Antiracisme de la Silicon Valley, ou le marketing de l’engagement pas cher

16/07/2020


Les manifestations et débats houleux aux Etats-Unis sur le racisme ont poussé les grandes entreprises technologiques à annoncer à grands coups de campagne de communication leurs engagements. Mais à l’image de MeToo ou des grands mouvements très médiatiques, on observe surtout une stratégie marketing qui colle à l’actualité.



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Les militants parlent, les entreprises annoncent. Comme un effet de balancier, la répartition des rôles et des prises de parole tourne à la farce aux États-Unis. Avec pour enjeu la consommation de masse, les grandes entreprises du secteur de la technologie adapte sans cesse en éléments de communication les grands sujets sociétaux. Une adaptation constante qui interroge grandement et finit même par semer le doute sur la sincérité globale de ces entreprises. 
 
« Jack Dorsey, patron de Twitter et de Square, a déclaré faire du 19 juin, date symbolique de l'émancipation de l'esclavage nommée Juneteethun nouveau jour férié pour ses employé·es américain·es. Tim Cook, PDG d'Apple, a lancé l'Apple Racial Equity and Justice Initiative le 11 juin, promettant une enveloppe de 100 millions de dollars [88 millions d'euros] pour «défier les barrières systémiques [...] qui existent pour les personnes de couleur». Sur son compte Facebook, Mark Zuckerberg a promis de donner «10 millions de dollars [environ 9 millions d'euros] additionnels aux groupes qui travaillent contre les injustices raciales», rappelant que son bras philanthropique, la Chan Zuckerberg Initiative, donnait 40 millions de dollars [35 millions d'euros] annuellement depuis «plusieurs années» » compile un article publié par Kori .
 
Le site spécialisé sur la tech et lié à Slate s’interroge justement sur la sincérité de ces démarches. D’autant que la question du racisme à l’embauche ou des discriminations en générale ne peuvent pas être de sujets dictés par l’actualité. Les injustices en général, et celles liées au monde du travail en particulier, sont des thèmes inévitables pour n’importe quelle entreprise qui met en place une marque employeur et une politique de recrutement. 
 
On l’a vu avec Nike, le marketing engagé est porteur. Il permet aux entreprises mondiales d’imprimer une image alternative, alors même que ces groupes mondiaux auraient plus d’impact sur des sujets en les traitant en interne au quotidien plutôt qu’en se sentant investi d’une mission de communication. Que les groupes de la tech se penchent sur leur impact environnemental et social, sur leur rapport aux pans traditionnels de l’économie, à l’emploi ou à la fiscalité, et les interrogations sur leur sincérité ne seront plus systématiques.