À Grenoble les Verts jouent leur crédibilité

Jean Camier
07/04/2014


La préfecture de l’Isère est la seule ville française de plus de 150 000 habitants qui a vu un candidat EELV l’emporter. Le départ du gouvernement des écologistes et leur rôle de second plan lors des municipales font de Grenoble la ville test de la crédibilité politique du parti, en dehors des seules problématiques écologiques.



C’est la première fois qu’un Vert va diriger une mairie de cette taille. L’événement est important pour le parti Europe Ecologie Les Verts. Le groupe politique qui a jusqu’ici misé sur les instances européennes et une représentation grâce à des alliances peut démontrer ses capacités de gouvernance à tous les niveaux.
 
Les municipales ont été riches d’enseignements pour le parti écologiste. Après l’élection présidentielle de 2012 et les 2,31% d’Eva Joly, les stratèges du parti comprennent qu’une alliance avec le Parti socialiste est nécessaire pour devenir une force politique qui compte. Aux législatives, les socialistes soutiennent des candidats Verts qui réussissent à constituer un groupe de 18 députés au Parlement. L’entrée de Cécile Duflot et Pascal Canfin au gouvernement était la suite logique de cette stratégie de pénétration par le haut dans les sphères décisionnelles.

Se différencier de la majorité

La suite, on l’a vu, c’est la défaite de la gauche aux élections municipales. La réaction du parti ne se fait pas attendre : il n’y aura plus de Verts au gouvernement. Le risque est de dégringoler avec le Parti socialiste.
 
C’est cette nouvelle situation qui fait de Grenoble, un laboratoire et un symbole pour le parti. La taille de la ville, ses enjeux sociaux et environnementaux sont des défis que l’écologiste Eric Piolle va devoir relever. Au niveau local c’est la plus belle prise du parti depuis Dominique Voynet à Montreuil (103 000 habitants) « Nous avons réussi à renverser l'ordre préétabli qui nous promettait un maire choisi. Nous sommes des pionniers, nous avons inventé quelque chose de nouveau et les Grenoblois nous ont entendus » disait le nouveau maire le soir de son élection.
 
Eric Piolle gagne la ville qui était dirigée par des socialistes depuis presque 20 ans. En  apparaissant comme une alternative à l’ancienne administration, il a réussi à mettre en avant des différences concrètes entre le PS et EELV et pas qu’au niveau de l’environnement.