d’addiction et de récompense. Les résultats de ses recherches sont impressionnants, d’une simplicité (relative), et pointent un responsable au doux nom de striatum. Cette zone du cerveau s’occupe des mécanismes de délivrance d’hormones du plaisir comme la dopamine. Toute action, situation, stimulation amenant un « plus » pour le cerveau déclenche une dose de plaisir. Nous sommes donc programmés pour plus de nourriture, plus de possessions, plus de partenaires via des stimulations de neurotransmetteurs. Je vous fais grâce du débat sur la différence entre bonheur et plaisir. Le recul sur notre évolution nous indique que ce principe du « toujours plus » nous a permis de survivre à toutes les épreuves passées. L’humain possédant le plus de biens, de richesse avaient plus de chances de survivre, de conquérir, de se reproduire.
Mais nous voilà au 21e siècle où une partie de la population mondiale se retrouve piégée dans une spirale qui la pousse à l’achat compulsif d’une 19e paire de chaussures plus jolie, d’une 27e chemise plus à la mode, d’un SUV plus performant, ou du dernier smartphone plus design. Cette surenchère du « plus » nous apporte toujours plus de récompenses de la part de M. Striatum, sauf que… notre futur durable, viable, vivable est basé sur une doctrine pragmatique selon laquelle nous devrons « faire mieux avec moins ». Et là, « notre cerveau devient notre pire ennemi » selon le scientifique, car il se lasse et ne peut se satisfaire de moins.
La bonne nouvelle est que l’augmentation du savoir déclenche également une dose de dopamine. Se dire que l’étude des solutions dessinées dans les des 17 objectifs de développement durable (5) et la RSE peut stimuler positivement votre striatum va donc vous rendre heureux....
Enfin, dites-vous que lorsque vous proposez un axe de changement, un nouveau paradigme, et que la réponse de votre interlocuteur, dans le déni de la situation, est : « C’est ridicule… !! », vous êtes sur la voie du monde d’après.
Sébastien BOLLE
@sbolle101
https://www.lejdd.fr/Societe/danone-camif-armor-biocoop-les-patrons-de-76-entreprises-appellent-a-semparer-de-lurgence-climatique-3977632 https://www.lemonde.fr/planete/article/2017/11/13/quinze-mille-scientifiques-alertent-sur-l-etat-de-la-planete_5214199_3244.html http://www.hpgodeau.fr/ https://www.youtube.com/watch?v=Uh6I4ygf9Yk&t=1792s https://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/
Pour autant, la sonnette d’alarme avait déjà été tirée à plusieurs reprises par les plus grands spécialistes pluridisciplinaires, en particulier en 2017. A l’époque, 15 000 scientifiques mettaient les habitants de la planète en garde contre la destruction rapide du monde naturel et le danger de voir l’humanité pousser « les écosystèmes au-delà de leurs capacités à entretenir le tissu de la vie » (2). La question idoine est bien ici : pourquoi cela n’avait-il eu aucun effet sur le système ? Pourquoi devant cet inventaire détaillé de la fin d’un monde, les acteurs (politiques, dirigeants, consommateurs…) n’ont pas basculé dans un changement de paradigme inévitable et indispensable ? Pourquoi le feraient ils maintenant ?
Regarder la 6e extinction de masse dans les yeux
Pourtant, la gravité des chiffres se passe de commentaire : en 40 ans, nous avons perdu en Europe 400 millions d’oiseaux (1 milliard sur le continent Nord-Américain), 60% des animaux sauvages ont été exterminés, 80% des insectes en Europe ont disparu ainsi que 90% des poissons d’eau douce. Sur les 12 derniers mois, 100 milliards d’animaux marins ont péri. Nous sommes bien ici sur la 6e extinction de masse du vivant connue sur ce vaisseau spatial et nous en sommes les acteurs. Et pourtant, nous ne constatons que peu, voire aucun changement à la vue de l’ampleur de la situation.
Comment expliquer cet immobilisme ? Le déni ? Un optimisme farouche ? Une peur du changement ?
Sur les pistes des solutions à ce problème de prise de conscience, il y a le principe de conduite du changement en phase avec la courbe du deuil. Henri Philippe Godeau, par son expérience dans la transformation d’organisation, nous montre le parallélisme entre les 5 phases du deuil et le déclenchement d’un changement de modèle. (3)
Tout changement s’accompagne des 5 étapes, plus ou moins longues, du deuil : déni, colère, négociation, dépression et acceptation. Le déni est souvent le point de départ d’un refus de changement, encourageant ainsi la personne à rester dans sa zone de confort et de non action. Le fait d’en comprendre le chemin peut déjà guider les parties prenantes vers une transformation plus rapide, plus efficiente, afin de mettre en place des paliers parfois disruptifs pouvant ainsi ‘révolutionner’ une organisation.
Vous avez dit révolution ?
Le principe de révolution peut lui aussi expliquer cette non prise de conscience instantanée devant le défi qu’est le nôtre. Le spécialiste en neuro science et bio-mimétisme, Idriss Aberkane nous alerte sur les 3 étapes immuables communes à toutes les révolutions. Qu’elle soit d’ordre spirituel, social, politique, scientifique ou sociétal, une idée révolutionnaire passe par la succession de trois réactions de l’auditoire : premièrement cette idée est ridicule, puis elle paraît dangereuse, et enfin elle devient évidente. (4)
La sphéricité de la terre, la libération des esclaves, la découverte des microbes, le droit de vote des femmes, le mariage homosexuel ont généré, lors de leur première annonce, des réactions passant du mode ridicule, assez rapidement vers le dangereux. On peut malgré tout annoncer que le constat le plus commun officialise l’évidence de ces thématiques dans notre siècle.
Et si tout cela était génétique ?
La composition elle-même de la structure cérébrale de Sapiens pourrait expliquer ces difficultés de changement. Sébastien Bohler, docteur en neurosciences, est l’un des chercheurs spécialistes des mécanismes d’addiction et de récompense. Les résultats de ses recherches sont impressionnants, d’une simplicité (relative), et pointent un responsable au doux nom de striatum. Cette zone du cerveau s’occupe des mécanismes de délivrance d’hormones du plaisir comme la dopamine. Toute action, situation, stimulation amenant un « plus » pour le cerveau déclenche une dose de plaisir. Nous sommes donc programmés pour plus de nourriture, plus de possessions, plus de partenaires via des stimulations de neurotransmetteurs. Je vous fais grâce du débat sur la différence entre bonheur et plaisir. Le recul sur notre évolution nous indique que ce principe du « toujours plus » nous a permis de survivre à toutes les épreuves passées. L’humain possédant le plus de biens, de richesse avaient plus de chances de survivre, de conquérir, de se reproduire.
Mais nous voilà au 21e siècle où une partie de la population mondiale se retrouve piégée dans une spirale qui la pousse à l’achat compulsif d’une 19e paire de chaussures plus jolie, d’une 27e chemise plus à la mode, d’un SUV plus performant, ou du dernier smartphone plus design. Cette surenchère du « plus » nous apporte toujours plus de récompenses de la part de M. Striatum, sauf que… notre futur durable, viable, vivable est basé sur une doctrine pragmatique selon laquelle nous devrons « faire mieux avec moins ». Et là, « notre cerveau devient notre pire ennemi » selon le scientifique, car il se lasse et ne peut se satisfaire de moins.
La bonne nouvelle est que l’augmentation du savoir déclenche également une dose de dopamine. Se dire que l’étude des solutions dessinées dans les des 17 objectifs de développement durable (5) et la RSE peut stimuler positivement votre striatum va donc vous rendre heureux....
Enfin, dites-vous que lorsque vous proposez un axe de changement, un nouveau paradigme, et que la réponse de votre interlocuteur, dans le déni de la situation, est : « C’est ridicule… !! », vous êtes sur la voie du monde d’après.
Sébastien BOLLE
@sbolle101
https://www.lejdd.fr/Societe/danone-camif-armor-biocoop-les-patrons-de-76-entreprises-appellent-a-semparer-de-lurgence-climatique-3977632 https://www.lemonde.fr/planete/article/2017/11/13/quinze-mille-scientifiques-alertent-sur-l-etat-de-la-planete_5214199_3244.html http://www.hpgodeau.fr/ https://www.youtube.com/watch?v=Uh6I4ygf9Yk&t=1792s https://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/